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Une boîte à outils pour la transformation écologique et sociale de notre territoire

[Conseil métropolitain du 13 décembre 2018]

Le plan local d’urbanisme intercommunal a été « arrêté » en conseil de Rennes Métropole avant d’être mis à l’enquête publique. C’est une précieuse boîte à outils dont toutes les communes de la métropole se serviront pour poursuivre la transition écologique et solidaire.

 

Conseiller métropolitain

Président du groupe écologiste et citoyen de Rennes Métropole

Intervention de Morvan LE GENTIL au nom du groupe écologiste  et citoyen

Pour nous écologistes, l’élaboration d’un Plan Local d’Urbanisme Intercommunal est une belle opportunité. L’opportunité de consolider un projet de territoire commun à l’ensemble des communes de notre Métropole. L’opportunité aussi de doter ces communes et la Métropole d’une boîte à outil partagée pour engager la nécessaire transformation écologique et sociale de notre territoire.

C’est pourquoi nous avons contribué à l’élaboration de ce document et, comme nous avons déjà eu l’occasion de le dire, nous nous reconnaissons dans ses grandes orientations.

La première d’entre elle consiste à engager « une dynamique de transition qui permet de concilier les enjeux de développement et de sobriété ». On ne peut que saluer le fait que 78 % du territoire de Rennes métropole soit classé en zone naturelle et agricole, que les grandes trames vertes et bleues indispensables à la préservation de notre environnement soient confirmées. C’est pour nous l’affirmation du caractère à la fois rural et urbain de notre territoire, c’est pour nous l’affirmation d’une volonté de construire un territoire qui soit capable de répondre à ses propres besoins notamment en matière d’alimentation, c’est pour nous l’affirmation d’un territoire soucieux de préserver sa biodiversité et ses espaces naturels.

Une métropole qui allie territoires urbains et ruraux, qui conserve ses espaces naturels et agricoles c’est ce qu’avaient déjà envisagé nos prédécesseurs lorsqu’ils ont fait le choix de construire la ville-archipel, cette ville qui préserve les grandes liaisons naturelles comme la ceinture verte ou la vallée de la Vilaine, cette ville qui a construit son développement sur l’armature urbaine existante sans créer de grandes conurbations ni de banlieues. La volonté de construire une métropole à taille humaine reste totalement d’actualité dans ce qui remonte des débats avec les habitants et c’est cette volonté que nous intégrons ainsi dans notre document d’urbanisme.

Le second objectif consiste à « accueillir le développement dans le respect des objectifs d’économie d’espace ». Ce second objectif est d’ailleurs indissociable du premier. On ne préservera pas les terres naturelles si on ne freine pas l’étalement urbain.

 

 

L’urbanisation très rapide de notre territoire inquiète légitimement. Elle grignote chaque jour un peu plus les territoires naturels et agricoles de façon préoccupante et dramatique pour la biodiversité. Sans négliger l’important travail qui a déjà été réalisé par Rennes Métropole en la matière, il est urgent d’amplifier encore le niveau de préservation des terres non urbanisées et de réduire à portion congrue celles dédiées demain à la construction.

L’objectif de 0 nouvelle terre urbanisable doit être notre horizon à terme.

C’est bien vers cette tendance que nous emmène le PLUi, puisque là où le SCOT nous permet d’urbaniser 3 500 hectares supplémentaires à 2035, nous n’en inscrivons que 2 300. Ceci dit, même ces 2 300 sont au dessus de nos besoins : si l’on regarde la consommation foncière de ces dernières années, le besoin de la métropole est plutôt de l’ordre de 1 500 hectares. On ne peut pas complètement prévoir 15 ans à l’avance quels seront les secteurs de développement et il est donc normal de constituer des réserves foncières au-delà des besoins mais notre objectif pourrait être de rester en dessous des 1 500 ha réellement consommés dans 15 ans.

Pour préserver les terres agricoles et naturelles, la densification est nécessaire, inévitable. Le PLUi indique d’ailleurs des objectifs de renouvellement urbain important et c’est une bonne chose. Mais elle n’est pas synonyme de bétonisation des communes qui composent notre métropole.

Nous savons qu’il est possible d’inventer ensemble une ville dense et végétale à la fois, c’est d’ailleurs ce que devra permettre le coefficient de végétalisation dont nous saluons l’intégration au PLUi.

 

Dans cet esprit, nous ne pouvons que déplorer, contester certains projets spacivores portés encore aujourd’hui par notre Métropole. Le récent feu vert donné par le Conseil d’État à la construction de 40 000 m² de surface bâtie, 27 000 m² d’espaces commerciaux et 1 400 places de parking à Pacé est de notre point de vue une aberration. Ce mastodonte détruira encore des terres naturelles et agricoles. En plus de porter une grave atteinte à l’environnement, ce projet de centre commercial périphérique met en danger le commerce de proximité et militera immanquablement contre le repos dominical. Alors que nous travaillons à la revitalisation du commerce de centre-ville dans chaque commune de la métropole, c’est un signal contradictoire qui est envoyé au consommateur. D’autre part, avec ce type d’équipement, on encourage encore les déplacements en voiture individuelle alors que c’est précisément une des habitudes que nous voulons faire évoluer vers des modes de transport moins nocifs pour la qualité de l’air et la santé des habitant·e·s. En votant ce PLUi nous devons avoir le courage de la cohérence, pas seulement juridique mais aussi – surtout – en termes de vision et de valeurs.

 

Un autre objectif essentiel du projet urbain est la solidarité. La mixité sociale, construite progressivement depuis des années, amplifiée demain par l’Office Foncier Solidaire et le Loyer Unique sont autant d’outils que viendront consolider la longue tradition de notre Métropole dans le domaine.

