« Madame la Maire, cher·e·s collègues,
Je profite de cette délibération d’attribution de subventions pour aborder la mobilisation actuelle des actrices et acteurs du monde culturel.
Notre majorité a déjà exprimé son soutien à cette mobilisation, à travers les récentes déclarations de la Maire et celle de l’adjoint à la culture, Benoit Careil. Ce mouvement national porte deux revendications principales : la réouverture progressive des lieux culturels et le maintien des conditions d’emploi et de rémunération des artistes et plus largement des salarié·e·s par intermittence.
La situation sanitaire actuelle nous affecte toutes et tous, individuellement comme collectivement. Chaque secteur d’activités fait l’objet de mesures spécifiques, au regard de ses capacités à s’adapter aux contraintes sanitaires et de son rôle essentiel, ou pas, pour aider chacune et chacun à vivre dignement et permettre la pérennisation de ces activités.
Les mesures prises par le gouvernement ne montrent pas une grande confiance vis-à-vis des professionnel·le·s de la culture qui ont pourtant l’expérience de la gestion de rassemblements de personnes et de leur sécurité. Ces mesures nient également depuis un an le rôle essentiel des pratiques culturelles et artistiques dans notre société.
Avec des lieux de diffusion fermés depuis un an, des festivals impossibles à organiser, avec une absence de perspectives de retour de l’activité qui paralyse les programmateurs et programmatrices, c’est toute la chaîne de production et de création qui se retrouve dans l’impasse. L’embouteillage jamais vu de spectacles dont les créateurs et créatrices se demandent s’ils seront un jour diffusés, de films dont les auteurs et autrices s’interrogent quant aux possibilités de projection qu’ils auront quand les salles de cinéma rouvriront, angoissent toute une profession.
Et surtout la perspective de la date du 31 août prochain qui mettra fin à l’année blanche, et déclenchera le calcul des droits des intermittentes et des intermittents à percevoir leur allocation chômage spécifique leur promet un l’avenir encore plus précaire. Ainsi, l’ensemble des acteurs et actrices culturel·le·s est en colère face à un gouvernement qui se refuse à entendre leur désespoir. Et nous les comprenons.
Le retrait de la réforme de l’assurance chômage est la deuxième revendication de ce mouvement. Cette réforme, déjà décriée avant la crise sanitaire, est d’autant plus absurde au regard de la situation économique et sociale actuelle. Qui peut croire que la précarisation des personnes privées d’emploi va les aider à trouver du travail dans le contexte de crise économique qui s’annonce ?
Au lieu de tisser des solidarités, d’engager un vrai partage des richesses de ce pays ou encore d’entamer le virage de la transition écologique, porteuse d’emplois, ce gouvernement pratique la même politique sociale que les précédents : réforme des retraites, loi Travail, réforme de l’assurance chômage… C’est toujours la même lubie libérale considérant les personnes privées d’emploi comme des assisté·e·s qui guide ces réformes.
Faire des économies comptables sur le dos des classes populaires sans s’attaquer à la folie de certaines rémunérations, aux dérives de la finance au détriment du travail, à la fraude et à l’évasion fiscale, c’est une vaste blague qui ne nous fait plus rire.
Alors oui, nous soutenons ce mouvement.
Le gouvernement doit stopper son projet de réforme d’assurance chômage, prolonger l’année blanche pour les intermittents et organiser une démarche sincère de co-construction avec l’ensemble des parties prenantes pour préserver les métiers et les conditions de travail de celles et ceux qui nous permettent d’exercer nos droits culturels et ainsi préparer des lendemains qui chantent, qui dansent, qui filment, qui jouent… qui nous fassent vibrer tout simplement. »