« Madame la Maire, cher·e·s collègues,
Quittons un instant la morosité d’un mois de février sous COVID et sa kyrielle d’empêchements et de restrictions. Tentons de nous projeter pour tenir et envisager l’avenir. Faisons ensemble l’effort de projeter notre ville vers un horizon ouvert, un horizon plus heureux, mais un horizon qui tienne compte des nécessaires évolutions que nous imposent les prochaines conséquences du réchauffement climatique. En effet, la crise sanitaire ne doit pas nous faire oublier les 40° atteints place de la Mairie été 2019 et la succession des épisodes caniculaires auxquels notre ville a été confrontée ces dernières années.
La nécessaire adaptation de nos villes à cet enjeu climatique doit provoquer des changements de comportements, notamment en matière de mobilités, de consommation… N’en ayons pas peur, car nous avons d’ores et déjà changé par cette crise sanitaire. Un certain nombre de Rennaises et Rennais ont redécouvert le vélo pour leurs déplacements quotidiens, preuve en est le succès dont ont profité toutes les enseignes de vente et de réparation de vélo. Le télétravail a réduit les déplacements imposés. Cette crise a surtout révélé le besoin incompressible d’être à l’extérieur, de profiter des espaces publics, des lieux de nature. Dans cette période, les habitant·e·s expriment un impérieux besoin de convivialité, de profiter d’activités culturelles, sportives, d’être libre de flâner. Enfin, la crise a révélé aussi l’attachement des habitant·e·s à leur commerce de détail, aux bistros de quarter, aux restaurants, secteurs associés à l’idée d’une liberté retrouvée.
Alors, projetons-nous avec cette délibération qui nous permet d’envisager un nouveau centre-ville. La prochaine ouverture de la ligne B du métro et la reconfiguration du réseau de bus vont libérer des espaces importants. De la rue d’Antrain à la place de République, en passant par les rues de la Motte Fablet, la place du Champ Jacquet, la rue Château-Renault, la rue de l’Horloge et la rue de Rohan, ce sont autant d’espaces qui vont être libérées des plus de 400 bus qui les traversent encore quotidiennement.
Autant de place que nous pouvons redonner à la végétalisation pour permettre un centre-ville perméable et respirant. Autant de place redonnée aux commerces le long de cet axe qui pourront profiter d’une meilleure visibilité de leurs devantures. Autant de place pour les cyclistes et les piétons par le biais d’une zone à trafic limité.
Alors faisons travailler nos imaginaires et projetons-nous dans un centre-ville rénové qui permettra de flâner et profiter des façades patrimoniales de la place du Champ Jaquet à l’ombre d’une terrasse sur une place végétalisée, de nouveaux espaces à marcher et à rouler le long de cet axe, de nouveaux espaces de rencontre avec la place Saint-Germain, les Portes Mordelaises, Place Pasteur, la Place de la Parcheminerie, qui pourront être autant de lieux d’expression artistique et culturelle.
Projetons-nous sur un espace qui restera ouvert, mais différent, où la place de la voiture retrouve sa mesure dans un souci de rééquilibrage des usages. Prétendre que Rennes n’est plus accessible est un refrain qu’il est bon ton de répéter, mais qui est faux. Pendant des années, les exploitants de réseaux routiers se sont ingéniés à fluidifier la circulation automobile en milieu urbain en augmentant le nombre de voies ou en créant de nouvelles infrastructures routières. Non seulement ces mesures se sont traduites par une place encore plus importante laissée à la voiture, mais en plus elles ont échoué à diminuer la congestion. Notre projet a au contraire pour objectif de fluidifier les circulations en rééquilibrant l’espace public et en réorientant les circulations vers les parkings, notamment en toute proximité du centre-ville. Arsenal, Kleber, Hoche, Chézy, Les Lices, Charles De Gaulle, Gare, Colombier, et bientôt Hôtel Dieu c’est plus de 6000 places disponibles. Avec l’ouverture de la ligne de métro, c’est 3 nouveaux parkings relais et l’extension de celui de la Poterie qui offriront plus de 2300 places supplémentaires. La plupart de nos stations de métro seront équipées de stations de vélos en libre-service.
Rappelons que ces stationnements sont plus économiques que le stationnement sur voirie en zone rouge. En effet pour un·e non-résident·e, 3 h en parking comme celui de Charles De Gaulle coûte 4,1 € alors que pour la même durée, se stationner sur la voie publique en zone rouge revient à 22 €. Les parcs relais ne coûtent que le prix d’un aller-retour en transport en commun. Le ticket “Pass pluriel” du Réseau Star, trop méconnu est utilisable les week-ends et pendant les jours fériés. Il permet de voyager de 2 à 5 personnes, en illimité sur le réseau bus + métro, pendant toute la journée pour 5 € et de stationner son véhicule de manière sécurisée sans frais supplémentaires.
Parcs relais, parkings de centre-ville, Pass Pluriel, vélos en libre-service et liaisons piétonnes sont autant de solutions qu’il nous faut populariser auprès des Rennaises et des Rennais, des métropolitains, mais aussi des visiteurs occasionnels. Nous avons sans doute des efforts à faire pour rendre la ville lisible notamment auprès de celles et ceux qui ne la fréquentent pas régulièrement. Et ainsi leur donner de nouvelles habitudes et sécuriser ces habitudes.
D’aucun·e·s prétendrons que nous décidons seuls et agiterons l’étendard d’une concertation faussée. Rappelons à celles et ceux qui utiliseront ces arguments que la concertation a déjà commencé plus précisément dès l’automne 2018 avec plus de 3 mois d’ateliers avec les acteurs et actrices du centre-ville, des cafés citoyens, des boîtes à idées, des marches exploratoires pendant l’opération Rennes Cœur de Ville 2030. Concertation qui s’est poursuivie avec 2 week-ends d’expérimentation : Les week-ends Zen de septembre 2018 et 2019, avec une fréquentation décuplée de notre centre-ville. Concertation et échanges qui ont perduré à travers nos campagnes électorales où nos programmes convergeaient largement sur les ambitions concernant le centre-ville. Et concertation qui va désormais continuer à travers des ateliers que nous animerons avec mon collègue Didier Le Bougeant. Ils seront programmés dès que la situation sanitaire le permettra autour des usages où tou·te·s qu’ils soient habitant·e·s et commerçant·e·s pourront faire valoir leurs besoins et penser ensemble les solutions adéquates pour y répondre.
Penser retrouver nos habitudes d’avant tout en pensant retrouver la ville d’avant est une erreur, car “l’avant” est déjà dépassé par cette crise. L’ambition de l’adjointe aux déplacements que je suis n’est pas de promouvoir moins de déplacement, mais de changer les habitudes de déplacements, ce qui va nous permettre de continuer la nécessaire transition vers un monde durable.
Sachons aujourd’hui comme hier, penser notre centre-ville pour que demain, tout en préservant son identité, sa vitalité, son caractère propre, il puisse répondre aux besoins et rendre nos villes et vies soutenables. »
Délibération n° 19 – Aménagement et services urbains, environnement – Requalification de la place du Champ Jacquet et des rues d’Antrain, Motte Fablet, Champ Jacquet, Château-Renault, de l’Horloge et de Rohan – Validation du programme et de l’enveloppe financière prévisionnelle