Intervention de Gaëlle ROUGIER au nom du groupe écologiste et citoyen
Cette rentrée scolaire post-déconfinement s’est faite dans des conditions totalement inédites. Cette période a été un vrai casse-tête, autant pour nos services que pour les personnels de l’Education nationale.
Nous avons d’ailleurs une pensée amicale pour les enseignant.e.s, instituteurs et institutrices rennais ainsi qu’au directeurs et directrices qui ont eu une charge de travail augmentée mais également une charge mentale conséquente.
Le contexte sanitaire et les consignes évoluant à peu près chaque jour, parler d’une même voix aura été une gageure et, il faut le dire, n’a pas été toujours une totale réussite laissant parfois les parents dans le doute ou l’incompréhension.
Il faut toutefois noter la mobilisation de nos services et de nos agents et la réactivité de la Ville pour organiser en si peu peu de temps, avec des consignes mouvantes, un accueil tout d’abord des enfants dits prioritaires puis des autres enfants, dans des locaux dont nous n’avons pas pu, en quelques jours, pousser les murs… et les interrogations légitimes des enseignants quant à leur vulnérabilité face au virus, vaut aussi pour tous les agents de la ville qui ont continué leur travail et qui sont présents et assurent le fonctionnement de nos écoles.
Nous les en remercions chaleureusement.
La gratuité de la cantine pour tous jusqu’à juin, puis de façon pérenne pour les 4 500 enfants les plus vulnérables est une très bonne nouvelle. Cependant, nous avons une interrogation, que nous avons déjà formulée publiquement, sur les limites de cette gratuité sociale associée à l’aide alimentaire pour les familles afin de garantir les besoins vitaux au quotidien de tous. Beaucoup de familles, même en grandes difficultés financières, sont réticentes à remettre leurs enfants à l’école. Pour celles-ci la gratuité n’apportera rien dans l’immédiat. Quant à l’aide alimentaire elle ne peut être qu’un pis-aller et si elle est précieuse, elle reste stigmatisante pour bon nombre de nos concitoyen.es.
L’ouverture d’un droit à l’alimentation sous forme de chèque alimentaire adressé directement aux familles nous aurait paru une mesure de justice sociale plus efficace.
Nantes et Brest près de chez nous l’ont mis en place. Il est encore temps de notre point de vue, de mettre en place une telle aide qui bénéficiera au plus grand nombre.
Nous aurions souhaité également la reprise des repas chauds le plus vite possible. Les repas froids proposés actuellement ne peuvent être qu’une solution temporaire. Pour des raisons de santé mais également d’accueil digne des enfants, nous souhaitons un retour à un repas chaud le plus rapidement possible.
Enfin, annoncer la reprise de l’école sans permettre aux associations d’éducation populaire de reprendre une activité adaptée, ne serait-ce que pour l’accueil et la garde des enfants est une erreur.
Les enfants accueillis dans nos écoles ne le sont que 2 à 3 demi-journées, le reste du temps les associations ne peuvent prendre le relais, l’État n’ayant pas autorisé la reprise de ces activités.
Non seulement cela fait peser sur les seules communes, le poids de l’organisation du déconfinement des enfants mais de plus, cela ne fait qu’aggraver l’isolement des jeunes et des enfants pour qui les activités de loisir de proximité sont primordiales.
Il sera temps de tirer les conclusions de cette crise, il y aura beaucoup de données sociales à analyser mais il est sûr que si l’école est pour beaucoup de familles et d’enfants le lieu de la socialisation première avec ses pairs, il reste que pour certain.es, la vie se fait surtout en dehors, voire en rejet de l’institution scolaire.
Centres de loisirs, centres socioculturels, associations de promotion de la mobilité internationale, animations culturelles, scientifiques ou sportives, ce sont des millions de jeunes qui sont privés d’activités souvent primordiales dans leur parcours de vie. Nous avons le devoir de réduire au maximum l’impact de la crise sur les parcours individuels des jeunes mais également en terme de cohésion sociale.
En tant qu’élu.es nous devons également être garants du droit aux loisirs et aux vacances pour tous et toutes.
La Ville de Rennes et les associations rennaises s’emploient à adapter leur offre estivale aux nouvelles réalités sanitaires et sociales. Nous saluons l’engagement des associations et des fédérations d’éducation populaire qui répondent présent en dépit de conditions de travail et d’organisation particulièrement difficiles.
Au-delà des vacances qui approchent, il faut que les enfants et les jeunes aient accès, dès maintenant, aux activités de loisirs et périscolaires, dans le respect des nouvelles consignes sanitaires.
Nous allons plus que jamais avoir besoin des associations afin d’amortir la crise sociale qui ne fait que débuter et assurer la cohésion sociale de nos territoires urbains, comme ruraux. Nous allons aussi avoir besoin d’elles également pour repenser demain des activités périscolaires de la rentrée prochaine.
Déjà en première ligne habituellement, le secteur associatif va être très sollicité dans les mois et les années qui viennent.
La crise aura aussi un impact énorme sur le secteur de l’éducation populaire qui compte plus de 6 millions de bénévoles et 680 000 salarié.e.s qui risquent leur emploi. Les pertes totales de ce secteur sont estimées pour l’instant à plus de 500 millions d’euros mais pourraient se multiplier selon les modalités futures de déconfinement.
Il nous faudra être aux côtés des associations dans ces moments difficiles. La ville de Rennes a maintenu toutes ses subventions aux associations et dans ce contexte, il semble que cette décision soit de bon aloi. Rennes Métropole a mis en place un plan d’aide aux acteurs économiques, dont les associations employeuses qui peuvent bénéficier des aides au maintien à l’emploi et à l’accompagnement de la gestion de cette crise.
Cependant, les difficultés que va connaître le secteur nécessitera sûrement un accompagnement plus durable car nous allons avoir besoin du secteur associatif pour amortir la crise sociale qui arrive.
Les collectivités, à travers le maintien des subventions, à travers le plan d’aides aux acteurs locaux culturels et associatifs, font leur part.
Nous attendons légitimement de l’État qu’il fasse de même.
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