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Expérimentation territoire zéro chômeur de longue durée en danger : mobilisons nous !

Conseil municipal du lundi 9 octobre 2023 · Intervention portée par Cécile Papillion au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°41 : Administration générale – Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée – Vœu présenté par le Groupe Socialiste, démocrate et citoyen, le Groupe Génération.s, le Groupe Écologiste et citoyen, et le Groupe Parti Radical

Je remercie notre majorité de porter ce vœu ce soir. Je ne peux que témoigner de son importance en tant que présidente du comité local pour l’emploi et vous dire que bien évidemment le groupe écologiste et citoyen soutiendra ce vœu.

Je souhaite d’ailleurs, ce soir, partager avec vous la parole des premiers concernés : les salarié.e.s de l’Entreprise à but d’emploi (EBE) Blosn’Up que je remercie pour leur présence à ce conseil municipal.

Véronique, salariée de Blosn’Up depuis décembre 2022.

« Je me suis retrouvée toute seule avec un enfant handicapé. Entre les petits boulots et rester à la maison parce qu’il n’y avait pas de garde, c’était très dur. J’arrivais à la cinquantaine et reprendre un travail à la cinquantaine, c’est compliqué. J’ai eu très peur. Depuis mon arrivée dans l’EBE, je travaille au sein du pôle textile.”

Arthur, salarié de Blosn’Up depuis décembre 2022.

 » J’ai eu tendance à m’enfermer sur moi au bout d’un moment, à perdre confiance en moi. Je n’étais pas à l’aise pour parler avec les gens. On fait facilement des blocages pour pas grand-chose, mais à un moment donné, j’ai eu un déclic. Depuis l’ouverture de l’EBE, je travaille en tant qu’assistant administratif en CDI : je suis de plus en plus à l’aise maintenant, ça m’a vraiment ouvert plein de choses dans ma vie ! »

Sadioba, salariée de Blosn’Up depuis janvier 2023.

“Avant, je travaillais dans le maraîchage au sein d’une entreprise d’insertion, puis comme femme de ménage pour un groupement d’employeurs, ce n’était pas simple, je suis maman de 3 enfants de 7, 10 et 16 ans. Je prenais le métro à 5 h 27, puis le bus à République pour arriver à 6 h au travail. Maintenant, je travaille juste à côté de chez moi depuis que je suis à Blosn’up, grâce aux horaires aménagés, je m’occupe bien de mes enfants. « 

Ces témoignages démontrent en quoi l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée représente une chance inestimable, une opportunité formidable pour les habitants de nos territoires.

Malheureusement, la poursuite de l’expérimentation suscite de fortes inquiétudes.

En effet, un premier coup de boutoir a été délivré cet été en provenance du ministre du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion, lequel a décrété la baisse à compter du 1er octobre de la contribution destinée à financer les emplois créés dans les EBE. Cette modification des règles de financement en cours d’expérimentation accroît la pression financière sur les Entreprises à But d’Emploi et nous fait craindre à la fois un fort ralentissement des embauches et une sélection des personnes qui seraient les plus productives, ce qui serait totalement contraire aux valeurs du projet.

Deuxième coup de boutoir il y a quelques jours, en provenance du ministère de l’Economie et des Finances cette fois, qui annonce dans le projet de loi de finances 2024  une enveloppe de 69 millions d’euros pour TZCLD quand l’association nationale et le Fonds d’expérimentation estiment à 89 millions d’euros le budget nécessaire pour poursuivre l’expérimentation et l’étendre à 25 autres territoires en cours d’habilitation.

Ces deux atteintes coup sur coup du gouvernement nous préoccupent grandement. 

S’attaquer à l’expérimentation Territoires zéro chômeur de longue durée, c’est s’attaquer au droit à l’emploi décent et à un modèle d’entreprise de l’économie sociale et solidaire en mesure d’embaucher les personnes les plus éloignées de l’emploi et de développer des activités favorables à la transition écologique et la cohésion sociale. 

Cette atteinte est d’autant plus préoccupante qu’elle apparaît dans le contexte du projet de loi “Plein emploi”, qui réforme le “Revenu de solidarité active”. Fort de son alliance avec les Républicains, le gouvernement s’apprête en effet à faire passer une réforme stigmatisante, purement démagogique et inapplicable.

Conditionner le RSA à 15 h minimum d’activités hebdomadaires relève d’une représentation erronée et méprisante de la situation des citoyens et citoyennes les plus pauvres. C’est  faire preuve d’une méconnaissance totale de leur quotidien souvent déjà très chargé en activités : des démarches administratives de plus en plus complexes, à la distribution alimentaire, en passant par les rendez-vous médicaux, la garde d’enfants ou l’aide d‘aînés dépendants.

L’idéologie néo-libérale, qui sous-tend cette réforme injuste, est créatrice d’inégalités et de stigmatisations envers les plus fragiles d’entre nous. Les professionnels et les associations alertent : cette réforme va renforcer le non-recours et augmenter l’extrême pauvreté.

Je le rappelle, personne n’est allocataire du RSA par plaisir. Avec 607 € par mois pour une personne seule, on ne vit pas, on survit !

A Rennes, nous en avons pleinement conscience. C’est pourquoi nous menons des études en vue d’expérimenter un revenu minimum garanti en faveur de jeunes familles monoparentales, en introduisant des principes d’inconditionnalité et d’automaticité ainsi qu’un accompagnement innovant, non imposé, autour de la parentalité, dans l’esprit de la protection sociale à la française.

Si le débat sur ce projet de loi “Plein emploi arrive” à son terme, celui sur la loi de finances débute, il est donc encore temps de rectifier le tir pour financer à hauteur de 89 M d’euros l’expérimentation Territoire zéro chômeurs de longue durée.

Je vous invite donc toutes et tous à vous mobiliser pour faire évoluer la position du gouvernement. Vous pouvez signer la pétition ”Projet de loi de finances 2024 : Territoires zéro chômeur de longue durée en danger !” sur change.org et participer à la manifestation devant l’Assemblée nationale le 24 octobre.

Je vous remercie.

Seul le prononcé fait foi