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À la une Conseil municipal Matthieu Theurier

Intervention de politique générale du 8 février

Accentuer la végétalisation, monter en qualité architecturale, travailler en lien étroit avec les habitant·e·s, développer des outils pour maitriser l’urbanisation des grands boulevards urbains, et stopper les projets de grandes hauteurs, voilà parmi les modifications qu’il nous semble essentiel d’apporter prochainement au Plan Local d’Urbanisme.

Conseil municipal du 8 février 2021 –  Intervention de politique générale de Matthieu Theurier au nom du groupe écologiste et citoyen

« Madame la Maire, cher·e·s collègues,

Cela fait un an maintenant que le nouveau plan local d’urbanisme a été approuvé.  

L’enjeu principal en matière d’urbanisme nous le connaissons toutes et tous : il est avant toute chose de faire de nos villes des acteurs et actrices de la lutte contre le changement climatique. Végétalisation, production d’énergie renouvelable, mobilités actives et matériaux écologiques sont pour cela parmi les priorités. L’enjeu, il est aussi de répondre à la démographie forte que connaît le bassin rennais, pour n’exclure personne. 

Pour les écologistes, il est évident que les politiques d’attractivité ont accentué la pression démographique et donc immobilière que nous connaissons. Le préalable est donc bien d’en finir avec la compétition des territoires et la logique du rayonnement. Celles et ceux qui veulent nous emmener dans la grande compétition européenne des métropoles auront à assumer les conséquences immobilières de ce choix. Pour notre part, nous faisons le constat aujourd’hui que les équipes en place dans de nombreuses métropoles de France, et à Rennes évidemment, recentrent leur politique vers la coopération territoriale de proximité et c’est une bonne nouvelle.  

Mais ce recentrage prendra du temps avant que nous en voyions concrètement les conséquences et en attendant il nous faut répondre à la demande de logement. Cela passe par la construction, à condition qu’elle soit bien répartie entre toutes les communes de la Métropole. À condition aussi que les chiffres de construction que nous définissons avec les habitant·e·s dans le cadre du Programme Local de l’Habitat soient respectés. Les deux années à plus de 2 500 logements par an que nous avons connu ont provoqué un rythme de transformation de notre ville inégalée et sur lequel les habitant·e·s n’avaient plus prise. 

Accueillir de nouvelles populations sans exclure personne, cela passe avant toute chose par la régulation des prix : le plafonnement des loyers que nous appelons de nos vœux, l’office foncier solidaire, la politique foncière, le logement social sont autant d’actions qu’il nous faut mobiliser pour garantir le droit au logement. 

J’en viens à nos règles d’urbanisme elles-mêmes. 

Parmi les grands enjeux, il y a celui de la végétalisation. Le PLU actuel a permis de reclasser un certain nombre de terres vouées à l’urbanisation en espace agricole ou naturel. C’est le cas de 7 hectares à la Prévalaye, et de plusieurs dizaines sur la Lande du Breil par exemple. Cela a aussi débouché sur l’instauration d’une règle qui impose une part de végétalisation à toute nouvelle construction. En plus de la préservation d’espace de pleine terre que cette règle impose, il faudra sans doute inciter les promoteurs à végétaliser les espaces sur rue pour adoucir les espaces urbains en particulier sur les faubourgs de notre ville qui mobilisent toute notre attention. L’intégration systématique des matériaux biosourcés, comme par exemple le bois, le permet aussi. 

Il nous faut aussi affirmer la nécessité de préservation du patrimoine rennais. Le nouveau système de protection mis en place permet aujourd’hui d’empêcher vraiment les démolitions. Sans doute aurions-nous aussi intérêt à utiliser ce système de classement pour protéger certaines maisons individuelles avec jardin sur les grands boulevards urbains sur lesquels ces maisons disparaissent au profit d’immeubles afin là aussi d’éviter un urbanisme trop homogène sur les faubourgs. 

La plus grande qualité architecturale des constructions est aussi parmi nos revendications. Notre ville souffre de projets immobiliers trop homogènes, trop monolithiques. Et nous en sommes convaincus — les débats précédents avec les habitant·e·s nous l’ont aussi démontré — plus que la densité ce sont surtout les formes urbaines qui font débat. Le centre-ville reste le quartier le plus dense de notre ville sans que les maisons à pans de bois ne soient a priori rejetées par les habitant·e·s. Alors que les nombreux immeubles de 6 étages sur les boulevards urbains font polémiques malgré une densité moins forte. 

Le jury citoyen constitué il y a quelques mois pour établir une charte “Construction et citoyenneté” doit permettre d’engager un travail plus en lien avec les habitant·e·s et d’améliorer les architectures.   

Sur les formes urbaines toujours la question des hauteurs fait légitimement réagir de nombreux habitant·e·s de notre ville. Les écologistes ont toujours été opposés aux projets de grandes hauteurs qui ne nous semblent pas correspondre à l’histoire urbaine de notre ville. Sur les faubourgs urbains, nous avions souhaité que les hauteurs soient limitées à 8 étages et le Plan Local d’Urbanisme prévoit bien cette limitation. C’est évidemment une bonne chose.  

Mais aujourd’hui, on voit émerger plusieurs projets beaucoup plus haut, autour de 17 étages. Je pense au site actuel d’Aiguillon construction à la Poterie, ou le projet de la route de Vezin. À ces endroits comme ailleurs nous pensons toujours que de telles hauteurs ne sont pas cohérentes avec le tissu urbain existant et nous souhaitons que ces projets puissent être revus. 

Accentuer la végétalisation, monter en qualité architecturale, travailler en lien étroit avec les habitant·e·s, développer des outils pour maitriser l’urbanisation des grands boulevards urbains, et stopper les projets de grandes hauteurs, voilà parmi les modifications qu’il nous semble essentiel d’apporter prochainement au Plan Local d’Urbanisme. Pour affirmer Rennes comme une ville verte et solidaire. Pour faire en sorte que le rythme de transformation de notre ville soit lui aussi à échelle humaine. »