Les 28 et 29 avril 2025, les élu·e·s écologistes accueillent le député écologiste Charles Fournier qui a choisi de faire étape à Rennes dans le cadre de son “Tour de France de l’industrie” entamé deux ans auparavant.
Retour sur deux journées riches de rencontres et d’échanges avec des acteurs industriels du territoire pour réfléchir aux grands enjeux de l’industrie de demain.
Étape n°1 : Pour une industrie automobile sobre et décarbonée – Stellantis, à la Janais
La direction de Stellantis
Nous sommes reçus chaleureusement par la direction de Stellantis. Les sujets d’échange sont nombreux : passage à l’électrique, production française, décarbonation et compactage du site de la Janais, coût et production des énergies renouvelables, attractivité des métiers industriels, égalité Femme-Homme.
3 chiffres retiennent notre attention :
- Stellantis a pour objectif de produire 100% de véhicules électriques d’ici 2030
- en 4 ans, ils ont réduit de ⅔ les émissions de CO2 de l’usine de la Janais
- la peinture consomme plus de 60% de l’énergie du site
La voiture la plus vendue en France est la 208, elle n’est pourtant pas fabriquée en France, mais au Maroc et en Espagne. Le site de la Janais est spécialisé dans la production de modèles de SUV haut de gamme. Pour les écologistes, il faut réorienter la production vers des véhicules plus légers et plus économiques, à la fois pour réduire leur impact et favoriser leur accessibilité pour les plus modestes.
Les syndicats
Nous avons un échange long et riche avec les représentants de la CFDT, premier syndicat chez Stellantis à Rennes. Ils nous alertent sur différents sujets :
- le risque d’une stratégie de l’entreprise orientée sur un mono-produit qui fragilise l’usine de la Janais en cas d’échec du modèle
- la nécessité d’aller vers des petits modèles de voiture pour préserver l’emploi industriel à la Janais
- le vieillissement de la population ouvrière
- leurs difficultés à défendre la nécessaire transition écologique chez les ouvriers, dans un contexte où la progression du vote d’extrême-droite nécessite de recréer de la proximité avec les usines et le monde ouvrier
- l’importance de conditionner les aides publiques à l’emploi et à des critères écologiques
- le manque d’anticipation sur la diversification des activités industrielles pour faire face aux difficultés du secteur automobile
Les messages des écologistes pour l’industrie automobile :
- Privilégions les modèles petits et légers pour réduire leur impact et leur prix
- Face à la raréfaction des ressources, organisons le réemploi des voitures.
- Conditionnons les aides publiques à des engagements écologiques.
- Anticipons la diversification des activités industrielles vers les filières de la transition pour faire face aux difficultés du secteur automobile
Étape n°2 : Pour un accompagnement des entreprises à la transition écologique – Bretagne Compétitivité
Bretagne compétitivité nous reçoit dans ses locaux à Rennes.
L’association anime le programme Breizh Fab, co-financé par l’ADEME et co-animé avec l’Union des Industries et Métiers de la Métallurgie (UIMM), qui permet d’accompagner les entreprises, notamment dans leur transition écologique.
Les sujets d’accompagnement sont pluriels : optimisation de la production, maîtrise des consommations, numérique, décarbonation ou encore RSE.
Les animateurs du programme nous expliquent que certaines entreprises accompagnées questionnent même leur modèle économique pour aligner leur activité avec la nouvelle donne écologique.
C’est le cas de l’entreprise Çadécap, qui développe des solutions de décapage industrielles vertes. Pour les élu.es écologistes, ce sont des pistes fructueuses de transformation de l’industrie.
Le message des élu·e·s écologistes : mettre des moyens dans l’accompagnement des entreprises à la transition écologique, c’est efficace et ça produit des résultats.
Échange avec Ludovic Blot, directeur de Ressource T, sur les stratégies à adopter face à la perte de marchés auprès de l’éco-organisme, Ecosystem, qui menace plus de 230 emplois sur le territoire.
Les messages des élu·e·s écologistes : Soutien total à Envie35/Ressource T, pépite du territoire en matière de réemploi et d’insertion. Pour revoir notre intervention au Conseil Métropolitain en Mai 2025, c’est ici. Il faut plus de transparence et de critères environnementaux et sociaux pour les éco-organismes : à quand une réforme législative en ce sens ?
Échange avec Yannick Lehagre, de l’entreprise LBEcohabitat spécialisée sur l’éco-construction et la rénovation en chaux-chanvre, un matériau sain doté de nombreuses propriétés qualitatives.
Le message des élu·e·s écologistes : À quand une proposition de loi pour passer à l’échelle et industrialiser l’usage des matériaux biosourcés ?
Étape n°3 : Quelle industrie pour notre territoire demain ? – Conférence-débat au Blosne
Nous remercions la centaine de personnes venues assister à la conférence intitulée “Quelle industrie sur notre territoire demain ?”
Les interventions de Laurent Hamon (Vice-président aux déchets et à l’économie circulaire de Rennes Métropole), d’Alexandre Colomb (directeur de Bretagne Compétitivité), de Cosette Jarnouen (co-fondatrice de l’entreprise N2C) et de Charles Fournier (député écologiste) ont ouvert des pistes pour une transition écologique de l’industrie ambitieuse et exigeante.
