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Faire de notre métropole un territoire zéro carbone

[Conseil métropolitain du 5 avril 2018]

La lutte contre le dérèglement climatique est l’enjeu majeur de notre siècle. Avec le Plan Climat Air Énergie Territorial, nous portons le projet ambitieux de diviser par 2 nos émissions de gaz à effet de serre et de muliplier par 3 les énergies renouvelables d’ici 12 ans. Avec pour horizon un territoire zéro carbone, 100 % renouvelable en 2050.

Président du groupe écologiste à Rennes Métropole
  
Intervention de Morvan LE GENTIL au nom du groupe écologiste 

La lutte contre le dérèglement climatique est l’enjeu de notre siècle. Si nous en avons aujourd’hui tous conscience, le passage à l’acte pour faire de la question climatique une priorité de toutes nos politiques et à tous niveaux est encore loin d’être une évidence. L’objectif d’aujourd’hui est donc clair : se donner tous les moyens pour faire de notre Métropole un territoire zéro carbone dans 30 ans.

En 1972, des scientifiques, des économistes et des industriels issus de 52 pays et réunis au sein du « Club de Rome » publiaient un rapport intitulé « Les limites de la croissance » dans lequel ils alertaient sur la dégradation rapide de l’état de notre planète du fait d’un modèle de développement prédateur. En 1992, 1 700 scientifiques publiaient le rapport intitulé « Avertissement à l’humanité ». 25 ans plus tard 15 000 scientifiques issus de 182 pays réitèrent cet avertissement. Les lanceurs d’alerte que l’on regardait avec dédain il y a 40 ans ne se sont pas trompés. Nous n’avons plus le choix, il n’y a plus d’hésitation à avoir, il faut agir, plus et plus vite.

La COP 21 a donné le cap à suivre et nous engage. Depuis les Accords de Paris, les débats ne portent plus sur les objectifs à atteindre ; d’une certaines manière les leviers eux-mêmes font quasiment consensus, documentés par des scénarios de transition comme négaWatt. Ce qu’il faut acter aujourd’hui c’est la volonté politique de s’emparer de ces leviers et d’y consacrer les moyens nécessaires.L’objet de notre débat, ce soir, est donc de concrétiser notre engagement sur la trajectoire d’un monde libéré des énergies fossiles à l’horizon 2050.

 

 

Cet objectif est parfaitement atteignable. On l’oublie souvent mais l’Union Européenne a su réduire de 20 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et aujourd’hui, et ce, sans connaître de décrochage économique. Bien au contraire, les territoires qui prendront le leadership de la transition énergétique seront aussi les principaux acteurs économiques de demain.

C’est cette trajectoire de territoire post-carbone qu’il nous faut adopter. En tant que Métropole, notre rôle est d’autant plus déterminant que c’est bien à l’échelon local que se joue la transition énergétique et écologique. Les élu.e.s de notre territoire, celles et ceux actuellement en fonction, mais aussi nos prédécesseurs, l’ont bien compris et il nous faut saluer l’engagement des communes de notre Métropole, depuis dix ans maintenant en faveur de la transition énergétique. Le PCAET ne saurait se reposer uniquement sur les actions communales, mais la complémentarité de nos deux échelons est à souligner dans notre stratégie énergétique.

La complémentarité aurait pu, en revanche, être affichée plus fortement avec la participation citoyenne, quasiment absente de ce plan. Elles ont été plus que rares, les contributions d’associations ou d’usagers pour nourrir ces ambitions, et le débat citoyen a été absent de son élaboration. Pourtant une partie de la solution est là, dans les mobilisations individuelles et collectives initiées par la base. C’était d’ailleurs un des 5 axes proposés aux communes pour leurs plans d’actions ; c’est souvent resté le parent pauvre et nous devons progresser dans ce domaine. A minima nous aurions pu, nous aurions du intégrer à ce schéma le portage de projets de production d’énergie par des citoyen·ne·s. Cela existe et cela fonctionne, inscrire ce type de solutions dans notre plan aurait permis de les développer davantage.

Mais revenons-en au fond. Dans l’exercice d’élaboration d’une stratégie énergétique territoriale, la première étape est de s’accorder sur les objectifs à atteindre.

Le document que nous votons ce soir nous engage vers une réduction de moitié, par rapport à 2010, de nos émissions de GES à l’horizon 2030, en multipliant par 3 dans le même temps notre production d’énergies renouvelables.

Ce sont bien là des objectifs ambitieux. Ce sont ces objectifs que nous, écologistes, avons toujours défendus. Nous les approuvons donc et saluons l’engagement de notre territoire en faveur d’une transition énergétique qui devra désormais s’accélérer fortement. La feuille de route est claire, et elle a le mérite d’être précisée par secteurs d’activité ce qui permet à chaque acteur de notre métropole, entreprises, collectivités, agriculteurs, habitants, de mesurer l’effort qu’il lui faut engager désormais.

Ces objectifs ont fait l’objet d’un large consensus. Nous en sommes responsables. Ils engagent l’avenir du territoire. La question est donc désormais de savoir comment nous pouvons les atteindre.

