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Conseil municipal Matthieu Theurier

[Budget] Pour une ville démocratique, écologique et solidaire

[Conseil municipal du 18 janvier 2016]

Au programme du dernier conseil municipal : le débat d’orientations budgétaires. Le moment de pointer les nombreuses avancées et surtout de tracer les perspectives pour que 2016 s’engage encore plus dans la transition écologique.

Conseiller municipal

Co-président du groupe écologiste

Intervention de Matthieu Theurier au nom du groupe écologiste 

citationLes débuts d’année sont propices au bilan et aux vœux. En ce mois de janvier 2016, je veux profiter du débat d’orientation budgétaire pour revenir sur l’année passée et nous projeter vers celle à venir.

La ville que nous voulons, elle est démocratique, écologique et solidaire. Lors du débat budgétaire 2015, le groupe écologiste avait affirmé sa volonté de voir l’action de la majorité municipale prendre véritablement le virage de la transition écologique. Un an après, à la lecture des rapports, nous pouvons mesurer le chemin parcouru.

Fabrique citoyenne

2015 a été l’année de la fabrique citoyenne et de l’élaboration de notre premier budget participatif. Cette première étape de la refonte de notre démocratie locale est un succès. Les Rennaises et les Rennais ont proposé près de 1 000 projets pour changer leur ville. Avec cette forte mobilisation, ils nous ont redit que le temps où les élus avaient le monopole de la vie politique est bien révolu. 2016 sera l’année de la fabrique urbaine qui, dès le lendemain de l’adoption du premier budget participatif, proposera aux Rennaises et aux Rennais d’imaginer leur ville en 2030. La refondation de la démocratie locale, la construction de notre action avec les habitant-e-s devient ainsi petit à petit un mouvement continu.

États généraux de la Culture

2015 a aussi été le temps des États Généraux de la Culture. Là aussi, nous ne pouvons que saluer une forte mobilisation. 2 000 personnes – citoyens, représentants associatifs, acteurs économiques mais aussi du secteur social – ont participé au débat qui a abouti à l’adoption de plus de 100 nouveaux engagements qui affirmeront la diversité culturelle comme une richesse de notre ville. En 2016, le plus dur reste à faire : mener à bien ces engagements. Soyons francs, de nouveaux projets demandent inévitablement des moyens. Nous sommes, et c’est une excellente chose, parmi les villes de France qui ont fait le choix de ne pas réduire son budget culturel malgré les restrictions financières que nous subissons. Il faut désormais le distribuer plus équitablement pour que vive la diversité.

Environnement

2015, c’est l’année de la création du Conseil local de la biodiversité qui a vocation à nous accompagner pour une plus grande place de la nature en ville. Mais 2015, c’est aussi la mise en place d’une tarification écologique et sociale pour l’eau, avec la gratuité des premiers mètres cube, c’est plus de produits bio dans les cantines, c’est le projet « capteurs citoyens » qui permettra aux habitant-e-s de prendre la main sur les mesures de qualité de l’air notamment, dans une perspective d’amélioration de leur qualité de vie sanitaire et sociale.

Mobilité

2015, c’est la baisse de la vitesse sur la rocade, c’est la gratuité des transports publics lors des pics de pollution, c’est la création du Conseil des mobilités et l’adoption de l’ambitieux plan vélo qui renforcera la sécurité des cyclistes toujours plus nombreux. 2016 sera l’année de la création de la maison du vélo, de l’adoption d’un plan en faveur des piétons, et nous l’espérons, de l’adoption d’une nouvelle tarification, plus solidaire, pour le bus et le métro.

Énergie

2015 a été l’année de la COP 21, 2016 doit être l’année d’une nouvelle ambition pour notre politique énergétique. Depuis le 1er janvier 2016, l’école Nelson Mandela, la MCE et le Cadran sont désormais alimentés par de l’électricité 100 % renouvelable fournie par la coopérative Enercoop.

C’est un premier pas important, mais là aussi soyons francs, dans ce domaine, nous avons pris du retard et nos actions sont sur ce point trop diffuses pour engager véritablement les transformations nécessaires.

Il nous faut démultiplier nos efforts pour la transition énergétique.

Réhabilitation énergétique d’abord et il nous faudra prendre toute notre part dans l’objectif de rénovation de 15 000 logements d’ici 2020 à l’échelle de la métropole, il nous faudra aussi être exemplaires dans l’application du Programme Local de l’Habitat qui prévoit désormais le déploiement de logements à énergie positive, c’est-à-dire qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment.

Déploiement des énergies renouvelables ensuite, faisons de Rennes la ville de l’énergie solaire, les potentiels sont énormes, amplifiés par des innovations technologiques toujours plus rapides. Un exemple concret : une entreprise de travaux publics commercialise désormais un revêtement solaire pour les routes. Ce revêtement est testé au Pays bas et en Île-de-France sur des pistes cyclables. L’électricité produite permet de recharger les vélos à assistance électrique. À notre tour de tester ce type d’innovations à Rennes.

