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À la une Conseil municipal Matthieu Theurier

Un PLU pour une ville solidaire et écologique

[Conseil municipal du 4 février 2019]

Le PLU de Rennes participera de la construction d’une ville solidaire et écologique. Mais la densification de la ville – qui n’est pas synonyme de hauteur – doit avoir pour contrepartie une végétalisation importante et rapide de l’espace urbain et une attention particulière à la préservation du patrimoine et à la qualité architecturale.

 

 

Conseiller municipal

Co-président du groupe écologiste

Vice-président de Rennes Métropole en charge de l’ESS

 

Intervention de Matthieu THEURIER au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s 

La construction d’un plan local d’urbanisme, et a fortiori d’un Plan Local d’Urbanisme Intercommunal, est un processus long et nous avons déjà eu à plusieurs reprises l’occasion d’affirmer notre vision d’un projet urbain qui doit faire de Rennes une ville verte, bleue, solidaire et écologique.

Il y a tout juste un an, nous énoncions nos sept propositions pour une ville qui met en œuvre la transition écologique. Végétalisation, avec notamment l’instauration d’un coefficient de biotope ; réconciliation de Rennes avec ses rivières, avec la réalisation d’une grande trame bleue ; vélorution et réduction de l’emprise de la voiture ; transition énergétique et développement des éco-matériaux pour la construction ; préservation du patrimoine rennais ; cohésion et mixité sociale, avec l’attention à porter à tous les quartiers ; et enfin démocratisation, avec notamment une concertation à la hauteur des enjeux et des attentes des Rennais·e·s. Aujourd’hui, force est de constater que ces sept propositions, nous avons su les intégrer pleinement au plan local d’urbanisme dont nous parlons ce soir.

La ville que nous voulons, elle est plus végétale, moins minérale, apaisée, réconciliée avec son fleuve.

Elle fait toute sa place aux piétons et cyclistes. Elle intègre pleinement la question de la santé et la notion de bien-être dans son développement.

La ville que nous voulons elle est à taille humaine et dotée de services de proximité.

Elle met en œuvre tous les moyens nécessaires pour assurer son autonomie énergétique. Elle fait pour cela en sorte que toutes les nouvelles constructions soient autant de potentiel de production d’énergie renouvelable. Elle engage dans le même temps des programmes ambitieux de réhabilitation qui permettent de réduire nos émissions de gaz à effet de serre tout en allégeant les charges d’énergie des ménages.

La ville que nous voulons c’est une ville qui cherche à préserver les ressources naturelles et qui se donne les moyens de sortir progressivement du tout béton pour développer intelligemment les filières des éco-matériaux et du réemploi.

C’est une ville qui recherche son autonomie alimentaire en préservant les terres agricoles et naturelles, en relocalisant les productions.

Enfin, c’est une ville solidaire, qui affirme toujours la nécessité de la mixité sociale, qui assure l’accès au logement de tou·te·s et les services nécessaires au bien être de tou·te·s.

Nous avons déjà eu l’occasion de le dire, le projet urbain Rennes 2030, tout comme le Plan Local d’Urbanisme Intercommunal, vont de notre point de vue en ce sens. Ils dotent notre territoire des outils pour mettre en œuvre sa transition écologique et solidaire.

Il est pour autant des points importants qui continuent de faire débat. Si tout un chacun s’accorde sur la nécessité de produire du logement pour accueillir toutes les populations, le rythme actuel de transformation de notre ville inquiète. Nous ne partageons pas la satisfaction exprimée lorsque les chiffres de la construction explosent les objectifs fixés par le Programme Local de l’Habitat. L’objectif de production de logement, de notre point de vue, s’inscrit et se mesure sur un temps long pour que le rythme de transformation de la ville soit lui aussi à échelle humaine.

La nécessaire densification de la ville doit avoir pour contrepartie une participation accrue des citoyens à la mise en œuvre du projet urbain.

La nécessaire densification de la ville doit avoir pour contrepartie végétalisation rapide et importante de l’espace urbain.

Cela commence en premier lieu par la préservation des espaces de nature déjà existants et notamment les jardins. Cela passe aussi par le coefficient de biotope qui impose une part de végétalisation à toute nouvelle construction, et qui fait son entrée dans les documents d’urbanisme. Cela passe enfin, par la contraction de la place occupée aujourd’hui par la voiture. La végétalisation de la ville n’est de même possible que si la voiture libère la place au profit de parcs, de places, d’espaces de nature et de de vie.

