« Madame la Maire, cher·e·s collègues,
De 1200 à 2200 publicités. C’est le nombre de publicités par jour auxquelles nous sommes exposées selon une étude menée en 2007 par le chercheur Arnaud Pêtre, spécialiste en neuroscience. Elles s’imposent à nous, elles sont présentes partout, tout le temps, dans l’ensemble des aspects de la vie collective tout en privatisant une partie de l’espace public. Ce travail sur le RLPi qui commence est pour nous, groupe écologiste et citoyen, indispensable.
Tout d’abord parce que la publicité est la face immergée de l’iceberg productiviste. Elle veut nous faire consommer toujours plus, aux dépens de la planète, dont on sait que les ressources sont limitées, mais aussi au détriment de la qualité de nos produits, dont la durée de vie est trop courte et souvent à usage unique.
La publicité est aussi principalement l’apanage des grandes entreprises et grandes marques qui nous inondent de leurs messages. Nos commerçants et les petites entreprises sont les victimes indirectes de cette prolifération. Alors, réduire la place de la publicité, c’est aussi une mesure d’égalité et de soutien en faveur de notre tissu économique local.
Notre cadre de vie est également bouleversé, car la publicité dénature nos bâtiments, nos routes et nos paysages. Si quelques parties de notre ville sont épargnées, d’autres comme nos entrées de ville ou des lieux emblématiques comme la place de la République, par exemple, sont largement polluées visuellement. C’est encore plus le cas la nuit, certaines publicités semblent parfois pouvoir remplacer l’éclairage public par le nombre et leur intensité.
La publicité, c’est enfin le ciblage systématique de notre jeunesse. La publicité a façonné des pans entiers de notre société, depuis la femme-objet au culte de la vitesse et de l’apparence, qui sont souvent en opposition aux politiques éducatives ambitieuses que nous mettons en place.
Le RLPi qu’il nous est demandé de construire au niveau métropolitain est une boîte à outil importante qui doit nous permettre d’agir sur l’ensemble de notre territoire et sur l’ensemble des supports publicitaires. Nous avons des propositions concrètes à formuler ce soir.
Comme notre majorité l’a défendu lors du second tour des municipales, les écrans publicitaires numériques devront disparaître dès 2022 sur notre territoire. Pour rappel, ces écrans, quelle que soit leur génération, consomment inutilement beaucoup d’énergie, parfois autant que 3 ou 4 ménages.
Nous devons aussi nous poser la question du nombre total d’encarts autorisés et de la taille maximale de ces supports. Ainsi l’ensemble des panneaux scellés au sol doivent selon nous être supprimés. Quant à la taille maximale des supports muraux, elle doit fortement diminuer. En clair, les affiches de 6, 8 ou encore 12m2, autrement appelés « 4 par 3», doivent disparaître. Sur les façades, la distance entre deux publicités doit augmenter et il faut interdire les doubles panneaux.
Concernant les zonages où la publicité est interdite, ils doivent pouvoir évoluer, notamment en augmentant la taille de ceux autour des monuments classés ou inscrits.
Un travail sur les enseignes est nécessaire, tout préservant une juste visibilité de nos commerces de proximité. Mais c’est sur les préenseignes qu’une attention particulière devra être portée, notamment sur nos grands axes.
Nos propositions sont ambitieuses. Mais elles ne brident pas la liberté du commerce et de l’industrie, ni de la liberté de la publicité et de l’affichage. Vouloir réguler ce n’est pas entraver, c’est au contraire remettre la publicité à sa juste place.
L’ensemble de ces changements, nous devons les travailler avec les habitant.e.s, les associations mais aussi et surtout avec les commerçants de notre territoire. La métropole devra se donner les moyens pour appliquer ce futur RLPi, en accompagnant l’ensemble des communes, sans se substituer à leur pouvoir de police.
Mes chers collègues, nous devons faire preuve de cohérence sur l’ensemble de nos politiques publiques. Jeunesse, éducation, énergie, commerce, déchets : nous devons toutes et tous aller dans le même sens. La transformation écologique que nous voulons doit s’accompagner d’une diminution importante de la publicité dans nos vies.
Beaucoup de nos concitoyen.ne.s vont dans notre sens. Beaucoup de villes françaises aussi. Ne soyons pas timides dans nos choix, car ce RLPi peut être et doit être une avancée majeure pour notre territoire. »