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Plan climat-air-énergie territorial : amplifier la mobilisation métropolitaine pour le climat !

Conseil métropolitain du jeudi 23 mars 2023 – Intervention portée par Aurélie Quemener au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°7 : Développement durable du territoire – Environnement – Énergie – Plan Climat Air Énergie Territorial – Lancement de la démarche de révision

Comment faire en sorte que notre planète reste vivable et habitable par les générations actuelles et futures ? C’est le défi majeur du 21ème siècle et peut-être le plus grand défi que notre humanité ait eu à affronter au cours de l’histoire.

Dans une nouvelle synthèse de ces travaux, le GIEC vient d’annoncer une accélération du réchauffement climatique avec un dépassement des 2°C dès 2050. Au-delà des 2°C, nous le savons, les experts prédisent le chaos climatique. Le GIEC appelle à un sursaut. Agir maintenant ou risquer la bombe climatique : l’avenir de l’humanité est désormais sur la sellette.

Les solutions existent et nous les connaissons depuis longtemps : réduire rapidement et massivement les émissions de gaz à effet de serre et se préparer au mieux à affronter les impacts d’un climat déréglé sur les populations et les écosystèmes.

Ce sont précisément les défis auxquels notre territoire métropolitain est confronté, à l’occasion du lancement de la procédure de révision du Plan Climat Air Energie Territorial, de son petit nom « PCAET », que nous allons approuver aujourd’hui.

Les PCAET précédents ont eu le mérite de mettre en action l’ensemble de nos politiques publiques autour des objectifs énergétiques et climatiques. Nous avons obtenu quelques résultats, avec notamment une réduction de plus de 10% des émissions de GES par habitant entre 2010 et 2018.

Toutefois, au regard des enjeux et de notre objectif de moins 40% d’émissions d’ici 2030, ce rythme de réduction est nettement insuffisant. 

À peine 1000 rénovations énergétiques annuelles quand notre objectif visait 6000 par an. 

Un trafic routier qui malgré la réduction de la part modale de l’automobile, reste en hausse de 13% entre 2013 et 2018, avec une population métropolitaine qui augmente. 

Du retard sur le déploiement des énergies renouvelables, et notamment sur le solaire.

À l’heure où la France connaît une sécheresse hivernale historique, après un été de canicules et de méga-feux, l’urgence est à l’amplification des moyens et du rythme d’action. 

Le futur PCAET a besoin d’intégrer les nouveaux objectifs climatiques, à la fois européens, avec la réduction de -55% des émissions de GES d’ici 2030 et nationaux, avec l’horizon de la neutralité carbone en 2050.  Nous devons aussi nous autoriser une clause de revoyure pour, le cas échéant, aller au-delà de ces objectifs.

Afin de pouvoir suivre nos trajectoires de façon plus dynamique, il nous faut constituer un tableau de bord plus lisible, avec des données actualisées annuellement sur les GES, l’énergie, la sobriété et la qualité de l’air. 

Il serait également pertinent d’intégrer l’empreinte carbone globale de notre territoire métropolitain. En plus des émissions territoriales brutes, cette notion intègre les émissions importées, c’est-à-dire celles liées aux activités de production à l’étranger dont nous importons les biens. Ces nouvelles lunettes pourraient doubler les émissions de GES par habitant. Elles invitent à repenser notre modèle de consommation sous l’angle de la sobriété et du bien commun.

Le PCAET actuel avait mobilisé 350 millions d’euros. Il est de notre responsabilité d’identifier et d’activer tous les leviers pour augmenter significativement cette enveloppe, et notamment les financements étatiques et européens. La réussite de ce nouveau plan dépendra en bonne partie de l’affectation de moyens financiers à la hauteur des enjeux. Nous revenons ici sur certains d’entre eux : la rénovation, les mobilités, l’énergie, l’agriculture, l’adaptation, et la démocratie.

Il faut des moyens pour la rénovation énergétique des logements. 

L’irresponsabilité de l’État est criante quand il décide d’investir 60 milliards d’euros dans le nucléaire, en envisageant d’utiliser l’épargne des Français via le Livret A. Cela a pour effet la remise en cause de l’amplification des aides à la rénovation et la fragilisation du soutien au logement social. Afin de multiplier par trois le rythme de rénovation des logements, la Convention Citoyenne pour le Climat demandait 13 milliards, quand nous sommes aujourd’hui à peine autour de 3 milliards. L’absence de soutien étatique sur la rénovation des bâtiments publics est également très problématique.

Dans ce contexte, nous ne pouvons que compter sur nous-mêmes et chercher par tous les moyens, à augmenter le budget du dispositif Ecotravo. Nous devons concentrer nos aides à destination des plus modestes, des grosses copropriétés et des petites entreprises. Des outils innovants peuvent être imaginés, comme par exemple une société de tiers financement à l’échelle régionale permettant l’avance de frais et leur remboursement à travers les économies réalisées.