Laurent Hamon a rappelé qu’au-delà de l’opposition des écologistes à des projets industriels non prioritaires au regard des urgences climatiques et environnementales, à l’instar d’un entrepôt Amazon, d’une usine Bridor ou Safran, les écologistes portent aussi une vision positive de l’industrie. Après avoir été les premiers à défendre la relocalisation de la production, notamment pour éviter les gaz à effet de serre liés au transport, les écologistes sont convaincus que l’industrie est l’une des clés de la transition écologique et qu’elle peut créer de nombreux emplois durables et de qualité, au service des besoins des habitants. “La Métropole rennaise doit mettre en oeuvre une stratégie industrielle qui n’est pas dans l’opportunisme mais qui peut accompagner à la fois la transition des industries locales existantes comme l’automobile, la cybersécurité, le numérique ou l’agroalimentaire mais aussi développer des filières industrielles d’avenir comme l’éco-construction, les mobilités durables, les énergies renouvelables ou encore l’économie circulaire.”
Alexandre Colomb a rappelé que la Bretagne est une terre d’industries, avec pour les secteurs les plus présents : l’agro-alimentaire, le naval et l’automobile. Pour lui, “l’industrie propre est un oxymore mais nous avons besoin d’industrie”. Il est convaincu que “s’engager dans la transition écologique peut rendre une entreprise plus compétitive que les autres”. Les leviers pour les entreprises sont pluriels : écoconception, décarbonation, relocalisation des achats, RSE ou encore économie de la fonctionnalité. Bretagne compétitivité accompagne les entreprises sur l’ensemble de ces sujets à travers le programme Breizh Fab.
Cosette Jarnouen, co-fondatrice de N2C, nous a enthousiasmés en présentant cette entreprise pionnière et exemplaire d’industrie circulaire, implantée à Sens-de-Bretagne, près de Rennes. L’entreprise reconditionne des machines industrielles, qui viennent pour 99% de France, avec de nombreux impacts positifs : 95% de la machine est conservée, on constate une baisse de 64% de la consommation énergétique, la machine ne coûte pas plus de 50% du prix du neuf. Une vraie pépite du territoire qui souhaite se rapprocher du territoire métropolitain pour se développer et répondre à ses besoins de main d’œuvre qualifiée.
Pour Charles Fournier, député écologiste, le mythe des “usines sans salariés”, le développement de la société de service et la désindustrialisation nous ont collectivement éloignés des sujets industriels. Nous devons nous réemparer des enjeux de l’industrie qui sont des enjeux essentiels de souveraineté, de durabilité, d’attractivité des emplois, de conditions de travail ou encore de démocratie. Les salariés des usines sont attachés à la durabilité de leurs entreprises et sont souvent porteurs de solutions et d’innovations. C’est pourquoi Charles Fournier est convaincu que “pour une gouvernance plus démocratique des usines, il faut faire rentrer les salariés dans les conseils d’administration des entreprises”.
Étape n°4 : Échange avec les représentants du secteur économique
À l’occasion d’un petit déj avec des acteurs économiques, nous avons pu échanger sans tabou avec des représentants locaux de la CCI, du Medef ou encore de la Jeune Chambre Economique sur des sujets essentiels comme l’importance de la réindustrialisation, la compétitivité et la concurrence internationale, le versement mobilité des entreprises, le prix de l’énergie, l’attractivité des métiers industriels ou encore le Zéro artificialisation nette.
Étape n°5 : Quel avenir pour la cybersécurité sur notre territoire ? -Cyberplace à Cesson-Cévigné
La visite du député s’est terminée par un échange passionnant à la Cyberplace de Cesson Sévigné avec des acteurs régionaux et locaux de la cybersécurité.
Tiphaine Leduc, animatrice de la dynamique Bretagne Cyber Alliance, a présenté la stratégie nationale en matière de cybersécurité visant à tripler le chiffre d’affaires de la cyber et créer 37 000 emplois d’ici 2030. Elle a insisté sur la culture du collectif dans le secteur de la cyber issue du partage des failles et des vulnérabilités identifiées, et de la complémentarité entre les petites start-ups et les grands groupes. Elle a également évoqué la dynamique bretonne avec 5 villes parties prenantes dont Rennes, 170 entreprises et plus de 30 écoles sur le territoire.
L’échange s’est poursuivi avec plusieurs entrepreneurs locaux de la cyber : Guillaume Despagne (IDnow), Cyrille Vignon (Glimpse), Philippe Luc (Anozrway), Nicolas Baudin (Label4ai) ou encore Christophe (Capgemini), ainsi que le directeur du Poool, qui héberge et contribue à l’animation de la Cyberplace. Les discussions ont porté sur l’innovation, la coopération, la concurrence internationale, les modalités du soutien public, la transition écologique ou encore la féminisation du secteur. Les entrepreneurs ont soulevé le sujet de l’accès à la commande publique pour les pépites de la Cyber de notre territoire. Les échanges ont conclu à un besoin de plus d’interconnaissance et de travail en commun.
Pour une stratégie économique durable pour notre Métropole
En conclusion, l’ensemble de ces échanges fertiles ont alimenté et enrichi nos réflexions écologistes sur les enjeux économiques et industriels de notre métropole. Nombre d’entrepreneurs et d’entreprises sont aujourd’hui prêts et matures pour réussir leur conversion écologique. C’est avec et pour eux que nous devons co-construire une vraie stratégie de transition écologique de l’économie de notre territoire, compatible tant avec le respect des limites planétaires qu’avec les exigences sociales et d’égalité chères aux écologistes.