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Conseil municipal Matthieu Theurier

Budget : Rennes en route vers l’énergie solaire citoyenne

[Conseil municipal du 5 décembre 2016]

Le rapport d’orientations budgétaires a fait l’objet d’un débat en conseil municipal. Avec un fort niveau d’investissement, le budget 2017 reste ambitieux en matière de culture, de démocratie locale, de solidarité, de cohésion sociale, d’emploi et de transition écologique.

Conseiller municipal

Co-président du groupe écologiste à la Ville de Rennes

Intervention de Matthieu THEURIER au nom du groupe écologiste 

citationCela n’aura échappé à personne, nous entrons dans une année d’élection présidentielle. En tant qu’élus municipaux nous sommes évidemment concernés par les débats à venir car le budget de la Ville de Rennes dépend bien pour partie des choix budgétaires de l’État. Et nous pouvons d’ores et déjà dresser un bilan des choix faits par le Président Hollande et ses gouvernements. Celui de réduire de 3 milliards d’euros les dotations aux collectivités est un véritable échec. La volonté de redresser les comptes publics après les dérapages inconsidérés et inégalés des équipes Sarkozy qui ont vu la dette de la France se creuser de 600 milliards d’euros était évidemment louable. Celui de faire peser les efforts en premier sur les collectivités locales quand dans le même temps les grandes entreprises bénéficiaient de larges crédits d’impôts était une erreur. La baisse des dotations aux collectivités a eu pour effet une réduction de leur volume d’investissement de 6,6 %. Lorsque l’on sait que les collectivités locales sont à l’origine de 75 % de l’investissement public en France, que cet investissement est parmi les grands pourvoyeurs d’emplois, ce choix était contraire aux ambitions affichées et louables de réduction de la courbe du chômage. Lorsque l’on sait qu’un million d’euros d’argent public investi dans la solidarité permet la création de 25 emplois, qu’un million d’euros d’argent public investi dans la transition énergétique permet la création de 14 emplois, on ne peut que constater que la baisse des dotations aux collectivités comme le CICE sont autant d’occasions manquées pour la lutte contre le chômage en France. Plutôt qu’une politique aveugle de réduction des dotations, c’était bien une politique d’investissements ciblés vers la solidarité, l’écologie et donc l’emploi qu’il fallait mener.

On pourra d’ailleurs constater qu’en 2017 cette baisse des dotations aux collectivités continuera, mais avec une ampleur moindre. Doit-on y voir un petit cadeau aux élus locaux en cette année d’élection ou bien au final le signe que cette politique n’est pas réellement assumée ? Dans les deux cas, c’est une façon de faire assez cynique que nous ne pouvons que déplorer. Alors que le FMI lui-même revient sur son dogme libéral et demande aux États d’augmenter la dépense publique pour soutenir leur économie, en cette année 2017, pour préserver les capacités d’investissement de notre Ville, il nous faudra nous employer pour qu’aucun des projets économiques défendus par Valls, Fillon ou Macron, ne puisse être porté jusqu’à la Présidence de la République puisque tous prévoient de poursuivre cette politique d’austérité.

Mais haut les cœurs, la Ville de Rennes verra donc en 2017 ses capacités d’investissement se desserrer un peu. Et bien que l’adjoint aux finances continue à affirmer que notre collectivité se doit de participer « à l’effort de redressement des comptes publics », doux euphémisme pour éviter d’employer le mot « rigueur », les écologistes ne peuvent que saluer le fort niveau d’investissement, maintenu par notre ville autour de 50 millions d’euros chaque année. Il s’agit bien là d’un choix fort de notre majorité, à l’encontre de ceux faits au plan national.

Le budget 2017 sera dans la continuité de celui de 2016. Cela ne l’empêche pas de continuer à être marqué par des choix affirmés. On pourra souligner l’ambition culturelle maintenue, le fort niveau d’investissement en matière éducative et de solidarité ou encore la mise en œuvre de la saison 2 du budget participatif dont le succès ne se dément pas avec 630 projets déposés cette année. Autant de politiques fortes pour lesquelles notre ville est aujourd’hui reconnue.