Il faut des moyens pour le déploiement des mobilités décarbonées.

Au niveau métropolitain, nous devons sanctuariser nos investissements sur les mobilités car l’action menée commence à porter ses fruits. Nous devons être attentifs à l’amplification des investissements pour les mobilités actives en milieu rural.

Par ailleurs, rappelons que 40% des émissions de GES liées aux transports sont générées par 10% des déplacements des personnes vivant en dehors de la métropole. L’enjeu se situe donc au niveau des contrats de coopération et du renforcement des offres régionales en matière de transport collectif décarboné, train et car. Notre métropole est disponible pour participer à ces développements avec les territoires, notamment dans le cadre de Breizh mobilité.

Il faut des moyens pour accélérer la production locale d’énergies renouvelables.

Nous devons systématiser la production d’énergies renouvelables sur toutes les nouvelles constructions, en favorisant les projets citoyens. L’énergie solaire doit continuer à se déployer sur tous les potentiels déjà identifiés. Nous devons également poursuivre notre action en faveur des réseaux de chaleur et du développement d’unités de méthanisation en sortie des stations d’épuration, ainsi qu’à partir de biodéchets.

Il faut des moyens pour la transition agricole et alimentaire.

L’élevage intensif et la production laitière ont un impact très important sur nos émissions en Ille-et-Vilaine, et encore plus à l’échelle de la Bretagne. Devenir un territoire 0 pesticide et 100% bio est un impératif pour atteindre la neutralité carbone. Cela passe aussi par une agriculture moins exclusivement tournée vers l’élevage, plus diversifiée et plus végétale.

Il faut de nouveaux moyens pour bâtir une politique d’adaptation de notre métropole aux impacts climatiques actuels et à venir.

Notre région s’est longtemps pensée épargnée. Aujourd’hui, en Bretagne, la mer monte et se réchauffe ; le littoral s’érode ; les villes sont inondées ; les forêts brûlent. Dans notre métropole, les habitants souffrent des canicules estivales, en particulier à Rennes ; ils subissent les restrictions d’eau ; les récoltes agricoles sont fragilisées. 

La politique d’adaptation devra identifier finement les vulnérabilités de notre territoire pour décliner un plan d’action transversal.

L’adaptation, c’est un urbanisme qui imagine et construit des villes davantage perméables, végétales et respirables, préservant la biodiversité. Le plan végétaux présenté ce soir y contribuera.

L’adaptation, c’est aussi contribuer à améliorer notre sécurité alimentaire et transformer nos pratiques agricoles en cohérence avec le climat de demain.

L’adaptation, c’est également renforcer la sobriété et l’équité des usages de l’eau, ressource que l’on sait aujourd’hui limitée. Refusons les grands projets inutiles, fortement consommateurs d’eau, à l’instar du projet de la nouvelle usine Bridor à Liffré.

Enfin, il nous faut des moyens pour mettre en place la Fabrique citoyenne du climat. Il ne peut y avoir de transition écologique sans transition sociale et démocratique. Dans notre métropole, nous nous engageons pour construire une démocratie locale sincère, plus directe, permettant aux habitants d’avoir réellement prise sur les actions à mener. La construction d’un budget participatif climat doit favoriser cette implication citoyenne. Nous voulons aussi déployer de nouveaux outils dans le cadre d’un véritable service public de l’accompagnement au changement de comportement, clé de la réussite de la transition écologique. 

Sur le court terme, il nous faudra innover pour associer le plus largement possible la population métropolitaine au processus d’élaboration de ce nouveau PCAET : acteurs socio-économiques, communes et élu·e·s mais aussi et surtout habitantes et habitants. Nous pensons particulièrement aux habitants des quartiers populaires, les plus touchés par la crise environnementale. Nous pensons aussi aux plus aisés qui contribuent le plus aux émissions de CO2 et qu’il nous faut donc embarquer de façon urgente dans la transition. Et bien sûr, les plus jeunes d’entre nous, la génération climat, qui subira encore plus fort les changements en cours, qu’il s’agit d’accompagner dans son engagement.

Nous savons la responsabilité qui est la nôtre face au défi climatique de notre siècle. Investir un milliard pour le climat, c’est investir pour les économies de demain. C’est dépasser les freins, les réticences, le triangle de l’inaction. À l’échelle de notre métropole, chaque euro dépensé devra être interrogé pour ne contribuer qu’à cet objectif de transition environnementale, sociétale et solidaire. Nous avons besoin d’un choc de mobilisation afin d’engager une spirale positive. Il nous faut engager l’ensemble des secteurs dans un même objectif car tous les efforts, modestes ou grands, vont désormais compter.

Seul le prononcé fait foi