Catégories
À la une Commande publique – Finances Conseil municipal Matthieu Theurier Nadège Noisette

Rapport d’orientations budgétaires pour l’exercice 2021

Rapport d’orientations budgétaires pour l’exercice 2021 – Intervention de Matthieu Theurier au nom du groupe écologiste et citoyen – Conseil municipal du 8 février 2021

Présentation du rapport d’orientations budgétaires 2021 par Nadège Noisette, adjointe aux finances
Intervention de Matthieu Theurier, en tant que coprésident, au nom du groupe écologiste et citoyen

« Madame la Maire, cher·e·s collègues,

Je tiens tout d’abord à remercier les services de la Ville de Rennes et Nadège Noisette, adjointe aux finances, pour cette présentation parfaitement claire et cohérente dans un contexte où le rôle de l’adjointe aux finances s’avère particulièrement difficile. 

Au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s, je souhaite vous faire part de plusieurs points qu’il nous semble important de souligner. 

Tout d’abord sur le contexte national. Il est évident que la situation sanitaire provoque un ralentissement mondial de l’économie que tous les États subissent. Notre modèle de développement et notre modèle de financement des services publics adossés à une augmentation perpétuelle de la croissance du PIB mettent fortement à mal la capacité des États à agir. Ce modèle amène les États à pousser toujours plus la croissance économique plutôt que la transformation de notre tissu productif. Le temps que nous vivons aujourd’hui doit nous inciter à modifier nos modèles fiscaux pour, demain, plutôt venir taxer les activités financières et celles nocives à l’environnement que les activités productives, utiles au plan écologique et social.  

Ensuite, pour nous écologistes, il est évident que notre capacité de rebond face à la crise, notre résilience, viendra des territoires. Pourtant, l’action du gouvernement a été exactement à l’inverse de leur autotomie. Le Pacte de Cahors a été un outil de contrôle jamais osé jusqu’alors dans l’histoire de notre République, inacceptable pour les collectivités et totalement inefficace pour l’action publique locale. Dans le même temps nombreuses sont les mesures qui minent notre autonomie en tant que collectivité. Le meilleur exemple est la fin de la taxe d’habitation. Elle est certes une bonne nouvelle pour les contribuables, mais elle était jusqu’alors en partie maîtrisée par les collectivités et elle est désormais remplacée par une part de la taxe foncière du Département avec un manque à gagner certain pour nous vu le mode de calcul choisi. 

La fin du capage des dépenses des collectivités locales depuis la suspension du pacte de Cahors est une bonne nouvelle dans la période, mais c’est largement insuffisant. C’est d’un plan de soutien fort en faveur des collectivités locales qu’il faut mener. Elles seront les amortisseurs de demain lorsque la crise aura livré toutes ses conséquences. Ce sont aussi les mieux à même de mener la transformation écologique et sociale de notre économie. 

Et j’en viens à la situation de la Ville de Rennes. Nous avons de la chance, dans ce contexte, de pouvoir nous appuyer sur une situation particulièrement saine. 

Nous avons aussi des raisons d’espérer qu’une fois la crise sanitaire effacée, le niveau de recettes que perçoit notre collectivité revienne à son niveau de 2019. 

Mais il est évident que le contexte actuel provoque à la fois une baisse de nos recettes, une augmentation de nos dépenses pour répondre aux enjeux sanitaires, sociaux et économiques de la crise, comme la nécessité de maintenir un haut niveau d’investissement pour répondre aux besoins des habitant·e·s.

Entre 2015 et 2019, la Ville de Rennes a investi, en moyenne par habitant, davantage que les autres villes-centres de métropoles avec 287 € investis par habitant pour la Ville de Rennes contre 247 € pour les autres grandes villes. Et nous avons bien l’intention de prolonger ces ambitions, conformément aux engagements de la majorité municipale, la Ville de Rennes maintiendra un niveau d’investissement important, 80 M € en 2021 et une moyenne de 67 M € par an jusqu’à la fin du mandat. 

C’est cet engagement qui nous permet rien que pour cette année de pouvoir ouvrir l’équipement de quartier Courrouze/Antipode, le Conservatoire du Blosne, le Bâtiment Pasteur et sa nouvelle école, les jardins des Portes Mordelaises, les groupes scolaires Torigné et Simone Veil, la végétalisation des cours d’école, d’engager le projet d’une nouvelle piscine à Villejean ou encore d’engager notre action pour la plantation de milliers d’arbres. Autant de projets particulièrement attendus. 

Il n’y pas d’investissement sans nécessité d’embaucher des agents pour assurer le fonctionnement de nos services publics. Du fait du capage par l’État de nos dépenses avec le pacte de Cahors, nous étions empêchés d’embaucher de nouveaux et nouvelles fonctionnaires à la hauteur de nos besoins. Cela a des conséquences sociales fortes en particulier sur la charge de travail des agents. Cela a des conséquences sur la qualité du service rendu à nos concitoyen·ne·s. Avec la fin du capage, nous pouvons enfin avoir des prévisions d’embauche à la hauteur. Et je veux saluer l’effort important qui va être fin dès cette année avec l’embauche de plus de 60 fonctionnaires supplémentaires. C’est une très bonne nouvelle. 

Pour tenir ces engagements dans ce contexte de crise, et sans augmenter les impôts locaux, nous devons avoir recours davantage à la dette. Cet endettement supplémentaire doit évidemment se faire de manière maîtrisée pour permettre à celles et ceux qui nous succéderont de maintenir une forte capacité d’action. Le contexte actuel nous le permet, car les taux d’intérêt sont particulièrement bas et cette tendance sera durable dans le temps. La dette est donc un outil de financement pertinent dans la période.  

En tant qu’écologistes, nous sommes évidemment particulièrement vigilants auprès de qui nous empruntons. Nous ne voulons pas que notre financement puisse profiter à des acteurs financiers qui interviennent dans les paradis fiscaux, qui participent au financement des grandes entreprises climaticides. Nous ne pouvons là aussi que saluer le travail fait pour favoriser le choix de nos partenaires bancaires en fonction de critères sociaux et environnementaux avec des recours à l’emprunt auprès de banques coopératives notamment. Nous ne pouvons aussi qu’appuyer la réduction de nos recours au marché obligataire dont il nous faut progressivement sortir, car ils manquent totalement de transparence.

Pour conclure, à ce stade du débat budgétaire nous ne pouvons qu’approuver la volonté de maintenir un fort niveau d’investissement pour répondre aux enjeux sociaux et environnementaux auxquels doit répondre notre ville. Nous ne pouvons que soutenir la volonté de desserrer les embauches de nouveaux agents. Nous ne pouvons aussi que saluer la construction équilibrée, ambitieuse et prudente à la fois du budget au service de notre projet municipal, de la transition écologique, sociale et démocratique. »