Intervention de Matthieu THEURIER au nom des élu-e-s écologistes et citoyens
Nous arrivons au terme des débats parlementaires sur la loi alimentation et leurs résultats ne sont pas une bonne nouvelle, ni pour les agriculteurs, ni pour les consommateurs et encore moins pour notre environnement.
Au terme de cinq mois d’échanges biaisés qui ont vu nombre d’ONG quitter la table des négociations devant l’omniprésence des intérêts de l’industrie agroalimentaire, la copie rendue par le gouvernement est vide. Tellement vide que même le ministre Hulot s’est fait porter pâle pour ne pas avoir à cautionner une telle vacuité. Le « en même temps » du Président E. Macron penche une nouvelle fois du côté des lobbies.
La loi alimentation devait permettre de réconcilier l’agriculture avec les citoyens, de réconcilier l’agriculture avec le bien-être animal, avec la santé, avec l’environnement, avec les paysans ; mais au final elle sera un terrible gâchis, une incroyable opportunité manquée.
- Interdiction du glyphosate dans 3 ans : rejetée
- Interdiction de publicité ventant la malbouffe à destination des enfants : rejetée
- Objectif de 20 % de produits issus de l’agriculteur biologique dans la restauration collective : abandonné par le Sénat
- Introduction d’un repas végétarien à la cantine : rejeté
- Interdiction de l’élevage des poules en cage : rejeté
- Interdiction du broyage des poussins : rejeté
- Remise à plat du système de fixation des prix en faveur des agriculteurs : abandonnée
Il faut ajouter à cela la disparition des crédits d’État pour les aides au maintien en faveur des agriculteurs biologiques. Ou encore l’indifférence la plus totale envers les apiculteurs qui déplorent pour certains jusqu’à 85 % de perte d’abeilles sur leur ruches, et plusieurs dizaines de milliers d’euros de manque à gagner parce que les gouvernements refusent toujours de prendre des mesures fortes pour exclure du marché les néonicotinoïdes qui composent nombre d’insecticides autorisés et qui empoisonnent le sol, les abeilles, et tous les insectes pollinisateurs.
Au final, la politique agricole du gouvernement c’est la victoire du pire de l’agriculture, c’est la victoire de l’agroalimentaire, de l’agrochimie contre les paysans, les consommateurs et l’environnement.
Il va falloir se mobiliser pour démontrer sur le terrain que ce modèle est celui du vieux monde mais que les alternatives d’avenir existent déjà.
À Rennes, depuis plusieurs années, les produits phytosanitaires comme les insecticides ou le glyphosate sont bannis.
À Rennes, chère Nadège Noisette, un repas végétarien hebdomadaire est désormais proposé aux enfants. En 2014, 7 % des produits proposés dans les cantines scolaires étaient issus de l’agriculture biologique, nous sommes à 19 % aujourd’hui. La lutte contre le gaspillage alimentaire produit aussi des résultats importants : avec des mesures simples nous parvenons à réduire de 40 % le volume d’aliments jetés.
À Rennes, cher Daniel Guillotin, de jeunes agriculteurs s’installent en bordure de la ville et dans les quartiers, avec le soutien de notre collectivité. À la Prévalaye, au Blosne, sur Baud Chardonnet, à la Lande du Breil, l’agriculture urbaine se déploie. Ces installations démontrent qu’il est possible de produire une alimentation de qualité, sans produit chimique, sur de petites surfaces. Elle démontrent que ces modèles agricoles sont plus générateurs d’emplois à l’hectare que l’agriculture chimique.
À Rennes, cher Yannick Nadesan, pour préserver la qualité de la ressource en eau de notre territoire, la Collectivité Eau du Bassin Rennais accompagne les agriculteurs dans leur changement de pratique pour qu’ils se débarrassent progressivement des intrants chimiques. En contrepartie de quoi nous leur garantissons une vente à prix équitable de leur produit.
Grâce à l’articulation de ces différentes actions nous menons une politique d’installation de jeunes agriculteurs là où partout en Bretagne le nombre d’agriculteurs est en chute depuis des décennies, nous impulsons le déploiement d’une agriculture biologique respectueuse de notre santé, de notre environnement et du bien être animal, nous favorisons un commerce équitable qui permette aux producteurs de vivre dignement. Nous répondons ainsi aux attentes toujours plus fortes des Rennaises et des Rennais de manger bio et local.
Ce sont ces priorités que nous aurions aimé voir développer dans la loi Alimentation. Le ministre Nicolas Hulot était venu en visite à la Prévalaye il y a près d’un an maintenant et il avait pu constater avec intérêt la dynamique rennaise. Je ne peux que souhaiter, Madame la maire, que nous puissions formellement inviter le ministre de l’Agriculture Stéphane Travert à faire de même. Il semblerait qu’il en ait bien besoin. |