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Économie numérique : la French Tech doit être un support à la transition écologique

[Conseil métropolitain du 2 juin 2016]

Avec l’objectif de créer 1000 emploi par an, La French Tech est un atout indéniable pour le développement économique de la métropole. Cependant elle ne doit pas seulement rechercher des fleurons, mais favoriser les entreprises locales. En l’orientant sur les écotechnologies, elle peut être support de la transition écologique.

 

Conseiller métropolitain

Président du groupe écologiste de Rennes Métropole

Intervention de Morvan LE GENTIL au nom du groupe écologiste

citationNous vous remercions pour cette analyse que les élu-e-s écologistes ont demandée dès l’été 2015. Nous la saluons d’ailleurs comme une première.

L’économie est en train de vivre une profonde mutation, le numérique s’insère aujourd’hui dans tous les secteurs d’activité. L’écosystème numérique sur la Métropole, ce sont 1000 entreprises et 29 923 emplois.

Le diaporama l’a montré, la French Tech apparaît comme un atout essentiel pour le développement économique de notre territoire. Accélérateur de nos startups, en France et à l’international, c’est un atout nécessaire pour identifier les opportunités à saisir dans le secteur du numérique, et lever les obstacles. Cela doit nous permettre de pérenniser le développement de cet écosystème numérique rennais, autour de ses spécialités : la production de contenus audiovisuels, la cybersécurité, l’e-santé et la ville intelligente, ainsi que les objets connectés.

Nous saluons l’implication de Renne Métropole en soutien à la filière numérique : l’affichage d’un objectif chiffré, de 1000 emplois par an, tout comme la volonté de thématiser les French Tech nous semblent aller dans le bon sens.

Un autre point positif à relever est le dispositif d’expérimentation Rennes Lab, destiné à accompagner les entreprises souhaitant tester un produit ou un service innovant, en grandeur réelle, avant sa mise sur le marché. Les entreprises ont besoin de ce « bac à sable », de ce terrain de jeu, d’expérimentation. Peu de territoire le propose, nous devons nous féliciter d’être l’un d’eux.

Cependant, cela ne nous dispense pas, autour de cet état des lieux, de nous interroger sur le sens que nous voudrons donner à la French Tech, ici sur le territoire de Rennes Métropole. Ne risque-t-on pas de considérer la French Tech seulement à destination des start-up et des grands groupes ? Il est impératif de s’adresser à toutes les entreprises, petites et grandes et de ne pas oublier le local car nombre de ces entreprises très bien ancrées dans le territoire ont besoin de faire leur mutation technologique.

Un obstacle qu’il nous faudra abattre est lié au relatif manque de moyens dévolus à cette ambition. À propos de la French Tech, monsieur le président, vous avez parlé d' »ambition métropolitaine ». Mais les moyens humains et financiers sur le numérique à la Métropole ne semblent pas suivre cette ambition. On note ainsi que les moyens alloués par Rennes Métropole à la French Tech étaient de 948 000 euros en 2015 et seront de 603 000 euros en 2016.

Ainsi, Rennes Métropole a-t-elle suffisamment la capacité de se tourner vers l’Europe et vers l’international ? Pas vraiment. Nous peinons actuellement à initier des appels à projet ou à partenariat vers d’autres territoires, français ou européens, car le service économique et plus particulièrement le service numérique apparaissent comme sous-dimensionnés, par rapport à d’autres métropoles.

Il ne s’agit pas de forcément chercher l’internationalisation à tous prix, parfois les entreprises peuvent juste souhaiter s’épanouir sur le territoire métropolitain. Mais ce manque de moyens pourrait s’avérer un frein à l’avenir.

C’est donc une suggestion que nous faisons : la French Tech ne doit pas seulement rechercher des fleurons, mais au contraire favoriser les entreprises locales, avec des emplois locaux qui serviront le territoire et l’irrigueront. Et si après, on peut viser l’international, visons l’international.

Il est aussi impératif de ne pas spécialiser cet écosystème numérique mais nous pourrions lui donner une coloration. Et vous comprenez bien vers quelle teinte nous voulons aller.

Pourquoi ne pas colorer cette French Tech en l’orientant, par exemple, vers les écotechnologies et l’Économie Sociale et Solidaire ?

L’objectif serait de se donner un levier supplémentaire pour conforter notre transition énergétique, et Rennes Métropole pourrait être le premier territoire à s’y engager. De plus cela pourrait développer la dynamique citoyenne autour du numérique, et on sait que c’est aussi un puissant vecteur d’innovation.

Enfin, s’il s’agit de thématiser la French Tech, de la colorer en vert, pourquoi ne pas l’associer également à une utilisation sobre et raisonnée ?

Car le numérique a bel et bien un impact sur l’environnement : 10% de l’électricité mondiale est utilisé par les nouvelles technologies de l’information et de la communication et on estime leur production de gaz à effet de serre équivalente à celle de l’aviation. Sachant que 42% seulement de la population mondiale ont actuellement accès à Internet. Actuellement il n’existe pas d’ordinateurs propres. C’est donc dans nos usages modérés que nous devons trouver la sobriété.

Le numérique écologique est néanmoins possible : le recyclage de la chaleur générée pour chauffer les bureaux dans les entreprises ou les universités qui utilisent des centres de calcul en est un exemple parlant.

La French Tech doit, elle aussi, être un modèle et un support dans la transition écologique.