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Inondations : renforcer la résilience de notre ville face au dérèglement climatique

Conseil municipal du 3 février 2025 – Intervention de politique générale portée par Lucile Koch au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s

Madame la Maire, mes chers collègues, 

Avec des niveaux de crue supérieurs aux seuils de 1966 et de 1974 en Ille-et-Vilaine et plus de 1000 évacuations, notre ville et notre métropole ont durement été touchées par les inondations cette dernière semaine. De nombreux habitants ont subi des pertes matérielles considérables et doivent faire face à l’angoisse et au choc de perdre temporairement leur lieu de vie ou de travail. Nous leur adressons ce soir tout notre soutien.

La Maire a activé notre nouveau Plan de Sauvegarde Communal (PSC) le samedi après-midi, ce qui a permis de mobiliser de nombreux services de la ville pour pallier à l’urgence et venir en aide aux habitants. Nous tenons à vivement remercier l’ensemble des agents qui se sont mobilisés pour faire face à cette catastrophe. Je ne serai sans doute pas exhaustive mais je pense à la police municipale pour l’information et l’aide aux habitants, au service relation aux citoyens pour l’orientation des habitants vers les dispositifs d’aide, à la direction des Sports et le service Propreté pour l’accueil des personnes en difficulté dans deux gymnases municipaux, à la direction des Moyens et Achats pour la confection de plus de 200 repas, aux équipes d’élagueurs de la DJB pour le dégagement des voies, à la direction des déchets pour les bennes ou encore aux équipes de la voirie pour la réorganisation du trafic, et à la direction de la Communication pour l’information aux habitants et à la presse.

De cette première activation de notre Plan Communal de Sauvegarde, nous devrons tirer quelques enseignements. Notre collectivité doit continuer à travailler sur la gestion de crises et d’événements exceptionnels pour être prête à faire face, avec la plus grande réactivité et efficacité possible, à ces événements dont l’ampleur et la fréquence vont augmenter. Sécheresses, crues centennales qui risquent de devenir décennales avec l’emballement climatique, nous devons poursuivre les efforts d’aménagement résilient de notre ville.

Mais nous pouvons aussi tirer un autre enseignement évident de cette crise : un territoire résilient c’est un territoire dont les services publics locaux répondent présents pour remplir leurs missions de service public, en proximité des habitants. Au regard des multiples défis à venir, climatiques, sociaux et démocratiques, saper le service public local et national, comme le fait le gouvernement d’Emmanuel Macron et certains de ses prédécesseurs, cette hargne irrationnelle contre les fonctionnaires, est tout simplement irresponsable.

Nous voulons également saluer l’action des associations de secours et de la sécurité civile, dont les bénévoles ont été sur le pont rapidement et de façon très efficace. Leur action est indispensable pour faire face aux catastrophes. 

Une forte mobilisation citoyenne s’est aussi déployée aux côtés de nos services publics. Plus de 1500 personnes se sont immédiatement inscrites sur le site municipal de la Fabrique citoyenne pour aider les sinistrés. Il s’agit d’un vrai marqueur de la solidarité qui existe sur notre territoire, contribuant à faire de Rennes une ville accueillante, résiliente et qui sait prendre soin des autres.

Il y a donc ceux qui se mobilisent et ceux qui commentent. Selon Nadia Dupont, géographe de l’université Rennes 2, “quand un événement extrême survient, la tendance est à chercher les responsables, alors qu’il faut le dire, nous avons perdu la culture du risque”.

Dans un esprit très politicien, des membres de notre opposition ont mis en cause notre majorité, en invoquant le manque d’entretien des cours d’eau et de curage de fossés, ce qui ne manque pas de piment ! Il n’est pas possible de raconter n’importe quoi aux habitants. Les inondations ont été provoquées par une pluviométrie exceptionnelle, trois fois plus que la normale pour un mois de janvier, sur des sols déjà gorgés d’eau. Et ce phénomène s’explique par l’accélération du dérèglement climatique. 

Quand on entend Monsieur Compagnon dire qu’il faudrait protéger les habitants, mais qu’il ne faudrait pas faire de l’écologie punitive en réduisant la place de la voiture en ville par exemple, ce n’est pas sérieux ! L’écologie punitive, c’est justement avoir sa maison inondée. La punition, elle provient surtout de l’inaction climatique et du déni collectif quant aux efforts à faire en matière de changements de nos façons de vivre et d’aménager les territoires.

Pour répondre à Madame Gandon, quand on appartient à une force politique au pouvoir depuis 7 ans qui n’a eu de cesse de reléguer la question climatique, qui a trahi la Convention citoyenne pour le Climat, qui a reporté à de nombreuses reprises la présentation du Plan national d’adaptation climatique et dont les ministres envisagent de démanteler les agences environnementales comme l’agence bio, l’ADEME ou encore l’OFB, qui est quand même la police de l’eau, il serait cohérent de tirer des leçons climatiques de cette catastrophe plutôt que de communiquer, à distance,  pour des raisons électorales.  

Le parc de Baud Chardonnet, les prairies Saint Martin et le jardin de la Confluence sont des nouvelles zones aménagées qui ont fonctionné comme zones d’expansion de crue. La restauration des prairies Saint-Martin a, par exemple, contribué à atténuer l’impact de la crue actuelle, alors que c’était en partie une zone urbanisée par le passé. Hier se tenait la journée mondiale de préservation des zones humides : nous devons absolument les sanctuariser, en les préservant des aménagements.

Nous voulons aussi tordre le cou aux rumeurs qui courent : non, il n’y a pas eu de lâchers de barrage pour préserver Rennes au détriment des autres communes de la Métropole. Rappelons que les écluses servent à faire passer les bateaux.

 Comme le dit Eric Daniel Lacombe, urbaniste, “on arrête pas une inondation, on s’y adapte”. On s’y adapte à court terme, pour protéger la population et limiter les dégâts matériels sur le moment de la crue. Mais on s’y adapte aussi à moyen et long terme à travers nos politiques d’aménagement et d’adaptation aux dérèglements climatiques. Après une phase intense d’artificialisation des sols sur notre territoire, notre action politique a cherché à inverser la tendance pour préserver notre ville-archipel ainsi que ses trames vertes et bleues. Alors que cet objectif est de plus en plus attaqué et remis en question, parvenir à une trajectoire de zéro artificialisation nette d’ici 2050 est plus qu’indispensable. 

Notre collectivité a poussé tous les curseurs: dans chaque opération d’urbanisme, nous introduisons la nature en cœur de ville pour favoriser l’infiltration de l’eau. Le retrait de la dalle du parking Vilaine et la végétalisation de l’ensemble des quais permettra de renforcer la résilience de notre centre ville. Nous devons poursuivre notre travail sur la forme des constructions, en nous inspirant des réalisations à Baud Chardonnet. Ainsi, l’adaptation de Rennes au changement climatique doit être une véritable boussole politique.

La mémoire du risque ne dure pas. Il est de notre responsabilité de faire en sorte qu’elle ne s’éteigne pas. Nous appelons à continuer à installer dès que possible des marqueurs de crue aux endroits les plus touchés. Nous devons refaire culture commune autour du risque partagé, rebâtir une culture de la prudence, avec les habitants autour de ces sujets. 

N’oublions jamais que nous vivons avec des cours d’eau, vivants, avec lesquels nous devons coexister. 

Seul le prononcé fait foi