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Conseil municipal Gaëlle Rougier

Préserver le patrimoine, préserver la biodiversité

[Conseil municipal du 10 octobre 2016]

Une première en conseil municipal : le droit d’interpellation formalisé dans la Charte de la démocratie locale a été activé par l’association des Amis du patrimoine.

 

Conseillère municipale

Co-présidente du groupe écologiste

Intervention de Gaëlle ROUGIER au nom du groupe écologiste 

En réponse à l’interpellation de l’association des Amis du patrimoine formulée ainsi :

Plutôt qu’accorder des permis de démolir pour des bâtiments anciens dont la valeur patrimoniale est souvent avérée, est-il possible d’en envisager la rénovation et l’adaptation aux exigences énergétiques actuelles en veillant à préserver leur environnement paysager ?

 

 

citationLa refonte de la démocratie locale est pour nous un chantier essentiel. C’est pourquoi, dès 2014, le processus de Fabrique citoyenne a été ouvert pour inventer et expérimenter de nouvelles formes de démocratie et de participation. Ce travail s’est notamment formalisé avec l’adoption de la Charte rennaise de la démocratie locale il y a désormais plus d’un an. Cette charte a consacré plusieurs avancées importantes en matière de démocratie locale dont le budget participatif est parmi les plus emblématique. Elle a ouvert de nouveaux droits aux citoyens. Ces droits n’existeront que s’ils sont utilisés, c’est pourquoi nous nous félicitons donc que pour la première fois le droit d’interpellation du Conseil Municipal prévu par la Charte de la démocratie locale soit activé. Nous tenons à remercier l’association « Les Amis du patrimoine » de cette initiative.

Concernant la question qui nous est posée ce soir, les écologistes partagent le constat de l’association « Les Amis du patrimoine ». L’évolution rapide de notre ville amène à la destruction de nombreux bâtiments qui méritent parfois notre intérêt. Soit parce qu’ils ont une véritable valeur patrimoniale, soit parce qu’ils marquent l’histoire d’un quartier, l’esthétique d’une rue ou que les habitants y ont un attachement particulier. Enfin, nombre de ces bâtiments disposent aussi d’espaces végétalisés, tels les jardins, qui disparaissent au profit des nouvelles constructions faisant perdre à notre ville autant d’espaces favorables à la biodiversité.

Le patrimoine se définit comme étant l’ensemble des biens immobiliers ou mobiliers qui présentent un intérêt historique, artistique, archéologique, esthétique, scientifique ou technique. En s’appuyant sur cette définition, la Ville de Rennes a mis en place depuis 2004 un système de classement, dit classement étoilé, qui permet de protéger les bâtiments considérés comme d’intérêt patrimonial. Ce système semble bien fonctionner puisque ce sont moins d’1% de ces bâtiments classés qui ont été détruits en 10 ans, soit 21 démolitions. Dans un contexte où il nous faut construire 1 500 nouveaux logements chaque année pour répondre aux besoins de la population, éviter une inflation des loyers et préserver les terres agricoles et naturelles, ce bilan nous apparaît plutôt positif.

Pour autant, il est clair que le sentiment des Rennais, relayé ce soir par l’association « Les Amis du patrimoine » reste que la municipalité est trop peu soucieuse de la préservation du patrimoine. Ce sentiment ne concerne pas le patrimoine emblématique de notre ville. La réhabilitation du Couvent des Jacobins, du Jeu de paume, des Portes mordelaises, de la fac Pasteur ou encore demain de l’Hôtel Dieu sont autant d’actions fortes pour la préservation du patrimoine majeur de notre ville qui sont reconnues par les Rennais. C’est bien sur des éléments de patrimoine moins symbolique, telles les maisons en schiste de la rue de Vern, les maisons de ville de la rue de l’Alma, le patrimoine des quartiers, que le bât blesse. Aussi pour les écologistes il est nécessaire d’apporter une définition élargie du patrimoine.

Au-delà du seul aspect historique, il nous faut considérer les aspects esthétiques, artistiques, mais aussi naturels du patrimoine, tout comme l’attachement et le ressenti des habitants.

Pour nous, cette nouvelle définition doit s’écrire au sein du conseil local du patrimoine désormais installé à l’issue des États Généraux de la Culture. Elle devra s’accompagner d’un nouvel inventaire du patrimoine, construit avec les associations et les habitants, inventaire qui devra être mis à jour régulièrement pour ne jamais rester figé.

C’est grâce à ces outils que nous pourrons préserver au mieux l’ensemble du patrimoine rennais, que nous pourrons permettre de préférer la rénovation plutôt que la démolition-reconstruction.

C’est aussi grâce à ces outils que nous pourrons mieux préserver les espaces végétalisés qui accompagnent le bâti.

Surtout, et c’est pour nous essentiel, l’instauration d’un « coefficient de biotope », qui obligera chaque promoteur à prévoir une part végétale dans tous les projets de construction, que ce soit au sol, en toiture ou en façade, doit devenir rapidement une réalité dans le cadre de la révision de notre Plan Local d’Urbanisme.

Pour faire de Rennes une ville verte, une ville qui sait s’appuyer sur son histoire pour construire son avenir.