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Des solutions pour lutter contre la précarité des jeunes

CONSEIL MÉTROPOLITAIN DU 27 JANVIER 2022
Intervention de Cécile Papillion, au nom du groupe écologiste et citoyen, sur la délibération n°6 : Développement économique – Emploi – Convention tripartite avec We Ker et le Centre Communal d’Action Sociale de la Ville de Rennes concernant la gestion du Fonds local d’Aide aux Jeunes de Rennes Métropole

Le Fonds d’aide aux jeunes est un dispositif important pour répondre aux situations de grande détresse sociale auxquelles sont confrontés certains jeunes de 18 à 25 ans en difficulté d’insertion. Il répond à des demandes en matière d’hébergement, de frais de santé, de subsistance, de formation, ou de financement du permis de conduire.

Cependant, cette aide ponctuelle d’urgence est très loin d’être suffisante pour pallier les grandes difficultés des jeunes dont la situation a été aggravée par la crise sanitaire, sociale et économique. Perte d’emplois étudiants, difficultés à trouver un premier emploi, précarité alimentaire et de logement… Aujourd’hui, un jeune sur cinq vit sous le seuil de pauvreté. Un jeune sur six a arrêté ses études, sans parler des dégâts psychosociaux avec un taux de dépression et de troubles mentaux très inquiétants chez les jeunes. Ils et elles ont payé un lourd tribut à cette crise. 

Heureusement, ils et elles ont su s’organiser et se mobiliser pour leur propre survie au travers par exemple des projets d’épiceries solidaires de Rennes 1 et Rennes 2 ou de l’association SOS étudiants. Accompagnées par nos collectivités et par les associations qui assurent les distributions alimentaires, la solidarité s’est aussi organisée autour de ces jeunes précaires ces derniers mois. Je peux citer le cas des distributions alimentaires organisées par Rennes 2 et l’Union pirate dont ont bénéficié, hier encore, près de 500 étudiantes et étudiantes, mais aussi le cas de la MJC du Grand Cordel à Rennes qui, avec les habitantes et habitants du quartier, a aidé l’épicerie solidaire Epifree dans ses distributions lors de la crise sanitaire.

En tant qu’élus locaux, nous ne nous résignons pas au constat d’une « génération sacrifiée », qui serait condamnée face à l’impuissance de l’action publique. Les collectivités sont en première ligne pour mener des politiques volontaristes à destination des jeunes comme celles conduites dans notre métropole, à savoir la baisse des tarifs des transports, la garantie locative jeunes, le fonds d’urgence logement, l’aide à l’accès aux droits ou le soutien aux initiatives sociales (épicerie sociale).

Nous pouvons également citer les actions portées par notre collègue rennaise autour des activités estivales, des départs en vacances ou encore du dispositif Jobs à Rennes qui a permis à plus de 80 jeunes de 18 à 26 ans d’avoir une première expérience professionnelle réussie dans la période.

Mais, à la veille de grandes élections nationales, notre rôle est aussi d’interpeller notre gouvernement et l’ensemble de la classe politique sur cette grande injustice faite aux jeunes français qui sont parmi les rares dans les pays de l’Union européenne à ne pas bénéficier de minimas sociaux. 

Cela fait longtemps pourtant que l’ensemble du secteur associatif, les organisations de jeunesse, mais aussi les chercheurs en sciences sociales ou économiques préconisent d’ouvrir le RSA aux moins de 25 ans ou de mettre en place un revenu de solidarité jeunes.

Face à ces revendications, le président et son gouvernement ont annoncé en novembre 2021 le lancement du « Contrat d’Engagement Jeune » (CEJ), un dispositif trop peu ambitieux qui prévoit de toucher seulement de 400 000 jeunes dits « sans emploi, ni études, ni formation » alors que l’on dénombre plus d’1 million de jeunes dans cette situation dans notre pays. Les jeunes Français ont droit au « droit commun ». Il nous faut sortir des dispositifs qui s’empilent depuis des décennies (CEJ qui remplace la Garantie jeunes) et qui, s’ils ont le mérite d’exister et de permettre un suivi de ces jeunes au sein des missions locales, ne doivent en aucun cas remplacer le droit à des formations professionnelles ou qualifiantes de qualité, à de vrais emplois rémunérés et surtout à la solidarité nationale.

Face aux difficultés de la jeunesse et aux faibles solutions proposées par l’État, nous sommes persuadés que la solution la plus durable est la création d’un revenu de solidarité pour les jeunes. En attendant un engagement de l’État en ce sens, certains territoires, comme la métropole de Lyon ou le département de la Haute-Garonne, ont déjà mis en place ce type de politique publique.

Portée à l’échelle nationale, cette mesure structurerait une véritable politique sociale pour les jeunes en difficulté en leur garantissant un filet de sécurité. Elle porterait aussi un message politique fort en renouant la confiance entre les jeunes et les institutions politiques notamment l’État.