Conseiller municipal
Co-président du groupe écologiste
Vice-président de Rennes Métropole en charge de l’ESS
|
|
Intervention de Matthieu THEURIER au nom des élu-e-s écologistes
Lorsque l’on parle de biodiversité, on parle de la diversité des espèces vivantes qui nous entourent. En ville, il s’agit essentiellement des arbres, fleurs et différentes plantes qui jalonnent nos rues pour ce qui concerne les végétaux, et des oiseaux, poissons, insectes, petits mammifères ainsi que des nombreux animaux de compagnie ou des vaches du parc du Landry pour ce qui concerne les animaux. Ce sont ainsi des centaines d’espèces vivantes qui partagent nos vies au quotidien, souvent sans même que nous y prêtions l’attention qu’elles méritent. Cette biodiversité est en effet gage de notre qualité de vie : que serait la ville sans ses alignements d’arbres, son fleuve, ses jardins ? Cette biodiversité est aussi une condition nécessaire à l’existence même de l’Homme sur terre. Sans insectes, végétaux ou animaux, pas d’alimentation possible pour l’être humain. L’équation est donc simple : pour permettre la présence de l’Homme sur terre dans de bonnes conditions de vie, il faut la plus grande biodiversité possible. Et les villes ont pour cela un rôle essentiel à jouer.
Un rôle d’autant plus important à ce jour, que la biodiversité est en crise. Entre 1970 et 2008, elle a diminué d’environ 30 % à l’échelle mondiale. À tel point que la majorité des scientifiques s’accordent à décrire le rythme actuel d’extinction des espèces comme 100 à 1 000 fois supérieur au taux moyen d’extinction depuis l’apparition de la vie sur Terre. Une tendance qui pousse de plus en plus de scientifiques à nous avertir que nous sommes entrés dans la « sixième grande extinction » des espèces, la dernière remontant à la fin des dinosaures il y a 65 millions d’années. Cette érosion menace la capacité de la Terre à produire les ressources renouvelables qui permettent la présence de la vie telle que nous la connaissons aujourd’hui.
Les espaces urbains minéralisés détruisent presque toute vie végétale et empêchent le refuge des animaux. Les axes de transport fragmentent les espaces et gênent la libre circulation des espèces. La pollution lumineuse dérègle les cycles de repos des animaux et les fragilisent.
Mais les villes sont aussi un lieu d’accueil pour de nombreuses espèces qui trouvent facilement à se nourrir où à nicher. Elles sont un lieu d’accueil pour de nombreuses espèces, je pense particulièrement aux insectes comme les abeilles qui sont, en ville, souvent plus épargnés par les pollutions aux pesticides qui ravagent nos campagnes.
La ville est donc aussi un formidable terrain de jeu pour la nature, à condition qu’on lui laisse un peu d’espace. Il nous faut repenser l’aménagement de la ville pour qu’il intègre pleinement la biodiversité. Il nous faut penser les grandes trames vertes et bleues pour favoriser l’implantation et la circulation des espèces, imaginer des architectures qui permettent la présence végétale et animale – particulièrement les oiseaux, qui éprouvent désormais les plus grandes difficultés à nicher sur les parois lisses de nos immeubles contemporains alors qu’il suffirait de peu pour adapter les façades à leur accueil. Il nous faut stopper l’utilisation des pesticides et conserver les zones humides pour permettre la présence des insectes. Nous devons réduire la pollution lumineuse, à travers l’extinction de l’éclairage public et demain le démontage des panneaux de publicité numériques. Il nous faut amplifier la présence de l’arbre en ville, présence à laquelle sont particulièrement attaché les Rennaises et les Rennais et qui nous vaut d’être parmi les villes les plus arborées de France si l’on en croit le récent classement de BFM sur ce sujet.
Autant d’actions qui pour certaines sont déjà en cours dans notre ville quand d’autres restent encore à mener ou amplifier.
Trop souvent, la biodiversité n’est considérée qu’à travers certains êtres vivants emblématiques comme les ours polaires, les baleines, les pandas… cette biodiversité qualifiée de symbolique ou remarquable doit bien sûr être préservée. Mais il nous faut dans le même temps affirmer toujours l’importance des espèces qui nous accompagnent au quotidien. Cette biodiversité ordinaire est le meilleur indicateur de la qualité de nos lieux de vie.
Aussi, la première étape à la mise en œuvre d’une action ambitieuse et cohérente pour la biodiversité passe d’abord et avant tout par une bonne connaissance de l’état de la biodiversité, ici, dans notre ville.
C’est le sens de l’atlas de la biodiversité, premier axe de l’élaboration d’un plan d’action biodiversité communal.
La seconde étape sera de retranscrire l’ensemble des éléments de protection de la nature en ville dans l’aménagement urbain mais aussi en préservant les zones encore naturelles de notre ville. Le secteur de la Prévalaye, par exemple, est parmi nos sites remarquables en matière de biodiversité ordinaire. Il accueille plusieurs espèces protégées. Dans le cadre des projets autour de la Vallée de la Vilaine, nous avons l’opportunité de renforcer le caractère naturel de ce site. Il nous faudra prendre garde que les projets d’aménagement, de loisirs ou agricoles qui y sont menés s’inscrivent bien dans un plan d’ensemble en faveur de la biodiversité du site. Nous pouvons pour cela nous appuyer sur l’expertise des associations de protection de l’environnement.
En tant qu’écologistes, nous ne pouvons que soutenir le plan d’action biodiversité dont il nous est proposé d’amorcer l’élaboration ce soir. Il est un sujet essentiel pour notre ville et l’ensemble des espèces végétales et animales qui y vivent. Il est un sujet vital pour notre territoire. |