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Conseil métropolitain Eau – Déchets – Économie circulaire

« Aqueduc Vilaine Atlantique » : une fuite en avant anti-écologique

Intervention de Jean-François Monnier, au nom du groupe écologiste et citoyen, sur la délibération n°19 : « Eau potable – Rapport d’activité pour l’exercice 2020 valant Rapport annuel sur le Prix et la Qualité du Service » lors du conseil métropolitain du 16 décembre 2021

Notre groupe souhaite intervenir, en marge de cette délibération, pour un point d’actualité sur le projet de construction de l’Aqueduc Vilaine Atlantique qui doit relier Arzal dans le Morbihan à l’agglomération rennaise.  Un grand projet inutile à nos yeux, que nous dénonçons comme nous l’avons fait lors de l’enquête publique en 2009, puis en 2018 sur le troisième volet des travaux. Sous couvert de sécurisation et de solidarités territoriales, ce projet est le reflet de la fuite en avant technologique voir techniciste en matière de production d’eau potable, fuite en avant qui se fait au détriment des ressources locales et au profit d’installations toujours plus grandes et coûteuses. En effet, l’installation de cette canalisation de près de 100km est estimée à 50M € auxquels il faudra rajouter un coût estimatif d’environ 220 000€ par an pour son fonctionnement. 

Mais au-delà de cette considération financière, ce projet est une absurdité géographique, hydrographique et écologique. Contrairement aux arguments des porteurs de ce projet, il n’est pas une réelle sécurisation pour l’approvisionnement de l’agglomération rennaise, il permettra surtout à alimenter la côte du Morbihan en cas de sécheresse l’été pour répondre aux besoins des résidences secondaires. Ce qui n’a pas de sens.

Alors que tout le monde s’accorde à tirer la sonnette d’alarme de l’urgence climatique, c’est un projet imaginé dans les années 90 qui va être mis en œuvre. En réalité aujourd’hui, les politiques positives menées par la Collectivité Eau du bassin rennais (CEBR) en termes d’efficacité de la production, de rénovation du réseau, d’incitation aux économies d’eau et de préservation de la ressource, rendent obsolète ce projet coûteux pour les collectivités, les habitant·e·s et l’environnement. Pire, en arrosant via la CEBR les territoires voisins, il retardera l’essaimage de ces pratiques vertueuses et favorisera la désinvolture face aux industries fortement consommatrices – nous avons tous l’exemple Bridor en tête.

Il existe pourtant des solutions durables pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable de l’agglomération rennaise et du département d’Ille-et-Vilaine. Il serait plus raisonnable, économique et surtout plus durable d’investir ces dizaines de millions d’euros dans le renouvellement des réseaux de distribution, dans des actions de réduction des consommations et de protection de la ressource. Il nous faut surtout promouvoir une autre agriculture soucieuse de son système écologique, moins consommatrice d’eau et surtout qui cesse de polluer gravement les eaux brutes.

La semaine dernière le Tribunal Administratif a rendu un jugement très attendu dans ce dossier : un jugement pour le moins incompréhensible, puisqu’il reconnaît et valide le bien-fondé des arguments d’Eau et Rivière de Bretagne contre ce projet, mais autorise dans le même temps celui-ci à se poursuivre si et seulement si, il peut être achevé rapidement – avant le 1er janvier 2024.

Il nous semble important que les représentant·e·s de Rennes Métropole qui siègent, via leur mandat CEBR, au SMG 35 fassent preuve de la cohérence qui fait défaut au jugement du TA : 

– en demandant la prise en compte par le SMG des arguments sur le fond retenus par le TA en défaveur d’AVA, dont l’utilité publique n’est plus reconnue ;  – en refusant ensuite, au sein du comité syndical du SMG, de s’associer aux décisions qui s’engouffreraient dans la brèche malencontreusement laissée ouverte par ce jugement, et qui passeraient en force pour redémarrer les travaux.