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Comptoir du Doc : la réponse de Benoît Careil

Non le soutien à comptoir du doc n’est pas remis en cause, mais il fallait prendre une décision pour l’avenir de la Parcheminerie

 

La réponse de Benoît Careil à la pétition de soutien à Comptoir du Doc et essai d’explication de la décision de la Ville

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Adjoint à la Culture

Septembre 2014 – Août 2015

ÉLABORATION DU PROJET DE LIEU PARTAGÉ A LA PARCHEMINERIE

Le Théâtre de la Parcheminerie est la propriété de la SCOP du même nom. Il était loué par le TNB depuis plusieurs années pour sa programmation, des actions culturelles et surtout les activités de son école d’art dramatique. Le TNB a cessé assez soudainement de louer le théâtre de la Parcheminerie le 1er septembre 2014.

Dès l’automne 2014, la Ville s’est immédiatement rapprochée de la SCOP pour que le lieu conserve sa vocation culturelle. Il a été convenu de travailler aux moyens d’ouvrir le lieu toute l’année aux Rennais, d’en faire un lieu convivial de création et de diffusion artistique, ce que permet sa configuration, à la fois salle de spectacle, avec un plateau adapté à toutes les petites formes de spectacle vivant, d’une arrière scène, de loges, d’un grille technique, mais aussi d’un espace de convivialité et de rencontre, et d’un hall au rez-de-chaussée intéressant pour l’accueil du public et son information.

La problématique de la disponibilité des lieux de diffusion et de pratique artistique à Rennes est ancienne. Comparativement à d’autres villes, elle est surtout dû au nombre impressionnant, à la créativité et à la diversité des acteurs culturels rennais et de leurs projets, ainsi qu’au nombre de jeunes artistes et acteurs culturels sortant chaque année de formations ou d’une période d’auto-formation, impatients de se lancer dans la réalisation de leurs projets.

La disponibilité d’un théâtre en centre-ville représentait une opportunité exceptionnelle pour la vie culturelle rennaise dont la Ville s’est immédiatement saisie.

Le principe d’une mutualisation de l’équipement entre plusieurs équipes a tout de suite été évoqué, conformément au projet politique de la nouvelle équipe municipale : faire ensemble, mutualiser les outils et les savoir-faire, croiser les regards, décloisonner les publics et les pratiques professionnelles…

C’est dans ce contexte qu’avec la Direction Générale de la Culture, nous avons réuni autour de la table deux associations culturelles, partenaires importants et de longue date de la Ville dans les champs jeune public et films documentaires, Lillico et Comptoir du doc.

L’objectif de la Ville était triple : donner aux deux associations la possibilité de mener tout ou partie de leurs activités dans un lieu dédié, doter la ville à la fois d’un lieu identifié « Jeune public » et d’un lieu identifié « Films documentaires », enfin encourager l’interculturalité, l’hybridation des pratiques artistiques et professionnelles et le croisement des publics

De plus, la Ville espérait que d’autres acteurs culturels puissent occasionnellement venir occuper le plateau dans le cadre de festivals ou de propositions ponctuelles, comme cela pouvaient se produire auparavant.

De mars à juin 2015, il est proposé aux deux équipes d’échanger sur la compatibilité de leurs projets et besoins respectifs, de réfléchir à de possibles propositions communes croisant leurs disciplines, leurs pratiques professionnelles ou leurs publics, de travailler aux modalités possibles de partage des espaces et de construire un projet partagé pour le lieu.

Un document d’orientation est écrit, une convention avec la Ville rédigée, une première période d’expérimentation est décidée afin de tester la faisabilité du projet de lieu partagé entre les deux associations.

Le conseil municipal du 29 juin 2015 vote l’accompagnement des deux associations Comptoir du doc et Lillico pour l’expérimentation d’un projet de lieu partagé à la Parcheminerie de fin août 2015 au 31 décembre 2015, et attribue une subvention pour payer les 4 mois de loyer à la Scop Théâtre de la Parcheminerie.

 

Septembre 2015 – Mars 2016

UNE PÉRIODE D’EXPÉRIMENTATION COMPLIQUÉE

L’installation dans les lieux et l’importante programmation déjà prévue pour chacune des associations sur le dernier trimestre 2015 ne leur laissent pas le temps de travailler ensemble au projet commun avant la fin de la convention, celle-ci a donc été prorogée de 6 mois, jusqu’au 30 juin 2016 au conseil municipal du 18/01/2016, avec pour objectif qu’un projet commun soit présenté à la Ville par les deux associations avant la fin janvier pour envisager la suite.

La direction de la culture a accompagné les associations dans la construction de leur projet depuis mars 2015, date à laquelle la proposition d’investir le lieu leur a été faite. Néanmoins, ni en janvier ni en mars 2016, Comptoir du Doc et Lillico n’ont été en mesure de présenter un projet co-écrit.

Le constat partagé par la ville et les deux associations sur cette période d’expérimentation est que les deux équipes apparaissent épuisées par ces 7 mois de cohabitation et de rapprochement obligé, que l’impossibilité constatée de faire émerger un projet commun pour la Parcheminerie en vient à fragiliser leur fonctionnement respectif.

Cela peut s’expliquer par plusieurs raisons, qui ne tiennent pas à un rapport conflictuel des associations entre elles mais bien à des incompatibilités objectives de fonctionnement :

  • Calendrier très différent entre une programmation à la saison pour Lillico et une nécessaire réactivité pour le documentaire pour Comptoir du Doc qui rend très difficile la programmation commune
  • Fonctionnement associatif très participatif pour Comptoir du Doc qui implique des délais et des modalités de décision très différents de la structuration en équipe salarié autour d’un projet artistique professionnel pour Lillico
  • Publics trop différents, entre, côté Comptoir du Doc, un réseau local très impliqué dans les activités de l’association, composé de passionnés de documentaires et de débats de société, et côté Lillico un public familial, avec bien sûr beaucoup d’enfants, et un réseau d’artistes et de professionnels du spectacle vivant
  • Grande difficulté à mener de front la mise en place d’un projet commun et à accueillir des propositions portées par d’autres acteurs culturels rennais

 

Les deux associations ont informé la Direction générale de la culture de ces difficultés structurelles à la mise en place d’un projet commun pour la Parcheminerie, constat qu’elles s’apprêtaient à transmettre à la Ville par écrit suite à un temps de travail qu’elles ont eu en commun en février dernier.

Comptoir du Doc et Lillico partageaient ce constat de l’impossibilité de poursuivre le projet de lieu partagé les impliquant toutes deux.

 

Afin de pouvoir préparer au mieux la saison prochaine, il était nécessaire de travailler à une solution alternative rapidement, et ne pas attendre la fin de la période d’expérimentation, le 30 juin, pour définir un nouveau projet pour la Parcheminerie et poursuivre dans les meilleures conditions l’accompagnement de la Ville aux deux projets associatifs.

 

La Ville de Rennes a travaillé alors sur une proposition qui pourrait être faite séparément à Lillico et à Comptoir du Doc, celle-ci a été évoquée avec chacune des deux associations les 9 et 11 mars 2016.

 

Septembre 2016…

UN PROJET DE « LIEU JEUNE PUBLIC » POUR LA PARCHEMINERIE

Le choix pour la Parcheminerie d’un « lieu jeune public » a été préféré à celui d’un lieu dédié au documentaire pour deux principales raisons :

  • Lors des États Généraux de la Culture, le manque de propositions et de lieux pour le jeune public à Rennes est ressorti fortement. Il était argumenté que la démographie rennaise créait une forte demande et que de nombreux artistes et associations développaient depuis plusieurs années un vrai savoir-faire et des projets artistiques remarquées nationalement
  • Aucune autre opportunité ne se présentera à court ou à moyen terme à Rennes pour un lieu de diffusion jeune public. En effet il n’y a pas, à ce jour, à Rennes de salle ou de projet de salle adaptée à un accueil permanent et professionnel de spectacles vivants pour jeune public, comme l’est le Théâtre de la Parcheminerie. A contrario, à condition d’une volonté politique déterminée, le projet de créer un lieu de diffusion audiovisuelle non commercial à Rennes est réaliste à court ou moyen terme.

C’est pour ces raisons qu’il a été proposé à Lillico d’être pilote d’un projet de « lieu jeune public » au Théâtre de la Parcheminerie, dont la gouvernance et la mise en œuvre concrète restent à construire avec les autres acteurs rennais concernés en cinéma, musique, danse, arts visuels, théâtre.

Il est à noter que des convergences entre les collectivités publiques pour accompagner un lieu jeune public à Rennes se dégagent et qu’il, y avait donc là une opportunité à saisir, en identifiant le Théâtre de la Parcheminerie comme lieu autour du jeune public.