Autant le dire tout de suite, nous n’approuvons pas les discours qui tendent à laisser penser que nous ne pourrons rien faire si l’État ne nous soutient pas. Bien sûr l’État est un acteur déterminant pour la transition énergétique des territoires, mais ce besoin d’impulsion de l’État existe sur l’ensemble de nos politiques publiques. Sur l’énergie évidemment, mais aussi sur les déplacements ou encore le logement. Or, le désengagement fort de l’État sur le logement social ne nous a pas fait remettre en cause notre PLH – et c’est heureux. Il en va de même, a fortiori, pour le PCAET qui conditionne tout l’avenir de notre territoire et est un impératif de santé publique : les objectifs que nous votons ce soir, nous devrons les tenir. Avec l’État, comme avec les autres partenaires (Région…) engagés dans cette lutte. En tenant compte de leurs tergiversations éventuelles et de leurs arbitrages – même si ces derniers ne nous semblent pas aujourd’hui à la hauteur, pour ce qui concerne le gouvernement.

Avec 80 % de nos émissions de gaz à effet de serre issus des seuls secteurs de l’habitat et des déplacements, on voit bien où se situent nos principaux leviers d’actions. Les orientations du PCAET prennent bien la mesure des chantiers à mener en la matière. L’objectif de réhabilitation de 60 000 logements d’ici à 2030, le déploiement des matériaux biosourcés et de l’habitat passif, la baisse du trafic automobile de 10 % d’ici à 2030, le développement massif du covoiturage en plus de la seconde ligne de métro et du réseau express vélo métropolitain, pour ne citer que ces exemples, sont autant de mesure pertinentes pour répondre à nos objectifs.

Nombre de ces chantiers sont d’ailleurs déjà engagés : c’est donc bien de leur accélération dont nous devons débattre ce soir. Par exemple, aujourd’hui, le volume de réhabilitation de logements est de l’ordre de 1 500 rénovations par an sur Rennes Métropole. Atteindre 6 000 réhabilitations en 2025 est une marche énorme à franchir. C’est pourquoi nous avons proposé que les 5 millions d’euros économisés sur l’accession aidée grâce à l’organisme de foncier solidaire aille à l’aide à la réhabilitation, pour les propriétaires les plus modestes. Nous avons été entendus sur ce point et nous en sommes heureux. La réhabilitation énergétique bénéficiera ce soir d’un vrai coup de pouce supplémentaire. Il faudra en suivre l’impact, et sans aucun doute encore l’amplifier dans les années à venir : d’un rapide calcul, à 10 ou 20.000 € par opération, on voit que la réhabilitation de 60 000 logements relève plutôt d’un ordre de grandeur proche du milliard – même si la Métropole n’a pas forcément vocation à assumer la totalité de ce coût.

La même question se pose en matière de développement des énergies renouvelables. Le dernier chiffre publié par l’AUDIAR faisait état d’une part à 3,5 % de production d’énergie renouvelable sur notre territoire en 2010. Là aussi, les marches à franchir sont hautes. Nous ne pouvons que saluer la décision d’extension des réseaux de chaleur que nous appelons de nos vœux depuis de longues années. Cette extension, dotée de 6 millions d’euros de budget annuel, offrira à de nombreux habitants la possibilité de se raccorder à un système de chauffage collectif, au bois et à prix maîtrisé. De la même façon, la création, enfin, d’une société d’économie mixte dédiée au déploiement des énergies renouvelables, en partenariat avec le SDE et doté de plusieurs millions d’euros, permettra sans aucun doute de démultiplier les installations en matière d’énergie solaire ou de biomasse notamment. Mais là aussi, les moyens engagés ce jour restent trop modestes.

Nous le redisons, réaliser la transition énergétique c’est engager dans la durée les mêmes niveaux d’investissement que ceux réalisés pour nos lignes de métro. Pour être certains de tenir nos engagements, il nous faut rapidement les retranscrire de façon systémique au plan budgétaire, dans notre PPI et dans les indicateurs de suivi-évaluation de nos politiques. C’est la proposition que nous faisons ce soir, que nos documents budgétaires intègrent désormais les gains carbone générés par chacune de nos politiques publiques afin que nous puissions mesurer pleinement et annuellement la réalisation de nos objectifs. Cet exercice, des territoires comme l’Écosse le font déjà et avancent avec succès dans la mise en œuvre de leur transition.

C’est la condition pour réussir notre transition énergétique et faire de Rennes Métropole un territoire zéro carbone et 100% renouvelable à l’horizon 2050. Ce sera aussi un très grand atout pour la création d’emplois. Rappelons en effet que chaque million d’argent public investi dans la transition énergétique crée plus de 15 emplois. Nombre d’entreprises l’ont d’ailleurs déjà bien intégré et notre écosystème économique, avec sa forte composante numérique, pourrait en être un fer de lance si nous l’accompagnons de manière volontariste dans ce sens.

Vous l’avez compris, nous approuvons pleinement la trajectoire fixée par notre stratégie énergétique ce soir, et nous approuvons pleinement les actions qu’il prévoit de mener dans les 10 ans à venir. Ce document est un nouveau pas important en faveur de la transition énergétique de notre territoire. Les écologistes ont pris pleinement leur part dans l’élaboration du PCAET qui est voté ce soir. Nous prendrons aussi toute notre part pour faire en sorte qu’il puisse se réaliser concrètement car il est une nécessité autant qu’une formidable opportunité pour Rennes Métropole.