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Conseil municipal Matthieu Theurier

Rennes 2030 : la transition écologique, c’est maintenant !

[Conseil municipal du 19 septembre 2016]

 

Le projet d’aménagement et de développement durable du futur PLU de Rennes a été présenté et débattu en conseil municipal. Et fera de Rennes une ville verte et bleue, solidaire et écologique.

Conseiller municipal

Co-président du groupe écologiste

Intervention de Matthieu Theurier au nom du groupe écologiste 

 

 

citationDans une société de l’immédiateté, dans un monde qui peine à élaborer une pensée à long terme, inviter les Rennais, les acteurs du territoire et les élu-e-s que nous sommes à imaginer Rennes en 2030 était un vrai pari.

Ce pari est réussi. À travers les balades urbaines, les cafés citoyens, les outils numériques, mais aussi la Fabrique citoyenne, les Rennaises et les Rennais se sont amplement saisi des espaces de débats ouverts à l’occasion du processus « Rennes 2030 ». On pourra toujours trouver à redire sur la démarche de concertation mise en œuvre. Les questions, parfois légitimes, les critiques, souvent faciles, sont le lot de toutes les expériences de participation citoyenne. Pour notre part, nous ne pouvons que constater l’appétit des Rennais pour débattre de l’avenir de leur ville et « Rennes 2030 » n’a pas dérogé à cette règle.

Et c’est là le premier enseignement de cette nouvelle étape de concertation.

Rennes est une ville citoyenne. Aujourd’hui comme demain, les projets urbains se doivent d’être pensés et construits dans un partenariat associant les habitants, les élus, les services de la ville, les professionnels de l’aménagement. La généralisation de cette façon de faire est la garantie d’un développement urbain compris, approprié, harmonieux et au service de tous les habitants.

 

Dans la suite du budget participatif et des États Généraux de la Culture, « Rennes 2030 » confirme aussi de vraies constantes dans la parole et les attentes des Rennais.

La première est que les Rennais sont fortement attachés à l’histoire de leur ville, son patrimoine et ses cultures. Ils le sont tout autant aux valeurs de solidarité et d’accueil qui font notre ville depuis plus d’un demi-siècle maintenant et qui font de Rennes une ville diverse, plurielle où la mixité sociale dans les projets urbains est un acquis qui ne souffre pas de contestation. La seconde pourrait se résumer de la façon suivante : la transition écologique, c’est maintenant !

Plus végétale, moins minérale, apaisée, qui fasse toute sa place aux piétons et cyclistes, une ville santé qui intègre la notion de bien être dans son développement, une ville à taille humaine et dotée de services de proximité, réconciliée avec son fleuve, voilà la Rennes que les Rennais veulent.

 

Un peuple qui n’oublie pas son passé, sait comment construire son avenir. C’est donc forte de ses valeurs, de son histoire, des choix passés, que Rennes doit continuer son changement pour devenir la ville écologique et solidaire du XXIème siècle. Les orientations pour le nouveau projet urbain que nous adoptons ce soir prennent pleinement la mesure des enjeux et je suis convaincu qu’elles marqueront une nouvelle étape dans l’histoire de notre ville.

D’abord parce que ces orientations s’appuient véritablement sur la parole des habitants, ce qui constitue en soi une petite révolution. Ensuite parce qu’elles engagent les transformations nécessaires pour répondre aux enjeux écologiques et au dérèglement climatique dont nous subissons désormais les premières conséquences.

Il nous faut transformer un modèle de développement urbain qui s’est fait au détriment de l’agriculture et des espaces naturels en un urbanisme qui participe à la protection de l’environnement.

 

Pour y parvenir, la première solution, c’est la végétalisation. Le chantier est déjà engagé et demain Rennes sera traversée par une « diagonale verte » qui courra de la forêt de Rennes à la Prévalaye en passant par les prairies Saint-Martin. Demain, tous les Rennais seront à moins de 5 minutes à pied d’un espace vert. Le « permis de végétaliser » permettra à tout un chacun d’investir la ville pour la rendre plus verte. Surtout, et c’est pour nous essentiel, l’instauration d’un « coefficient de biotope », qui obligera chaque promoteur à prévoir une part végétale dans tous les projets de construction, que ce soit au sol, en toiture ou en façade.

