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À la une Conseil municipal Logement – Urbanisme Valérie Faucheux

Quais de Vilaine : un projet pour en finir avec l’urbanisme-tout-voiture des années 70 

Présentation du projet Quais de Vilaine, place de la République et abords du Palais du Commerce par l’adjoint à l’urbanisme

Prise de parole des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur le projet

Conseil municipal du 19 février 2024 · Intervention portée par Laurent Hamon au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°9 : Aménagement et services urbains, environnement – Quais de Vilaine, place de la République et abords du Palais du Commerce – Aménagement des espaces publics – Orientations issues des études préliminaires

Merci Madame la Maire, mes cher.es collègues, 

Nous abordons une nouvelle étape d’un projet emblématique et structurant de notre ville. 

Emblématique, car ce projet de restructuration des quais de la Vilaine et de la place de la République renouvelle les méthodes de conception et de concertation des espaces publics avec la population. Nous avons confié la réflexion sur ces aménagements à un jury citoyen de 30 personnes habitants de nos divers quartiers rennais et de communes de la métropole. Nous profitons de cette intervention pour les remercier à nouveau pour la qualité et le sérieux de leurs travaux. Au terme des 6 journées de travail d’avril à décembre 2021, ils ont confié à notre municipalité un projet qui supprime la dalle du parking Vilaine et réaménage les quais et le secteur République. Il apparaît logique que, deux années plus tard, nous nous tournions à nouveau vers les Rennaises et Rennais pour une ultime concertation avant validation définitive du projet.

Le projet Quais de Vilaine répond avant tout à un impératif bien identifié par les citoyens du jury : adapter notre ville et en particulier notre centre-ville encore trop minéral aux conséquences du dérèglement climatique. Avec la découverte de la Vilaine et un potentiel de plus de deux cents arbres plantés du Quai Chateaubriand à la place de Bretagne, et aux pourtours du Palais du Commerce, nous allons retrouver de la fraîcheur à République. Une fraîcheur bienvenue pour contrer les vagues de chaleur, les canicules et le phénomène d’îlot de chaleur urbain, très prégnant en centre-ville, auxquels nous faisons déjà face et qui ne feront que s’amplifier dans les années à venir. Car, faut-il encore le rappeler, 2023 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée sur Terre, et janvier 2024 le mois de janvier le plus chaud de l’Histoire. Rennes s’est déjà réchauffée d’1,2°C en un demi-siècle. Le dérèglement climatique, ce n’est plus demain, c’est maintenant. Nous avons un besoin urgent, vital, immédiat de nous y adapter.

4500 m2 d’espace public végétalisé ou désimperméabilisé, c’est autant de surface qui permettra aux eaux pluviales de s’infiltrer correctement dans le sol, au lieu de stagner et ruisseler comme elles le font actuellement sur la grande dalle bitumée du parking. Deux cents arbres plantés, ce sont autant d’alliés pour recréer un corridor biologique, crucial pour la circulation d’espèces entre le nord et le sud de Rennes. 

En parallèle de l’adaptation, le projet contribue aussi à atténuer nos émissions de GES, en faisant la part belle aux mobilités durables. Il confortera la vélorue en rive Nord, créera une nouvelle promenade piétonne le long du Quai Duguay Trouin jusqu’à la Place de Bretagne, préfigurera l’arrivée du trambus en rive sud. La rue du Pré Botté sera également piétonnisée. Autant d’éléments qui en feront un cœur de ville apaisé, où il fera bon flâner, se promener, découvrir et enjamber la Vilaine via les pontons et la passerelle. Les travaux se feront dans une logique de sobriété, pour limiter au maximum l’usage de nouveaux matériaux, et à l’inverse miser autant que possible sur le réemploi ou les matériaux biosourcés. 

Pour celles et ceux qui associent encore dynamisme commercial et facilité de stationnement, nous tordons encore une fois le cou à cette idée reçue : la suppression du parking Vilaine ne se fera ni contre les commerçants ni contre leur chiffre d’affaires.  Les études de déplacement menées dans les grandes villes françaises par le CEREMA, bureau d’études public rattaché au Ministère de la Transition écologique, appuyé par l’Ademe, sont très claires : deux tiers des client·e·s des petits et moyens commerces viennent à pied ou en transport en commun faire leur course. De plus, ils ont en moyenne un panier plus élevé à l’année car ils sont plus fidèles à leurs commerces que les automobilistes. Dans l’hypercentre, seul un client·e sur dix vient en voiture. Pour ceux qui sont contraints d’utiliser leur voiture, 9 parkings publics, soit 6200 places, sont disponibles dans le centre-ville et ses alentours. La page de l’urbanisme-tout-voiture des années 60 et 70 doit bel et bien être tournée.

Car au-delà de son caractère résolument écologique, le projet vise évidemment à améliorer le cadre de vie, au bénéfice de tous les habitants de la métropole. Nous trouvons particulièrement significatif que le jury ait souhaité se réapproprier l’espace public au niveau du secteur République, devant le Palais du Commerce, en l’ouvrant à toutes et tous, sans logique commerciale… lesquels commerces resteront bien évidemment accessibles, à cinq minutes à pied seulement, dans les rues du centre. Ce seront donc des animations gratuites, des gradins pour se poser, des parterres pour s’allonger…  autant d’éléments qui transforment un lieu de transit où l’on ne fait que passer à un lieu de vie qui attire, où l’on peut faire une pause ou une sieste prolongée. Un lieu plus inclusif, plus accueillant pour les familles et les jeunes enfants, avec des espaces sûrs, sans circulation, et des aménagements ludiques, propices à la découverte de l’eau, des berges, des arbres. 

Nous nous réjouissons des orientations prises par ce projet, qui était par ailleurs un cheval de bataille de longue date des écologistes à Rennes. Un projet qui redessine durablement les contours du centre-ville. Un projet qui renoue avec le passé de notre ville, en refaisant une juste place à son fleuve historique. Un projet qui prépare l’avenir, en renforçant sa résilience face au dérèglement climatique. Un projet qui fait sens pour les habitants du territoire, car construit par et avec eux. 

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi