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Appel à une véritable politique nationale pour nos enfants et notre jeunesse

Conseil municipal du lundi 9 octobre 2023 · Intervention de politique générale portée par Xavier Desmots au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s

Avant de démarrer cette Intervention de Politique Générale, comme tous les collègues de cette assemblée, le groupe écologiste et citoyen souhaite se joindre aux propos de début de conseil de Madame la Maire. 

A l’approche du 20 novembre, journée internationale des droits de l’enfant, nous souhaitons rappeler que les enfants et les jeunesses de notre pays sont confrontés à de nombreuses difficultés qui interrogent notre capacité collective à les considérer comme des sujets à part entière, des sujets de droit, alors que la France est signataire de la Convention internationale des Droits de l’enfant. Le Défenseur des enfants le rappelle régulièrement à travers ses publications; les discriminations et inégalités touchent les enfants et les jeunes dans notre pays, dans la mise en œuvre de la Protection de l’enfance, les enfants en situation de handicap, les enfants migrants, les jeunes issus des quartiers populaires…Et malheureusement cette liste n’est pas exhaustive. 

Ici, à Rennes, ville qui compte une forte population de moins de 25 ans et plus de 70 000 étudiantes et étudiants, l’enfance et la jeunesse tiennent une place importante dans nos politiques publiques. Nous partageons la vision d’une jeunesse émancipée, fière d’elle-même, consciente qu’elle est un atout indéniable pour notre ville et notre pays et non une succession de problèmes à solutionner.

À travers les politiques municipales que nous menons telles que la petite enfance, le Projet Educatif Local,  la politique de la ville et le soutien aux acteurs éducation jeunesse en général, nous luttons contre ces facteurs d’inégalité, mais en tant qu’élus locaux nous sommes aussi dans notre rôle quand nous interpellons inlassablement l’État sur les moyens insuffisants et le manque d’une vision globale, structurante, coordonnée et durable mise en œuvre pour l’enfance et la jeunesse dans notre pays. 

Je voudrais pourtant ici mettre l’accent sur quelques situations dans notre ville qui illustrent malheureusement les difficultés traversées par les plus vulnérables d’entre nous.

À titre d’exemple, 27 collégiens des Chalais n’avaient pas d’affectation en lycée professionnel fin septembre. Cela intervient dans un contexte général de destruction du lycée professionnel avec le placement sous l’égide du Ministère du travail, l’augmentation des durées de stages et la réduction des heures d’enseignement général. 

Autre exemple, dans le quartier prioritaire de Bréquigny, environ 50% des moins de 25 ans sont considérés comme « vulnérables » en lien avec leur situation sociale, familiale, ou lien avec leur santé physique et mentale. Dans le quartier du Blosne, une étude de l’EHESP a montré que les indicateurs en termes de sédentarité des enfants et de santé mentale se sont dégradés depuis la crise sanitaire. Ces éléments doivent nous alerter et nous éviter de tomber dans une certaine facilité idéologique qui renvoie systématiquement aux familles et aux modes de vie les difficultés traversées par leurs enfants. Le temps important passé hors de la sphère familiale par les enfants et les jeunes est aussi un enjeu de société que nous devons prendre à bras le corps. 

La disqualification des parents jugés responsables voire coupables des difficultés de leurs enfants par les plus hauts responsables de l’État suite aux révoltes urbaines de cet été n’est ainsi qu’un des moyens de rendre moins visible le manque d’ambition gouvernementale au niveau politique et budgétaire en direction des enfants et de la jeunesse.

Les émeutes de juin et juillet derniers suite à la mort de Nahel à l’âge de 17 ans, précédé par d’autres morts de jeunes issus de quartiers populaires, nous disent aussi la vision portée sur une partie de la jeunesse de ces quartiers. Une petite musique s’est insinuée sur le thème “Ne l’avait-il pas cherché?” La jeunesse des quartiers populaires est perçue uniquement sous un angle sécuritaire, à canaliser, voire parfois à occuper. Cette perte de boussole quant aux droits élémentaires des enfants et de la jeunesse ne fait qu’aggraver le sentiment de mondes parallèles, avec des règles de droit différentes en fonction de votre territoire d’habitation, de votre condition sociale et de votre couleur de peau. 

Autre illustration de la perte de boussole concernant le respect des droits de l’enfant ; les mineurs isolés étrangers sont d’abord vus comme des étrangers et non comme des enfants à protéger et à soigner alors que généralement ces enfants parviennent et survivent en France dans des états de santé physique et mentale déplorables. La prochaine Loi asile et Immigration est annoncée pour le début de l’année 2024; les jeunes majeurs non accompagnés pourront être reconduits à la frontière et ce même s’ils bénéficient d’un suivi de l’Aide Sociale à l’Enfance depuis des années. 

“Je suis quelqu’un de fatigué”, dit Mohamed Mechmache, acteur historique des quartiers populaires, fondateur de la coordination nationale Pas sans nous et chargé par le gouvernement de présider une commission nationale sur la “participation citoyenne des quartiers”. Fatigué est un euphémisme après le quatrième report du Comité interministériel des villes, au grand désespoir des élus locaux en très forte attente d’une vision globale et structurante de la part de l’Etat. C’est une politique à la hauteur des enjeux  pour nos enfants et les jeunesses de notre pays qui est attendue depuis trop longtemps et que nous appelons de nos vœux. 

Seul le prononcé fait foi