 

Septembre 2016…

FAIRE UNE PRIORITÉ DE LA RECHERCHE D’UN LIEU DÉDIÉ À LA DIFFUSION AUDIOVISUELLE

Concernant le secteur de l’audiovisuel, la Ville partage aujourd’hui le besoin exprimé par les acteurs rennais d’un lieu du type « Sauve qui peut le court » à Clermont ou « L’Hybride » à Lille. À côté des 5 écrans dédiés au cinéma art et essai du futur cinéma Arvor en 2019, des 2 écrans du Ciné-TNB qui devront être requestionnés dans leur fonctionnement avec l’arrivée de la nouvelle direction du TNB, un lieu de diffusion audiovisuelle non commerciale associant les Rennais volontaires dans la programmation, proposant des débats et dans un souci de convivialité doit voir le jour à Rennes.

Plusieurs opportunités immobilières pourront se présenter dans les années à venir pour constituer ce lieu, des lieux existants peuvent également faire l’objet de réflexion pour envisager la compatibilité de l’activité existante avec l’accueil d’un tel projet.

En attendant, la Ville recherche des solutions pour maintenir la capacité de diffusion et sa présence sur le territoire de Comptoir du Doc : plusieurs lieux sont disposés à accueillir les projections et projets de l’association en plus des salles déjà utilisées : l’auditorium du Musée des Beaux-Arts, Le Tambour à l’Université Rennes 2, ou l’auditorium du FRAC. Le Théâtre de la Parcheminerie devra continuer à accueillir les éventuelles propositions de Comptoir du Doc dans le cadre de sa programmation jeune public et ce dès 2016, et bien sûr le festival Hors Format prévu en septembre 2016.

La maison actuellement occupée par Lillico dans l’ex-école Papu sera libérée et pourrait être attribuée à Comptoir du doc, si l’association le souhaite : elle dispose de bureaux et de deux salles de réunions dont la grande devrait permettre les pré-visionnages de documentaires par les adhérents. Il est proposé de travailler avec Comptoir du Doc afin que les charges supplémentaires par rapport aux locaux dont dispose l’association rue Jean Guy soient compensés, soit en partageant les locaux avec d’autres soit par une compensation via subvention de la Ville de Rennes.

Nous avons bien conscience que cette maison ne répond pas à l’attente de l’association en terme de nouveau lieu, que c’est bien un lieu de diffusion ouvert au public qui permettrait au projet associatif, tel qu’il est porté par les adhérents, de véritablement se développer aujourd’hui. Il s’agit là d’une proposition à court terme que fait la Ville à l’association pour améliorer ses conditions de travail par rapport aux locaux rue Jean Guy, tout en ayant conscience qu’elles sont moins bonnes que celles actuelle à la Parcheminerie.

 

Je comprends la grande déception des adhérents de Comptoir du Doc, je sais leur attachement à la Parcheminerie qui offre depuis des années au festival Hors Format des conditions très favorables à son déroulement et a permis à l’association durant ces 7 mois d’expérimentation d’un lieu partagé, d’accueillir le public dans des conditions enfin confortables.

Je suis sensible à l’important mouvement de soutien à l’association, il est le signe évident de la valeur et de l’importance pour de nombreux Rennais et Rennaises des activités de Comptoir du Doc.

Je suis convaincu de la nécessité de créer à Rennes un lieu non commercial dédié aux projections audiovisuelles, aux débats sur l’art cinématographique, aux réflexions sur les nouvelles images, et sur les enjeux de société qu’elles peuvent évoquer.

Je regrette profondément l’échec du lieu partagé qui devait permettre la coexistence à la Parcheminerie d’un lieu pour le documentaire et d’un lieu pour le jeune public, tous deux très attendus à Rennes.

Mais je prends acte de cet échec et j’assume le choix d’un « lieu jeune public » à la Parcheminerie. Ce nouveau projet répond à des attentes fortes de la population, et s’inscrit parfaitement dans les engagements pris par la Ville suite aux États généraux de la culture.

Au nom de la Ville de Rennes, je tiens à réaffirmer ma détermination à consolider le partenariat avec Comptoir du Doc et à accompagner l’association dans le développement de ses activités. Je souhaite, avec la Direction de la culture, renouer dans les prochains jours le dialogue avec l’association.

 

Rennes, le 22 mars 2016

Benoît Careil, adjoint à la Maire de Rennes, délégué à la culture