 

Redonner sa place à la nature en ville, c’est aussi réconcilier Rennes avec son fleuve et sa rivière. Les projets des prairies Saint-Martin, de l’îlot de l’Octroi ou encore de Baud-Chardonnet, mais aussi de l’allée Marc Elder, y participeront. Ces chantiers doivent selon nous être rapidement suivis d’un travail qui permette de finaliser l’extension du plateau piétonnier en centre-ville, des Lices au Colombier ; d’un travail qui engage la piétonnisation du boulevard de Chézy ; et qui permette aussi de définir une nouvelle approche pour l’aménagement des quais, de la place de Bretagne au pont de Strasbourg, avec à l’occasion la disparition du parking « Vilaine ». Ce symbole d’une ville qui s’impose sur la nature, de la voiture qui s’impose sur la ville, ce symbole est plus que jamais incompatible avec l’avenir que nous voulons pour Rennes.

 

Depuis 60 ans, la voiture est au cœur de l’aménagement des villes. À tel point qu’elle utilise 50 % de la superficie des villes européennes. La ville d’aujourd’hui, et encore plus celle de demain, n’a désormais de cesse de chercher à regagner ses droits sur le bitume et l’automobile. Et à juste titre car réduire la place de la voiture en ville n’a que des avantages. Moins de voiture, c’est lutter contre le dérèglement climatique et améliorer la qualité de l’air. C’est aussi ouvrir de nouveaux espaces de respiration pour les habitants. Au Blosne, à Maurepas ou à Bréquigny, les grands boulevards urbains peuvent demain devenir des parcs, des places, des espaces de nature et de de vie.

 

À l’image du projet urbain du Blosne qui voit des logements se construire sur d’anciens parkings, réduire la place de la voiture en ville, c’est aussi permettre la densité sans avoir besoin de construire de grands ensembles ou d’immeubles de grandes hauteurs.

 

À l’heure où la démonstration est faite qu’un piéton ou un cycliste est un plus grand consommateur du petit commerce qu’un automobiliste, moins de voiture en centre-ville c’est aussi redonner un nouveau souffle au commerce de proximité.

 

Enfin, offrir des alternatives à la voiture, c’est libérer les ménages d’une charge qui représente en moyenne 5 000 euros par an.

 

Concernant la place de la voiture en ville, pour nous écologistes, le débat est tranché : il est évident qu’elle sera de moins en moins présente jusqu’à disparaître dans sa forme actuelle. La seule question qui demeure est celle du calendrier. En 2020, avec l’arrivée de la seconde ligne de métro, 75 % des Rennais seront à moins de 10 minutes à pied d’une station de métro et disposeront donc d’une alternative à la voiture. Mais d’ores et déjà, aujourd’hui, 80 % des Rennais vivent à 5 minutes d’une offre de transport de qualité. Parce qu’il y a urgence et parce qu’on ne négocie pas avec la santé publique, il n’y a aucune raison d’attendre ou de tergiverser pour amplifier dès maintenant les actions de réduction de la place de la voiture en ville. L’élaboration du plan piéton, la réforme du stationnement, l’étude d’un RER rennais, la consolidation des circulations en transports en commun sur l’axe est-ouest et l’axe Chateaugiron-Chantepie, mais aussi le maintien d’une vitesse restreinte sur la rocade, sont autant d’étapes à ne pas rater.

 

La ville de demain devra également produire sa propre énergie.

Rien qu’en matière d’électricité solaire nous disposons du potentiel pour couvrir la consommation de 40 000 habitants. Il est temps de mettre les moyens pour la transition énergétique. Notre projet urbain est pour cela une vraie opportunité. Puisque nous savons désormais construire des bâtiments qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment, les 1500 logements qu’il nous faut construire chaque année sont donc autant d’opportunités d’augmenter notre autonomie énergétique, à condition que nous imposions des exigences ambitieuses aux promoteurs.

 

Enfin, à l’heure où nos proches voisins de Lannion et Trébeurden s’opposent à l’extraction de sable en mer afin de protéger la côte et ses plages, que je sais chères à quelques-uns d’entre nous ici, nous devons affirmer notre volonté de sortir progressivement du tout béton et accélérer le travail qui s’engage pour favoriser les filières des éco-matériaux et en particulier la construction bois.

Pour conclure, je souhaite au nom du groupe écologiste, remercier les Rennais qui ont apporté leur pierre à l’édifice du nouveau projet urbain. Je veux saluer la très grande qualité du travail des services de la ville et leur capacité d’expertise qu’ils ont su faire bénéficier autant aux élus qu’aux habitants. Nous ne pouvons que saluer aussi la qualité du travail collectif autour de ce projet essentiel et la place importante qui a été faite aux contributions des écologistes.

L’avenir n’est pas ce qui va arriver mais ce que nous allons faire. Les Rennais ont souhaité un nouveau projet urbain ambitieux. À nous désormais de le réaliser dès à présent pour faire de Rennes une ville verte, bleue, solidaire et écologique.