La contrepartie à la densification doit être aussi une qualité architecturale retrouvée et surtout variée.

La contrepartie à la densification, c’est aussi une attention accrue à la préservation du patrimoine.

Les choses avancent sur ce point puisque le nouveau PLU vient clairement renforcer les protections en limitant un peu plus les possibilités de destruction de bâtiments d’intérêt mais il nous faut maintenir toujours notre vigilance à ce que l’évolution de notre ville se fasse à l’appui de son histoire.

Nous voulons aussi le redire ce soir, densité n’est pas synonyme de hauteur.

Le Blosne est le quartier le moins dense de Rennes quand le centre-ville est le plus dense ; et pourtant les bâtiments hauts se situent plus au Blosne qu’autour de la place Sainte-Anne. La densification doit se faire en cohérence avec le paysage urbain existant. Un immeuble de 7 étages sur la station de métro Jules Ferry, là où il existe déjà des hauteurs similaires sur le boulevard de Fougères, la fac de droit ou encore le bâtiment des archives, oui c’est cohérent. Nous sommes beaucoup plus réticents aux hauteurs qui se font jour sur Baud Chardonnet par exemple, et très opposés au projet d’immeuble de grande hauteur (IGH) sur EuroRennes.

J’insiste aujourd’hui particulièrement sur ces questions, car ce sont justement celles qui ressortent le plus souvent des phases de concertation et elles font aussi partie des réserves émises par la commission d’enquête. La commission pointe notamment la nécessité de maintenir les engagements énoncés lors de la concertation sur la ZAC du Haut Sancé. Là ou le travail avec les habitant·e·s avait permis de définir un projet important en nombre de logements, mais bien inséré dans le paysage urbain, avec une présence végétale importante, la reconfiguration du centre commercial et des hauteurs ne dépassant pas les 9 étages, la tentation était apparue d’envisager finalement un projet avec plusieurs immeubles assez hauts dont un de 16 étages, suscitant à juste titre la colère des habitant·e·s.

De même, les changements envisagés sur les secteur Oradour, Motte Brulon ou encore de Lattre de Tassigny permettaient à l’avenir la construction de bâtiments bien plus hauts que la topographie urbaine existante et ont suscité là encore des réactions fortes des habitants.

Si la densification de la ville ne fait pas débat, la façon de faire cette densification elle est l’objet de discussions. Les écologistes que nous sommes insistent sur cette question depuis longtemps, elle est apparue fortement lors de la phase de concertation Rennes 2030 et elle apparaît à nouveau lors de l’enquête publique.

Une fois cela dit, vous nous indiqué, Madame la Maire, Monsieur l’adjoint à l’urbanisme, vouloir tenir compte des avis de la commission et donc revenir aux projet initiaux sur Haut Sancé, ainsi que sur les secteurs Oradour, Motte Brulon et De Lattre de Tassigny. C’est une bonne chose et il n’y a pour les écologistes aucun obstacle à émettre un avis favorable sur l’adoption des nouveaux documents d’urbanisme de Rennes et sa Métropole, au delà des remarques que j’ai pu faire précédemment.

Pou conclure, vous me permettrez une dernière remarque. Rennes est une ville citoyenne. Aujourd’hui comme demain, les projets urbains se doivent d’être pensés et construits dans un partenariat associant les habitant·e·s, les élu·e·s, les services de la ville, les professionnel·le·s de l’aménagement. La généralisation de cette façon de faire est la garantie d’un développement urbain compris, approprié, harmonieux et au service de tou·te·s les habitant·e·s. La procédure d’enquête publique est sûrement imparfaite, sûrement améliorable, mais on le voit encore ce soir, elle peut participer de cette co-construction des politiques publiques, elle permet d’intégrer la parole citoyenne aux projets de territoires et en particulier quand ceux-ci ont un fort impact environnemental. La tentation du gouvernement de supprimer purement et simplement le processus d’enquête publique est une hérésie démocratique, elle sera expérimentée en Bretagne, elle aura des conséquences lourdes sur la protection de l’environnement, nous y sommes farouchement opposés.