Il faut aussi redire – d’ailleurs le mouvement des Gilets Jaunes nous le rappelle – que l’équilibre social du territoire passe aussi par une juste répartition des activités économiques et commerciales et des services à la population. La solidarité n’est possible que grâce à un aménagement équilibré du territoire que devra garantir notre futur Plan Local d’Urbanisme intercommunal.

La segmentation des activités, l’étalement urbain, rendent des milliers de personnes dépendantes à la voiture et aux variations des cours du pétrole, énergie non renouvelable et dont le coût ne peut qu’augmenter inéluctablement, entraînant avec lui les fractures sociales que nous connaissons aujourd’hui.

 

La question des déplacements d’une certaine manière est le défi de la ville-archipel, la clé de voûte qui permettra de valider totalement ce modèle.

Après l’ouverture de la seconde ligne de métro, il est évident que l’enjeu reste entier quant aux déplacements entre la deuxième couronne et le cœur de la métropole.

L’enjeu reste entier pour apporter des solutions à celles et ceux qui restent fortement dépendants de la coûteuse voiture alors qu’ils sont souvent les moins bien nantis. Et c’est bien là le sens de notre proposition d’un RER métropolitain que d’apporter un complément aux deux lignes de métro. Ce train du quotidien, rapide, cadencé, utilisant les cinq voies ferrées existantes et qui pourrait desservir 16 communes de la métropole et plusieurs quartiers de Rennes est nettement concurrentiel à un prolongement du métro. Nous avons les lignes, nous avons les usagers, c’est cette carte-là qu’il nous faut jouer. Aux heures de pointe, les trains sont bondés, c’est la fréquence qui fait défaut – augmentant au passage le coût de l’investissement par passager. D’autres territoires européens, notamment l’Allemagne ont fait le pari de relancer leur ligne de train de proximité. Et le succès est bien au rendez-vous, y compris dans ces zones peu dense où les autres modes lourds n’ont pas leur place.

Le bus à haut niveau de services fait aussi partie des solutions. Il nous faudra travailler dans les années à venir à la mise en place de voies dédiées aux BHNS sur les grands axes reliant les communes de notre agglomération.

Le déploiement du réseau express vélo devient aussi urgent. En effet, si les bons chiffres de l’enquête ménage font apparaître une baisse importante de la part d’utilisation de la voiture, ils démontrent aussi que les marges de manœuvre sur les déplacements cyclables restent encore extrêmement importantes.

Nous notons avec satisfaction, que si les habitants ont bien souligné dans la concertation PLUi les problèmes de congestion automobile, pas un ne propose un plan routier, ou des dédoublements de quatre voies existantes. Car les habitant·e·s ont bien intégré que plus de routes c’est toujours plus de voitures et qu’à la fin rien n’est résolu. Leur demande porte à l’inverse sur plus de liaisons douces, de transports en commun, de covoiturage, de services de proximité, de nature, d’espaces naturels et de patrimoine préservés. Ils aspirent à une métropole à taille humaine, solidaire, qui affirme ses spécificités, son caractère rural et agricole, et où densification rime avec transition, écologique s’entend.

 

Ils aspirent, au fond, à un cadre de vie. Et c’est l’occasion de souligner l’un des aspects les plus originaux, novateurs de ce PLUi : l’OAP Santé Climat Énergie qui affirme que la santé et le bien-être des habitant·e·s doivent être notre ligne d’horizon. Ça paraît banal dit comme ça, et pourtant cela replace bien le sens des priorités qui doivent être les nôtres. Car comme il y est écrit, « les choix de planification et d’aménagement du territoire influencent la santé, la qualité de vie et le bien-être des populations ». Tous les enjeux de santé publique (obésité, asthme, exposition aux agents délétères, stress ou dépression…) sont conditionnés par la qualité de l’environnement urbain. C’est pourquoi s’acheminer vers un urbanisme favorable à la santé figure comme l’objectif numéro 1 de cette OAP. Car c’est bien dans une logique de prévention et de réduction des coûts sociaux que nous l’avons élaborée. Nous sommes probablement l’une des premières collectivités à avoir intégré une ambition spécifique et c’est une bonne chose.

Les habitants nous appellent à construire une éco-métropole et à engager les grands changements qui nous permettront d’atténuer les conséquences du dérèglement climatique.

Conséquences qui, nous le disons depuis longtemps, seront autant environnementales que sociales.

Alors, il faut le redire, il n’y pas de solidarité sans écologie, il n’y a pas d’écologie sans solidarité. Le projet urbain que nous avons à adopter ce soir est un document essentiel car il doit permettre une organisation du territoire qui permette à tout à chacun de pouvoir moins utiliser sa voiture et ainsi réaliser de substantielle économie, il doit aussi permettre de favoriser les réhabilitations énergétiques des logements, de construire des logements passif qui n’ont plus besoin de système de chauffage pour conserver une température de 20°, il doit aussi permettre le développement massif des énergies renouvelables, notamment en matière de chauffage urbain et ainsi permettre à tout à chacun de réaliser de substantielles économies ; il doit aussi permettre de préserver une agriculture de proximité pour une alimentation de qualité rémunératrice pour les agriculteurs et accessible pour les consommateurs. À l’heure où l’essentiel des charges contraintes qui pèsent sur les ménages sont liés aux déplacements, à l’énergie et à l’alimentation, notre projet urbain apporte des réponses éminemment sociales parce qu’il a su se donner une véritable ambition écologique.

Vous l’aurez compris nous voterons pour ce plan, et accompagneront sa mise en œuvre avec la plus grande ambition.