Présentation par Didier Chapellon, adjoint à la biodiversité de la Ville de Rennes, de la stratégie de végétalisation du centre-ville de Rennes (délibération n°3)
Cette délibération vient renforcer le plan de végétalisation de notre centre-ville. Avant de détailler les plantations que nous envisageons, je souhaite revenir quelques instants sur les enjeux et l’ambition qui nous guide.
Diapo 2 : ICU
En vingt ans, la ville de Rennes s’est déjà réchauffée de 1.1°C par rapport à la période 1961-1990. Mis à part 2010, toutes les années ont été en moyenne plus chaudes que sur cette période, avec un record de +2.4°C en moyenne pour l’année 2022. Le centre-ville de Rennes, le quartier le moins végétalisé de la ville, (c’est un fait et ce besoin de végétalisation du centre-ville a été clairement exprimé lors de la concertation Rennes 2030) est particulièrement exposé à ces changements. C’est en particulier le phénomène d’îlot de chaleur urbain que nous commençons toutes et tous à bien connaître : la température durant les nuits d’été ne redescend plus, car le béton, la pierre, les bâtiments relarguent la chaleur emmagasinée pendant la journée. Résultat, il fait environ 2°C plus chaud dans le centre qu’en campagne en milieu de nuit, avec des pics à +9°C observés en juillet 2022 entre Melesse et Place du Parlement par exemple. Ces nuits tropicales à répétition ne sont pas sans conséquence sur notre sommeil et nos organismes.
Voilà, les chiffres sont clairs : notre centre-ville – et la ville toute entière – doit s’adapter aux conséquences bien concrètes du dérèglement climatique. Faute de quoi, dans quelques décennies, voire seulement quelques années, il sera tout simplement invivable une bonne partie de l’année. Pour ce faire, différents leviers sont à notre disposition et nous les activons déjà : repenser l’urbanisme, changer les matériaux de construction, mettre l’automobile à sa juste place, créer des espaces ombragés, désimperméabiliser… La végétalisation massive de notre espace urbain est, parmi ces leviers là, indispensable. Entre le début de notre mandat et avant le début de la saison de plantation de cet hiver qui a débuté en novembre, nous avons planté et augmenté de patrimoine arboré de 11 300 arbres (soit une augmentation de 8,5% en nombre de sujets), et nous en visons 30 000 nets d’ici 2026. J’ai souvent la question posée et je le redis ici : les 2 chiffres que je vous donne sont bien des chiffres nets c’est-à-dire en prenant en compte les abattages – parfois nécessaires – réalisés dans le même temps. L’objectif sera atteint.
Diapos 3 “A l’échelle du centre-ville – état d’avancement
Sur le centre-ville, forcément, les problématiques sont un peu particulières, car l’habitat est dense, les voiries anciennes, l’espace très contraint, avec la présence de réseaux sous-terrain. Il nous faut en outre prévoir une distance minimale entre les arbres et les façades, l’accès aux secours et enfin prendre en compte les enjeux patrimoniaux … Notre stratégie paysagère de 2020 a permis de cadrer les choses et a ciblé en priorité les abords de l’Ille et de la Vilaine, et les parcs existants. 88 arbres ont déjà été plantés,par exemple les abords des stations de métro ou les 18 chênes de la place de la mairie plantés avec la participation des enfants de l’école Guillevic du Blosne…
Diapo 4 “A l’échelle du centre-ville – état d’avancement
… 200 le seront encore d’ici la fin du mandat, dans les projets en cours et à venir (Portes Mordelaises, place du Champ Jacquet, …). Ces plantations étaient en quelque sorte les plus faciles à programmer, car relativement peu impactantes pour la circulation ou pour les réseaux en sous-sol. Exemples : rue de Carmes et rue du Chapitre.
Diapo 5 “Plantations 2024 – quelques exemples”
Diapo 6 “Analyse paysagère de la zone d’étude”
Cette délibération vient donc acter le renouvellement de notre stratégie de végétalisation du centre-ville. Il s’agit désormais d’investir des espaces qui pour le moment ont d’autres usages ou sont moins accessibles. Nous avons analysé les différents secteurs intéressants, en prenant en compte plusieurs critères : l’état quantitatif et qualitatif de la trame arborée actuelle, leur accessibilité en transports en commun, mais aussi l’évolution du plan de circulation.
Diapo 7 “Les lieux ciblés”
Ce sont une vingtaine de lieux supplémentaires qui pourraient être végétalisés, répartis entre places et rues. Je tiens à préciser que nous avons évidemment mis en place un dialogue constructif avec les différents acteurs impliqués, notamment les commerçants, ainsi qu’avec les Architectes des Bâtiments de France, pour respecter le riche patrimoine historique rennais.
Les places seront prioritaires parce que ce sont des espaces ouverts, ensoleillés, avec plus de surface et donc des espaces tout indiqués pour lutter contre le phénomène d’Ilôt de chaleur urbain. Ensuite viendront les rues du centre-ville, et en particulier celles connectées à l’Ille ou la Vilaine, afin de ménager des corridors biologiques et de repenser également l’écoulement des eaux pluviales.
Car les plantations n’offrent pas simplement plus de fraîcheur par l’ombre et par la respiration des espèces plantées. Ce sont aussi des occasions de désimperméabiliser les sols et donc de lutter contre le ruissellement. Nous savons en effet que l’un des effets collatéraux du dérèglement climatique, ce sont des précipitations plus concentrées sur certaines périodes de l’année, plus intenses. Une meilleure infiltration de l’eau dans le sol est donc essentielle pour mieux faire face à ces phénomènes nouveaux. Désimperméabiliser les sols, c’est aussi leur permettre de mieux absorber le rayonnement solaire plutôt que de le renvoyer par réflexion. Et donc, concrètement, de rafraîchir la ville.
De même, la végétalisation nous permet comme je le disais de reconstituer des corridors écologiques, de relier les espaces entre eux, et ainsi frayer de nouveaux passages aux animaux, et notamment les oiseaux, chauves souris, petits mammifères et insectes, qui se déplacent dans la ville. Les contraintes d’espace mais aussi ce souci de la petite faune nous amènent aussi à diversifier les espèces plantées, ne pas se contenter d’arbres de moyenne et haute tige mais aussi installer des arbustes et des strates basses, au sol.
Diapo 8 et 9
Au-delà de ces études, il y aura le réaménagement des quais de Vilaine (potentiel de plus de 200 arbres). Il pourra ensuite être envisagé d’autres plantations en fonction des opportunités. Au global, on arrivera à un nombre de 400 à 500 arbres plantés en centre-ville entre 2020 et 2030.
Je vous invite donc à approuver les orientations visant à renforcer la présence végétale en centre-ville et d’approuver l’enveloppe financière allouée pour l’ensemble des projets. A savoir 280 000 € en 2024 puis 200 000 € TTC par an sur le budget de la ville de Rennes pour ce qui relève de ses compétences (plantations, mobilier). Les travaux d’accompagnement de voirie, relevant de la compétence de Rennes Métropole, seront financés par Rennes Métropole, à travers l’enveloppe du secteur de Rennes. Ils sont évalués à 70 000 €TTC/an.
Vous le voyez, c’est donc un investissement conséquent mais nécessaire pour adapter notre ville au défi du dérèglement climatique. Cette nouvelle palette végétale sera un allié précieux pour conserver un centre-ville habitable, vivable et agréable pour tous les habitants.
Je vous remercie.