Conseiller métropolitain
Président du groupe écologiste de Rennes Métropole |
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Intervention de Morvan LE GENTIL au nom du groupe écologiste
Notre dernier échange sur les orientations budgétaires métropolitaines ne date pas d’un an, et ces mois n’ont pas livré de révolution dans un sens ou un autre : mon propos reprendra donc largement l’esprit de celui développé en janvier dernier.
Encore une fois, les orientations présentées ce soir vont globalement dans le bon sens.
La troisième partie du rapport, notamment, présente une colonne vertébrale lisible pour la stratégie du territoire, intégrant la diversité des schémas et plans d’actions qui sont actuellement en phase de gestation ou d’implémentation.
Certes, sur le plan économique nous restons quelque peu circonspects face à la vision du rayonnement, de l’attractivité de la destination Rennes, comme solution ultime. Nous préférerions voir davantage affirmées des logiques de responsabilité des entreprises, de conversion industrielle ou d’économie sociale et solidaire. Mais nous notons que les dimensions de coopération, de filières, d’animation et d’accompagnement des acteurs économiques sont désormais bien ancrées parmi nos priorités.
Les autres piliers du développement durable ne sont pas oubliés dans les déclinaisons thématiques. Les solidarités, la transition écologique sont ainsi affichées clairement. Certains sujets ont connu des avancées notables ces derniers mois, avec la mise en œuvre d’un nouveau PLH, la structuration de la gestion publique de l’eau, l’optimisation et la réduction des déchets. D’autres, que nous appelions de nos vœux en janvier, semblent désormais partir sur de bonnes bases : on peut citer le schéma directeur pour les réseaux bois et déchets, le conventionnement avec le monde agricole, ou encore le Plan climat air énergie territorial (PCAET) dont le volet « production d’énergie renouvelable » trouve une première traduction à travers une étude actuellement en démarrage.
Cohésion sociale : il faut soutenir l’action des communes
Sur le plan de la cohésion sociale nous maintenons en revanche qu’il nous manque une dynamique d’ensemble pour soutenir l’action des communes.Notre politique ambitieuse d’habitat social, réparti sur tout le territoire métropolitain, avec demain un loyer uniformisé, demande aussi à niveler par le haut les services qui seront proposés aux plus fragiles. Nous pensons que la Métropole peut avoir une plus-value dans la construction des réponses, en soutien technique, en animation de réseau, en montée en compétence des équipes, en coordination des actions… sans nous substituer aucunement aux communes, nous pouvons contribuer davantage à la qualité des soutiens proposés.
Par ailleurs, ne serait-il pas également opportun de proposer aux communes de la métropole un guichet numérique comme il en existe un pour Rennes ? Nous en avons les moyens techniques. Dans le cadre de la modernisation du service public, à travers le Schéma directeur du numérique en cours, la possibilité d’accomplir certaines démarches administratives par le biais d’une interface numérique, contribuerait notablement à l’amélioration des services aux citoyens.
Donnons-nous les moyens d’impliquer les habitants
Nous devons également nous pencher sérieusement sur la question de la participation des habitants aux politiques métropolitaines. Nos décisions sont réputées techniques, difficiles à comprendre, mais elles sont pourtant ancrées dans le quotidien – et de plus en plus avec nos nouvelles compétences. Les phases de concertation communale autour du PLUI seront l’occasion de tester des formules innovantes et on a vu, par exemple autour du projet Vilaine Aval, à quel point cela pouvait s’avérer pertinent.
Mais au-delà, qu’attendons-nous pour faire aboutir notre engagement d’une retransmission vidéo de nos conseils métropolitains ?L’outil existe à Rennes, il a encore enregistré 1000 connexions en septembre, démentant toute désaffection pour le politique… qu’attendons-nous ? Et pour aller encore un peu plus loin, pourquoi ne pas expérimenter le budget participatif à l’échelle métropolitaine, par exemple dans les domaines de l’énergie ou des mobilités ?
Les mobilités, enjeu fondamental
Les mobilités, justement, parlons en un instant. Elles figurent en bonne place, dans les objectifs affichés. Elles y figurent à juste titre, tant ce sujet a été remonté comme prioritaire par tous les citoyens interviewés par les « élus-témoins » dans le cadre de la démarche PLUI. Je ne vais pas m’étendre trop longuement sur le sujet puisque le Président a proposé qu’une première partie de conseil y soit prochainement consacrée, mais tout de même il n’est pas possible de faire l’impasse dans ce débat autour du rapport d’orientations budgétaires. Les mobilités y sont présentées comme un enjeu crucial, mais la déclinaison qui en est faite reste concentrée sur les « coups partis » (ligne B, PEM, VAE, Maison du Vélo). Notre conviction est que, malgré les investissements lourds dont nous nous enorgueillissons, cela permettra à peine de stabiliser l’existant. Cela ne résoudra pas les nouveaux problèmes auxquels nous devons faire face : saturation de la rocade, engorgement de ses accès, dégradation de la qualité de l’air, empreinte carbone. Cela ne fournit pas non plus de réponse satisfaisante au serpent de mer des trajets de périphérie à périphérie.
C’est là que nous pouvons opérer le lien entre orientations politiques et orientations budgétaires. Il est essentiel, dans ce domaine des mobilités, que notre programmation pluriannuelle d’investissements (PPI) ne se limite pas aux coups partis. Certes, nous sommes dans une phase d’écriture de notre PDU, et il ne faudrait pas mettre la charrue avant les bœufs.Mais nous pouvons déjà avoir une quasi certitude : l’intensité des enjeux est telle que notre niveau d’investissement « mobilités » devra sans doute rester durablement, et bien au-delà de 2020, proche de ce que nous connaissons actuellement.
Nous n’aurons pas de temps de latence une fois la ligne B inaugurée, il faudra être prêts à maintenir notre effort pour renforcer le train, moderniser notre flotte de bus, développer les pistes cyclables bien au-delà de nos réalisations timides… mener de front les logiques de cadencement, de sites propres, d’innovation, d’accompagnement au changement des usages.
Or, sans remettre en cause le caractère fondamentalement sain de notre situation financière et de notre prospective, nous ne sommes pas totalement rassurés aujourd’hui, sur notre capacité à le faire à l’issue de ce mandat.
À plus court terme, c’est aussi dans leur traduction budgétaire que nous pourrons juger de la réelle implication de notre collectivité dans les différents axes présentés ce soir. Car ce projet finalement est consensuel, il aborde tous les leviers sans mécontenter personne. Mais nous attendons qu’il débouche également sur des choix forts, lisibles pour matérialiser nos priorités. En matière de PPI bien sûr, mais également dans le fléchage de nos budgets de fonctionnement : si notre « écométropole » veut confirmer qu’elle s’engage « résolument » dans la transition écologique, alors ses budgets 2017, 2018 et suivants ne devraient pas ressembler aux budgets 2015 ou 2016. Au-delà des mots nous aurons besoin de choix forts, chiffrés, qui concrétisent dans nos grands équilibres cette réorientation stratégique. Monsieur le Président vous avez su le défendre pour Destination Rennes : nous espérons des arbitrages aussi visibles sur les sujets qui nous préoccupent. |