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Des actions pour promouvoir les activités en extérieur et l’éducation à la nature

Chers collègues,

C’est avec beaucoup de plaisir que je vous présente ce soir le Plan d’Éducation Nature de Rennes – PLEN’R, dernier document stratégique de la politique éducative pour ce mandat. Celui-ci s’inscrit totalement dans les objectifs du PEL renouvelé que nous avions adopté en décembre 2023 dans plusieurs de ces dimensions, tant dans son ambition de mobiliser pour l’écologie et de construire une ville renaturée à hauteur d’enfant, que d’offrir une offre périscolaire diversifiée, de lutter contre les inégalités d’accès à la nature et aux vacances que de celle de co-éducation avec l’ambition d’animer sur le territoire un réseau d’acteurs de l’éducation nature.

Alors pourquoi éduquer à la nature tout d’abord ? Les pédagogies de plein air ne sont pas nouvelles, en rien révolutionnaires mais force est de constater que nos modes de vie ont éloigné les enfants du dehors. L’imaginaire de l’enfance, façon guerre des boutons, ces chemins de traverse qu’évoque Thierry Paquot dans son ouvrage Pays de l’enfance, paraît bien loin des réalités de beaucoup d’enfants et d’adolescents aujourd’hui dont la majeure partie du temps est passé en intérieur, entre l’école et la maison.

Pourtant, de nombreuses recherches scientifiques attestent des bienfaits des activités au contact de la nature. Développement des sens, motricité, capacité à gérer son corps dans l’espace (proprioception), système immunitaire ou même pour la vue : être dehors, le corps libéré des entraves du dedans et porter son regard sur une ligne d’horizon plus lointaine est bénéfique à tous points de vue.

Les pédiatres s’accordent à dire qu’un temps régulier passé dehors dès le plus jeune âge est un véritable enjeu de santé publique. Cela permettrait de lutter contre un nombre incalculable de pathologies, depuis le diabète et l’obésité en passant par la myopie et la dépression.

À l’heure où la santé mentale des enfants et des jeunes questionne la société, il est temps de se pencher sur ce que le journaliste américain Richard Louv nommait dès 2005 le « syndrome de manque de nature ». Ce syndrome décrit les conséquences, dans les pays occidentaux et industrialisés, d’une virtualisation du monde, d’une déconnexion des enfants au vivant, voire d’une peur de la nature.

C’est cette distanciation à la nature, ce que Cynthia Fleury appelle « l’extinction de l’expérience de nature », qui permet l’amnésie écologique ou environnementale. Cette dernière s’empare des sociétés et laisse notre environnement se dégrader inexorablement, génération après génération.

Rétablir le lien sensible et affectif des enfants au vivant, leur créer des « souvenirs de nature », c’est les aider à rétablir un sentiment de communauté de destin entre l’humanité et le reste du vivant. Pour protéger la nature et prendre les bonnes décisions pour l’avenir, il faut la connaître et la pratiquer au quotidien.

Car au-delà de contribuer au bien-être des enfants, l’éducation à la nature cultive l’envie de la préserver. La nature est un don qui fait de nous ses obligés, individuellement et collectivement. Il est donc de notre responsabilité de donner aux enfants, comme aux adultes qui les accompagnent, des clés pour engager la transition.

Notre politique municipale soutient l’éducation dans, par et pour la nature, selon des pédagogies qui font appel aux sens, mettent les corps en mouvement et renforcent l’écocitoyenneté des jeunes. Elle embrasse les enjeux de santé, d’égalité et de transition écologique.

Les pédagogies du dehors font écho aux défis climatiques actuels, notamment aux questions de rythmes scolaires et à l’adaptation de l’école à la chaleur. L’école de demain devra se penser dans d’autres espaces, y compris en extérieur, dans des îlots de fraîcheur.

En écho au travail du Réseau Éduquer à l’Environnement en Bretagne (REEB) ou encore aux pionniers de « l’école dehors », Rennes souhaite contribuer à ce mouvement d’éducation populaire aux enjeux vitaux. Ce plan soutiendra le déploiement de projets d’éducation nature avec une diversité de partenaires : enseignants, animateurs, naturalistes, familles…

Nous souhaitons qu’il contribue à faciliter un égal accès à la nature et multiplier les expériences du dehors pour tous les enfants, notamment ceux qui en sont aujourd’hui les plus éloignés.

La Ville de Rennes ne part pas de rien en matière d’éducation nature. Avec un écocentre accueillant près de 5800 enfants par an, la ferme des Basses Gayeulles plus de 9000 et l’écomusée 14400 enfants chaque année, l’engagement est déjà conséquent.

Depuis le Covid, l’offre municipale a été renforcée, presque doublée en matière de séjours nature. La première crèche municipale de plein air verra bientôt le jour à Bois Perrin. Le nombre de classes pratiquant l’école dehors est passé de 5 à 177 à Rennes (sur 970 au total).

De nouvelles associations locales dynamisent ces pratiques du dehors, comme Là-Haut, l’Allumette, le Jardin des Mille Pas, la Basse-cour ou encore Les Cols Verts au Blosne, renforçant l’écosystème éducatif autour de la nature.

Ce plan est l’aboutissement du travail de la direction éducation et de l’équipe de l’écocentre de la Taupinais, qui a animé la concertation avec les partenaires et fait vivre cette dynamique au quotidien, notamment à travers des événements comme la Journée sur l’herbe à la Prévalaye.

Je tiens à remercier chaleureusement Paul Guillaudeux, Yves Marais, les animateurs de l’écocentre, avec une mention spéciale à Héloïse Barbe pour son investissement dans l’élaboration du plan. Merci également à Jean-Paul Arpi, au service communication et à l’imprimerie.

Nous sommes la deuxième collectivité seulement à nous doter d’un Plan d’éducation à la nature, preuve de notre politique éducative ambitieuse, innovante et résolument engagée pour la planète et pour l’avenir de nos enfants.

Je vous remercie.