J’ai grandi à Rennes dans un milieu familial cathos de gauche très militant. Mon père était un intellectuel engagé et ma mère une militante de terrain très active. À 11 ans, j’étais déjà passionné de musique et j’ai décidé de vider mon épargne pour m’acheter une guitare. Quelques années plus tard, j’ai commencé à enseigner la guitare classique avant d’évoluer vers un style plus folk et électrique.
Une jeunesse de musicien, producteur et programmateur de festival
Dans les années 80-90, j’ai eu une vie passionnante de musicien-producteur rock. J’alternais les petits boulots, comme technicien, road, ingé son ou régisseur, et les expériences musicales, notamment avec mon groupe «Billy Ze Kick et les Gamins en folie».
J’ai toujours enregistré les morceaux des groupes auxquels je participais, chez moi avec mon propre matériel. Cela m’a permis de travailler un son très singulier pour « Billy Ze Kick et les Gamins en folie » que nous avons élaboré avec Nathalie la chanteuse, et de sortir le premier album en 1993 avec les versions maisons de Mangez Moi ou d’OCB. J’avais créé un label associatif «Les Productions du Fer» qui m’a donné beaucoup d’autonomie pour sortir tout ce que je voulais et comme je le voulais. Fin 1993, nous avons participé aux Transmusicales et signé avec Polygram pour une nouvelle sortie en licence de l’album l’année suivante.
Les ventes de l’album sont passées de 8 000 en indé en 8 mois à 300000 exemplaires en 5 mois, notamment grâce à notre tube de l’été 94 « Mangez-moi ! Mangez-moi ! ». Les ventes ont dépassé les 400 000 exemplaires depuis, et 26 après, « Mangez-moi » est toujours diffusé et l’album est toujours vendu.
Ce succès m’a permis de produire beaucoup d’autres groupes dans les années 90 (Sloy, Skippies, Les Nains de Jardin, Demain les Poulpes, etc.) avec Les Productions du Fer puis avec mon second label Pudding dans les années 2000 (Les Oisives, Fannytastic, Scenic Railway, Carbel, etc.).
J’ai également été aux manettes du festival de musiques celtiques Bol d’Eire à Noyal-Châtillon-sur-Seiche pendant 9 ans, en tant que programmateur et régisseur.
Un militantisme associatif et politique autour de la musique et de la fête
À la fin des années 90, j’ai eu envie de m’engager pour la scène locale rennaise. À l’époque, c’était très compliqué de répéter à Rennes, aucune formation n’existait, et l’accès à l’information était quasi inexistant. C’était la débrouille, l’improvisation, le bricolage permanent. Les musicien·nes rêvaient de signer avec une major et nous étions peu nombreux à nous autoproduire et à nous organiser efficacement pour jouer et tourner. J’étais déterminé à changer les choses et à redonner de la dignité à celles et ceux qui avaient un réel talent et la volonté d’aller au bout de leur projet de vie.
Les musicien·ne·s avaient notamment besoin à l’époque d’un lieu collectif pour pouvoir se former et répéter. J’ai participé à la création et présidé l’association «Le Collectif» qui a porté le projet. L’adjoint à la Culture de l’époque, Martial Gabillard, a mis à notre disposition un lieu que l’on a baptisé «Le Jardin moderne». Je l’ai dirigé les deux premières années avant de laisser la direction à Nicolas Fily puis d’autres.
En 2004, la Ville de Rennes a connu une rentrée étudiante totalement chaotique. Des soirées festives étaient improvisées les jeudis jusqu’à 3 h du mat dans les rues du centre. La préfète de l’époque envoyait systématiquement les CRS vider les rues en pleine nuit. Cette question de la place de la fête me passionnait. C’était évidemment une nécessité pour les jeunes, pour leur équilibre, leurs relations sociales comme pour leur développement humain. En face, les pouvoirs publics géraient ce phénomène comme des comportements stupides et dégradants qui détournaient les jeunes de leur devoir d’études.
Avec quelques ami·e·s, nous avons organisé des États généraux de la fête à la salle de la Cité. Le but de cette concertation était de réfléchir ensemble à l’utilité sociale des pratiques festiveset à ce que devrait être une bonne gestion publique de la fête. Nous avons ensuite créé l’association Adrénaline pour continuer ce travail jusqu’en 2014. Nous avons également travaillé avec la Région Bretagne à l’organisation de temps de réflexion collective et d’intervention auprès des lycéenspour les aider à réussir leurs fêtes et réduire les risques.
Un engagement politique au service du milieu culturel rennais
À la suite de ces expériences militantes, j’ai eu envie de m’impliquer en politique. J’ai alors adhéré au parti Les Verts et rejoint la commission culture du parti. En 2008, je me suis porté candidat sur la liste écologiste pour les municipales de Rennes, avec Matthieu Theurier, Gaëlle Rougier, Jean-Marie Goater et d’autres aujourd’hui élu·e·s.
Après notre échec en 2008, nous avons constitué un groupe de militant·e·s soudés et particulièrement motivés qui nous a conduits au score historique pour nous aux municipales de 2014. À la suite de cette élection, on m’a confié la charge d’adjoint à la culture de la Ville de Rennes.
Il y avait à ce moment un terreau favorable au renouvellement du milieu culturel rennais. Les institutions devaient évoluer pour être plus en phase avec la société en mutation.
Un premier mandat sous le signe de la co-construction
Lors de ce premier mandat, j’ai essayé d’exercer le pouvoir, non pas comme un sachant, mais comme un citoyen-élu qui partage la connaissance et l’élaboration de sa politique publique. Je considère que mon rôle est avant tout de faciliter les initiatives des acteurs et actrices, d’impulser un mouvement et de garantir une distribution juste et équitable des moyens publics, au service de toutes les cultures et des pratiques culturelles de toutes les personnes.
C’est dans cet esprit que j’ai commencé par organiser des États généraux de la Culture. Un an de débats qui nous a permis de faire émerger 104 engagements qui ont constitué ma feuille de route. Avec ces États généraux, nous avons aussi élaboré une méthodologie de co-construction qui a perduré depuis.
Mon second mandat s’inscrit bien entendu dans la continuité du premier. Tous les objectifs sont là et les changements à mener ne manquent pas pour les atteindre pleinement. J’ai l’impression que ces objectifs sont aujourd’hui compris et partagés par les acteurs et actrices culturel·le·s du territoire. L’action que nous menons aujourd’hui avec la Direction de la culture de la Ville libère des paroles qui n’étaient pas entendues avant. Cette parole libérée va accélérer le mouvement, et c’est tant mieux.
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