L’urgence écologique mais aussi sociale est chaque jour plus forte et nous contraint à agir vite. C’est pourquoi nous militons pour que de nouveaux outils locaux d’investissements dans les énergies renouvelables voient le jour. Un projet est en cours avec le Syndicat Départemental de l’Énergie, nous le suivons attentivement.

À l’échelle de la métropole nous souhaitons que la fabrique citoyenne essaime et que s’ouvre un budget participatif pour le déploiement des énergies renouvelables.

Solidarité et lien social

En matière de solidarité, 2015 a vu le lancement des grands chantiers de réhabilitation urbaine à Maurepas et au Blosne. Les moyens du Centre Communal d’Action Sociale ont aussi été renforcés.

Nous n’avons eu de cesse, au cours de l’année écoulée de réaffirmer notre attachement à ce que les moyens que nous consacrons aux associations soient confortés. L’action des 5 000 associations rennaises pour l’emploi, pour le maintien du lien social et la vie des quartiers mérite que nous y attribuions des moyens à la hauteur. Nous sommes heureux que cette revendication ait été entendue puisqu’en 2016 le budget global consacré au secteur associatif est confirmé.

2015 a vu la crise des migrants s’amplifier. Dans le prolongement des élans de solidarité exprimés par les Rennaises et les Rennais, 2016 doit être l’année de nouvelles réponses. Il est évident que la France n’a pas répondu à la hauteur des enjeux. Elle a pris une part bien trop modeste dans l’effort européen pour l’accueil des migrants. Cette modestie en est même indécente quand nos voisins allemands ont assumé pleinement leur responsabilité avec les difficultés que posent aussi parfois une arrivée importante et rapide de nouvelles populations. À l’échelle de Rennes Métropole, les communes, quelle que soit leur couleur politique, se sont engagées à accueillir 120 réfugiés. Aujourd’hui, seules 7 personnes sont arrivées sur le territoire rennais. Il est temps que nous assumions pleinement nos responsabilités, il est temps de rappeler qu’il n’y a pas de différences entre un Somalien qui fuit la guerre et un Syrien qui fuit la guerre,il est temps que l’engagement que nous avons pris devant les Rennais de constituer une maison des solidarités se mette en œuvre dans le courant de l’année 2016 dans le cadre d’un dialogue avec les associations.

En 2016, comme en 2015, le gouvernement s’entête dans son choix de baisser les dotations de l’État aux collectivités. Quelle erreur lorsque l’on sait que les collectivités représentent 70 % de l’investissement public. Quelle erreur lorsque l’on sait que pour investir 15 millions d’euros l’État doit en emprunter 100, alors qu’une collectivité n’en emprunte que 7, provoquant ainsi un effet de levier sur l’économie locale inégalé. Les choix du gouvernement font perdre à la ville de Rennes près de 7 millions d’euros de dotation chaque année. Une perte qui nous contraint à la prudence budgétaire.

Des moyens pour poursuivre la transition énergétique

Pour nous écologistes, s’il y a des économies à faire, c’est bien sur nos charges courantes qu’elles doivent être réalisées, et particulièrement sur nos charges d’énergie. Elles ont diminué en 2015 mais uniquement du fait de la baisse du prix de l’énergie, baisse très artificielle puisque liée essentiellement au choix des pays de la péninsule arabique de faire baisser le prix du pétrole afin d’affaiblir leurs concurrents. Cette baisse sera certainement confirmée en 2016, mais nous alertons sur le fait que sans une action forte de réduction de nos consommations, elle ne sera que de courte durée.

Dégager des économies est possible sans mettre à mal notre action.

Faire naître de nouvelles recettes est aussi une voie qui doit être envisagée. Je veux rappeler, pour ne prendre que cet exemple, que la fraude au stationnement payant à Rennes est de 70 %. Nous perdons ainsi chaque année 6,5 millions d’euros soit l’équivalent de la baisse des dotations de l’État. Nous avons là une ressource importante et pourtant négligée.

Dégager ces moyens est essentiel pour maintenir le champ d’intervention de nos services publics comme nous nous y sommes engagés. Les écologistes seront toujours attentifs à ce que nos moyens humains soient préservés pour la bonne qualité du service public et des conditions de travail de nos agents.

Au regard du bilan des actions réalisées et engagées on ne peut que constater les changements profonds que notre ville a commencé à engager en matière de démocratie et de solidarité.

Ces changements, il nous faut les prolonger.

Avec la révision PLU, le déploiement du schéma vélo, un engagement démultiplié en faveur de la transition énergétique et de l’économie circulaire, nous avons l’opportunité de faire de 2016 l’année de la transition écologique de notre Ville.

Loin de nos dirigeants nationaux qui ont fait de l’autoritarisme leur manière de gouverner ; loin aussi des grandes incantations sur le retour de la croissance et des 30 glorieuses dans lesquelles certains s’entêtent toujours, nous construisons ici pas à pas un nouveau modèle démocratique, écologique, solidaire pour une ville douce et apaisée.