En 2017, comme en 2016, politique de solidarité affirmée, avec une dotation au CCAS qui continue sa hausse. S’il avait fait lieu de débats au sein de la majorité en début de mandat, le volume du budget au monde associatif est bien maintenu. Ce budget est un vrai investissement pour la cohésion sociale et la solidarité dans notre ville mais aussi, et il faut le redire, pour l’emploi. Les associations employeuses, et plus généralement les entreprises de l’Économie Sociale et Solidaire, ont continué à créer des emplois après la crise de 2008.Entre 2010 et 2015, au niveau régional, l’ESS créait 7 000 emplois tandis que l’économie classique en détruisait 2 500 ! En 2015 en Bretagne, 45 % des créations nettes d’emplois relèvent de l’ESS, ce qui correspond à 1 125 emplois créés. À l’échelle de Rennes Métropole, ce sont 360 emplois créés en ESS, représentant 25 % du total des créations.

Une politique d’emploi efficace se doit d’investir auprès des entreprises sociales, qu’elles soit associatives ou coopératives.

Et pourtant, encore aujourd’hui, elles sont bien moins subventionnées que les entreprises classiques.

C’est l’un des enjeux de la construction de la plateforme d’innovation sociale SolidaRen. Issu de l’accord d’entre deux tours entre la liste Changez la ville et la liste Rennes Créative et Solidaire, ce projet désormais mené par notre collègue Pauline Salaün devra voir le jour en 2017. Il a pour première ambition d’apporter de nouveaux services à celles et ceux qui vivent la précarité. La plateforme devra aussi être un outil qui facilite la création d’entreprises sociales et d’emplois. Il faudra pour cela parfaitement articuler son action avec l’incubateur d’entreprises sociales Startijenn porté par Rennes Métropole qui a ouvert ses portes au mois d’octobre 2016 et qui accompagne d’ores et déjà des projets de création de conciergeries au Blosne et à Cleunay, un projet de ressourcerie, ou encore d’entreprise adaptée pour l’insertion des personnes atteintes de troubles autistiques.

L’année 2017 sera aussi celle de la mise en œuvre du projet « Rennes 2030 ».

La renaturation des prairies Saint-Martin sera engagé. Le square Antoine Jagu sera rouvert avec en prime désormais un accès aux berges de l’Ille. Deux projets qui affirment notre ambition de réconcilier la ville avec ses cours d’eau. Un des grands enjeux de « Rennes 2030 » est également de faire toute sa place aux vélos en ville. Si l’arrivée du métro provoquera un élargissement important du plateau piétonnier, le vélo cherche encore les moyens de ses ambitions. La mise en œuvre du plan vélo rennais demande à faire des choix budgétaires. Mais je ne doute que nous saurons dans les mois à venir mettre les moyens de tenir nos engagements.

Enfin, puisque l’année 2016 a vu se conclure les accords de Paris lors de la COP 21, il nous faut désormais tenir nos engagements en faveur de la transition énergétique. Ils consistent notamment à produire 20 % de l’énergie que nous consommons via des énergies renouvelables en 2020, c’est à dire dans trois ans. Aujourd’hui nous sommes à 8%. Il s’agit donc d’accélérer.

Lors du Conseil municipal de ce soir nous créerons une régie dédié à la production photovoltaïque. Nous faisons le vœu que ce nouvel outil permette de systématiser l’installation de panneaux solaires sur les bâtiments neufs ou devant subir d’importantes réhabilitations.

Surtout, ce nouvel outil nous offre la possibilité de créer un véritable système de financement participatif. Nous avons là l’opportunité d’inviter demain les supporters du stade rennais à investir dans une toiture photovoltaïque sur le Roazhon Park, à associer les parents d’élèves pour l’installation de panneaux solaires sur les écoles, et l’ensemble des Rennais pour la transition énergétique de notre ville.