Simplement quelques mots en complément sur ce 3e Plan de Protection de l’Atmosphère :
Plus opérationnel que les deux précédents, il décline 36 actions concrètes pour l’abaissement des concentrations en polluants, l’amélioration des connaissances et la mobilisation des acteurs et actrices. Des objectifs chiffrés de réduction sont donnés pour le dioxyde d’azote et les particules fines PM 10 et PM 2.5. De plus, l’enjeu des pesticides dans l’air est désormais clairement identifié, avec une volonté d’améliorer notre connaissance du phénomène et ses impacts. Nous saluons évidemment ces avancées.
Pour aller plus loin sur le sujet, il nous semble nécessaire d’interpeller l’État, pour que la réglementation sur les épandages agricoles puisse évoluer. Les pics de pollution d’origine agricole de mars 2020, en France et particulièrement en Bretagne, ont mis en lumière ce phénomène encore trop peu connu des politiques et du grand public. Ils étaient directement imputables à l’utilisation de fertilisants riches en ammoniac dans les cultures, comme le lisier, puisque le trafic routier était quasiment à l’arrêt en cette période de confinement. Comme le rappelle l’étude d’Air Breizh de mars 2020, l’ammoniac (NH3) est un gaz irritant les voies respiratoires qui, en se combinant avec d’autres substances dans l’atmosphère, se transforme en particules fines. Celles-ci peuvent voyager sur plusieurs kilomètres du fait de leur faible masse. Inhalées, elles abîment les muqueuses des voies respiratoires et du poumon, et rendent plus vulnérables les habitant·e·s exposés aux infections respiratoires. À plus forte et plus longue exposition, elles peuvent engendrer cancers et maladies cardio-vasculaires. À chaque printemps, et cette année, nous n’y avons pas dérogé lors du dernier épisode en mars, les épandages d’effluents combinés au trafic routier renforcent les effets du pic de pollution. Nous ne pouvons plus nous contenter de messages et de guides de « bonnes pratiques » à l’intention des agriculteurs et agricultrices. Ainsi, une première solution serait de faire évoluer la loi pour permettre aux services de l’État, lors des pics de pollution, de restreindre fortement et si nécessaire d’interdire temporairement les épandages afin de ne pas aggraver la situation. À plus long terme, et en lien avec la nécessaire évolution des pratiques agricoles, l’usage de certains engrais doit être fortement réduit, voire proscrit. C’est un impératif de santé publique. Évidemment, cela ne pourra se faire sans un accompagnement au changement des agriculteurs, agricultrices ; et des alternatives concrètes aux épandages massifs d’engrais.
Dans le même temps, une meilleure information du grand public est souhaitable sur les comportements à adopter en cas de pic de pollution. Car à chaque épisode de pollution, nous avons des témoignages d’incompréhension des usager·e·s quant au séquençage des seuils d’alerte pour la mise en œuvre de la circulation différenciée. Plutôt qu’informer au moment de la crise, il faut marteler en amont, créer les réflexes et promouvoir les dispositifs d’accompagnement notamment le passe qualité de l’air. La procédure à suivre doit pouvoir être simple, compréhensible et communiquée au plus grand nombre.
– Seul le prononcé fait foi –