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Conseil métropolitain Nadège Noisette

Manifeste pour l’emploi : ESS et commande publique devront trouver leur place

[Conseil métropolitain du 30 mars 2017]

Un manifeste pour l’emploi a été présenté en conseil métropolitain. Ce document s’accompagnera d’un pacte qui permettra la mise en oeuvre d’actions concrètes en faveur de l’emploi. Nous serons vigilants à ce que l’économie sociale et solidaire et la commande publique y soient fortement impliquées.

Conseillère métropolitaine Intervention de Nadège NOISETTE au nom du groupe écologiste

citationVous nous proposez là un sujet d’importance. À un mois des élections présidentielles, dans le contexte d’une campagne que l’on a rarement connu aussi délétère, il est agréable de pouvoir discuter sur le fond d’une véritable préoccupation, et pour nos concitoyens, et pour notre collectivité.

Le manifeste pour l’emploi qui nous est présenté ce soir pose les valeurs qui nous animent dans notre politique d’emploi. Nous partageons bien sûr ces valeurs. Oui, les politiques de l’emploi doivent s’adosser à un développement économique socialement et écologiquement responsable. Oui, elles doivent gagner en efficacité et en lisibilité au bénéfice des usagers.

Pour cela il est nécessaire de partir du besoin des habitants. C’est une petite révolution mentale qu’il nous faut opérer car trop souvent nous partons, à l’inverse, des besoins des entreprises uniquement. Et nos politiques tentent de faire entrer dans les cases des travailleurs qui ne s’y retrouvent pas. Ni les entreprises, d’ailleurs, notamment celles des filières en tensions qui peinent à recruter comme certaines industries agroalimentaires, les entreprises du bâtiment ou des services à la personne. Travailleurs précaires, travailleurs pauvres qui cumulent plusieurs emplois, travailleurs en souffrance physique ou psychique, jeunes orientés vers des filières professionnelles par défaut, le travail quand il est là, ne suffit plus parfois, ni à la subsistance, ni à l’épanouissement personnel.

Nous ne pouvons pas nous satisfaire de réaliser des études sur les filières en tension et continuer d’orienter les jeunes demandeurs d’emploi vers des métiers dont on sait qu’ils cumulent pour certains la plupart des accidents du travail, des troubles musculosquelettiques, des intoxications ou des maladies chroniques. Il nous faut accompagner le tissu économique dans des mutations d’échelle, de pratiques et d’économie.

Comme nous y invitent les travaux
du Codespar, il faut l’aider à améliorer
la qualité des emplois proposés,
la formation professionnelle tout au
long de la vie, l’accès à des évolutions de carrière
ou des réemplois dans d’autres métiers.
Voilà un chantier ambitieux, déjà engagé
au sein de la MEIF, qu’il nous faut renforcer.

Une politique d’emploi cohérente est aussi une politique qui doit s’adosser à notre politique de cohésion sociale de façon assumée. Les inégalités devant l’accès à l’emploi sont multiples mais bien connues. Discriminations faites aux femmes, discriminations liées à l’origine géographique et ethnique, liées à l’âge pour les jeunes mais aussi pour les plus âgés, liées aux handicap. C’est pour ça qu’il est bon de réaffirmer les valeurs d’égalité entre les femmes et les hommes et de lutte contre les discriminations.

Mais les inégalités dans l’accès à l’emploi commencent bien avant. Dès l’école bien-sûr, dès l’orientation professionnelle, dès le premier emploi. La mission locale dont le but est d’accompagner les jeunes de 18 à 25 ans sait bien qu’avant d’accéder à un emploi, le chemin est long parfois. Problèmes de logement, de santé, grande pauvreté, échec scolaire, ruptures familiales et décohabitation forcée, les facteurs sont nombreux et se cumulent souvent.

Ces jeunes sont fragilisés, ils manquent de confiance en eux et parfois des compétences psychosociales de base dont nous avons besoin dans une vie professionnelle.

Ce sont tous ces freins aussi que la Mission Locale doit lever pour accompagner les jeunes usagers vers un projet professionnel ou une formation.

L’intégration annoncée de la Mission Locale à notre politique d’emploi doit nous aider à penser cette cohérence entre accompagnement social et politique de l’emploi. Notre politique de la ville et notre politique de l’emploi doivent aussi pour ces raisons marcher main dans la main dans ce combat-là.

Mais le manifeste pour l’emploi
n’aura de véritable intérêt que
s’il amène de nouvelles actions concrètes.

Pour les écologistes, il sera nécessaire de lui adosser un plan d’action pour booster la mutation de notre économie en développant les emplois de demain, créateurs de richesse locale et d’emplois de qualité.

L’économie circulaire, la rénovation énergétique
des bâtiments, les mobilités actives,
l’agriculture biologique, les énergies renouvelables
ou le numérique sont autant d’emplois sociaux
et solidaires non délocalisables et indispensables
à notre territoire.

Il est nécessaire aussi de jouer
sur le formidable levier de la
commande publique pour
favoriser l’emploi.

Il semble être un peu oublié dans ce manifeste. Pourtant la politique d’achat à Rennes et Rennes Métropole en 2016 c’est 146M€ de travaux qui dans la moitié des cas sont attribués à des entreprises du territoire de la métropole. Il s’agit là d’un véritable levier pour les PME et TPE de notre territoire. Ces actions doivent d’ailleurs être consolidées prochainement dans un schéma de la commande publique responsable.

De même, le secteur de l’économie sociale et solidaire
doit être regardé de près. Malgré une raréfaction
des subventions publiques, les entreprises associatives
et coopératives ont créé plus d’emplois que l’économie
classique.

À l’échelle de Rennes Métropole elles ont représenté 25 % des créations d’emplois nettes en 2015 alors même qu’elles ne représentent que 13 % des entreprises du territoire. Mener une politique d’emplois efficace c’est donc amplifier nos actions en faveur de ces entreprises.

Enfin, nous souhaitons que Rennes Métropole
se porte candidate pour devenir
un « territoire zéro chômeur ».

Déjà expérimenté dans le pays de Redon, ce dispositif permet de proposer à toute personne en chômage de longue durée et qui le souhaite, un emploi en contrat à durée indéterminée au sein d’une entreprise de l’économie sociale et solidaire. Le financement est adossé au coût des prestations sociales qui seraient versées aux personnes si elles étaient restées sans emploi. Ainsi, la prestation sociale se transforme en salaire et participe concrètement à la création d’emplois utiles aux territoires.

Le manifeste pour l’emploi est un premier pas. Nous nous attacherons à construire concrètement les priorités et les actions retenues dans le pacte. Vous l’aurez compris : économie circulaire, ESS, environnement sont des secteurs que nous souhaitons voir mis en avant dans le Pacte tout comme l’importance de la commande publique. Car c’est dans sa déclinaison stratégique et opérationnelle que va se jouer l’avenir de notre politique d’emploi.