Retranscription de l’intervention de Xavier Desmots au nom du groupe écologiste et citoyen :
« La présentation du rapport annuel du contrat de ville met en lumière la réalité de la vie des quartiers populaires de notre métropole.
C’est l’occasion de rappeler ici que la Politique de la Ville ne représente que 0,3 % du budget global de l’État, alors que de nombreuses incertitudes subsistent à la fois sur le financement et le périmètre du futur contrat de ville à partir de 2023.
De rappeler une incapacité gouvernementale à prendre la mesure de la réalité de la pauvreté, des discriminations, de la précarité économique, alimentaire et énergétique des habitantes et des habitants des quartiers populaires, qui nécessiterait une augmentation massive de moyens affectés. De rappeler ici aussi l’abandon d’un revers de la main des propositions ambitieuses pour les quartiers populaires du Plan Borloo en mai 2018.
Loin du registre récurrent et stigmatisant, quand il s’agit d’évoquer les quartiers populaires, qui enferme le regard dans la triade sans espoir du maintien de l’ordre, de la sécurité et de la délinquance, ce rapport nous donne de l’air. Il permet de rappeler qu’au cours de la période de crise sanitaire, les initiatives solidaires se sont multipliées dans ces quartiers et ont souvent servi de modèle pour maintenir le lien social et l’entraide malgré les difficultés. Beaucoup de nos concitoyennes et concitoyens ont montré alors leur capacité de construire rapidement et collectivement des solutions pour faire face à l’urgence. À l’urgence alimentaire par exemple, avec le renforcement de la distribution alimentaire par les associations et les colis solidaires dans le quartier de Bréquigny par exemple où la jeunesse du quartier s’est fortement mobilisée pendant plusieurs mois.
Ces initiatives solidaires ont infusé à une plus large échelle et il nous semblerait intéressant qu’elles nourrissent les réflexions partagées entre communes de la métropole, sur la résilience des quartiers et la capacité d’agir, l’auto-organisation, la créativité des acteurs de terrain – pour peu qu’on les accompagne et qu’on leur fasse confiance.
De nouvelles pistes pourraient aussi être approfondies au sein même du Contrat de Ville. Car la crise sanitaire n’a fait que renforcer le besoin de mener la transition écologique et sociale dans les quartiers populaires où les inégalités sont le quotidien des habitant·e·s. Inégalité d’accès par exemple à la nature et à une alimentation de qualité. La végétalisation des quartiers, à travers les jardins d’usage collectif notamment, peut favoriser la reconnexion avec la nature, le lien social et l’autoproduction. Les aménagements urbains peuvent également conduire à une réappropriation citoyenne des espaces publics. Là encore les expériences réussies ne manquent pas.
De plus, si le contrat de ville souligne la richesse de la vie associative et les atouts en matière d’espace public, il souligne également l’inégalité dans l’accès à un espace public partagé. Les initiatives associatives et citoyennes, en particulier celles qui favorisent la place des femmes et des enfants sont un axe à renforcer, comme celle, par exemple, menée par la coopération des acteurs associatifs dans le cadre des Halles de Maurepas cet été.
Seul un contrat de ville ambitieux et qui prend en compte toutes ces dimensions, nous permettra de mettre en œuvre les transitions que nous appelons de nos vœux sur notre territoire, sans laisser les plus vulnérables d’entre nous au bord de la route. Et il y a urgence à agir. »