Conseil métropolitain du 30 janvier 2025Intervention portée par Valérie Faucheux au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°3 : Finances – Budget – Adoption des budgets primitifs 2025 |
Madame la Présidente, mes chers collègues,
Jamais sous la Vème République le processus budgétaire de l’État n’aura été aussi chaotique et générateur de tensions, faisant peser beaucoup d’incertitudes sur l’établissement des budgets des collectivités. En 7 ans, le Président Macron aura réussi à considérablement abimer nos institutions, renforcé l’extrême-droite et généré beaucoup de clivages et d’instabilité dans notre pays.
Après la censure du gouvernement Barnier et de sa loi de finance, un nouveau texte, adopté au Sénat, doit encore passer en Commission mixte paritaire (aujourd’hui) et à l’Assemblée. Le redressement des comptes sera à priori moins brutal que prévu, avec un déficit ciblé à 5,4 % et une légère hausse des dépenses. Des recettes supplémentaires seraient issues de surtaxes pour les grandes entreprises et hauts revenus, ainsi que du maintien de la CVAE. L’effort demandé aux collectivités serait réduit de 5 à 2,2 milliards.
Ce budget reste toutefois dramatique, car il sacrifie l’écologie avec 1,3 milliard d’euros de coupes. La suppression de l’Agence bio est finalement abandonnée, mais le cap politique demeure flou. Alors que les catastrophes climatiques se multiplient, à Mayotte, à Los Angeles ou encore en Ille-et-Vilaine, la France devrait renforcer son engagement écologique, surtout dans un contexte géopolitique défavorable, avec l’élection d’un président des Etats-Unis qui nie la réalité du dérèglement climatique. Le budget prévoit aussi des coupes drastiques dans l’aide au développement et l’enseignement supérieur, menaçant nos universités.
C’est dans ce contexte troublé que nous tenons à remercier Marie Ducamin et ses services pour le travail réalisé sur ce budget métropolitain pour 2025, que nous voterons ce soir. Nous approuvons le choix d’intégrer l’impact des coupes étatiques à posteriori, une fois le budget national définitivement adopté, pour bien mettre en exergue la responsabilité de l’Etat et l’incidence de ses décisions sur nos politiques publiques.
Nous l’avons dit, il est injuste de demander aux collectivités de contribuer autant au redressement des comptes de l’Etat, que nous n’avons pas contribué à dégrader, et ce d’autant plus après une succession de crises sanitaires et financières, ainsi que de réformes fiscales qui ont rogné sur notre autonomie fiscale et diminué les transferts étatiques. Nous appelons les parlementaires à faire preuve de responsabilité en faisant confiance aux collectivités locales, en leur donnant les moyens de préserver les services publics locaux et de préparer l’avenir de leur territoire.
Pour ce qui relève de nos compétences, ce budget métropolitain tient le cap écologique, social et démocratique que nous nous sommes fixé collectivement et refuse l’austérité, avec une légère hausse par rapport à 2024 (+0,9% sur les dépenses de fonctionnement et +0,4% pour l’investissement). Nous le faisons au prix d’une dégradation de notre trajectoire financière, car les enjeux actuels appellent à la responsabilité et à l’action des pouvoirs publics.
Nous ne reviendrons pas sur l’ensemble des propos détaillant les politiques publiques que nous avons portées lors du débat d’orientation budgétaire pour alléger cette séance à l’odj bien fournie, et ce d’autant dans le contexte des inondations.
Dans un contexte politique national et international inquiétant où se multiplient les propos xénophobes, les déclarations antisociales et les opinions climatosceptiques, les élu.e.s écologistes et citoyens sont fiers de voter ce budget métropolitain, en cohérence avec le cap politique des transitions écologiques, sociales et démocratiques.
FIN
Supplément pour la version écrite :
// En 2025, à travers l’application de plans d’actions, nous renforcerons les solidarités et la lutte contre la pauvreté et les discriminations, en hausse dans notre pays. Nous continuerons à lutter contre le dérèglement climatique et à préparer notre ville pour y faire face, avec l’adoption de notre nouveau Plan Climat Air Energie Territorial, qui a vraiment besoin de moyens ambitieux et chiffrés, ainsi que d’un calendrier clair. Sur les mobilités, nous continuerons à déployer notre politique ambitieuse en faveur de la décarbonation et des transports en commun. Nous poursuivrons nos investissements pour un habitat durable et accessible, via la construction et la rénovation des logements sociaux.
Au moment où les indicateurs économiques tressaillent au vu des impacts post crise sanitaire et de la concurrence internationale, nous avons plus que jamais besoin d’une vraie stratégie économique et industrielle, qui soit davantage dans l’anticipation et la planification, en cohérence avec les besoins de notre territoire et nos priorités climatiques, sociales et démocratiques.
Dans un contexte national qui voit se multiplier les désengagements financiers des collectivités à l’égard du secteur culturel, notre Métropole fait le choix politique de préserver le budget de la culture, en l’augmentant même légèrement (hors transfert de l’Opéra). Nous saluons l’initiative Nos Lieux Communs, un appel à projet qui vise à co-construire des projets avec les habitants pour réinvestir 16 lieux sur la Métropole, et va se déployer en 2025.
Nous poursuivrons le travail partenarial avec les communes. Ce budget marque l’augmentation d’un million d’euros pour la Dotation de Solidarité Communautaire : nous sommes la Métropole la plus redistributive de France, avec en moyenne un transfert de 70€ par habitant, ce dont nous nous félicitons.
Notre collectivité doit aussi faire face aux coups durs : c’est le cas avec les dépenses supplémentaires liées aux difficultés rencontrées dans les travaux de restructuration de l’UVE, et qui nous a contraints à augmenter la TEOM pour quelques années. Espérons que les poursuites juridiques engagées auprès de l’entreprise déficiente permettront de réparer le préjudice financier subi par la Métropole et de retrouver un peu de marge de manœuvre financière. En tous cas, ce n’est pas aux habitants de payer la note.
– Seul le prononcé fait foi –