Ce soir un souffle parcourt les œuvres de l’exposition personnelle de Joana Escoval, que nous inaugurons.
Ce vent est un peu iodé et salé des embruns de Lisbonne, dont est native et où réside notre artiste. Et effectivement l’exposition de ce soir s’inscrit au terme de la saison baptisée « Fendre les flots » orchestrée par notre artiste associée, Ariane Michel.
Mais ce vent, ce souffle, c’est l’air lui-même : il est légèreté, épure, il circule partout, s’insinue, glisse et est capté par chacune des six œuvres exposées.
« Lichens Never Lie », « Les lichens ne mentent jamais »… nous assure avec aplomb le titre de l’exposition. Peut-être parce que comme les œuvres d’art, les lichens captent tout ce que trimbale ce vent : les éléments nutritifs, les pollens… sans tri rationnel, mais non sans intelligence pour se garantir une subsistance équilibrée.
Les lichens s’installent où ils veulent, végétalisent le minéral, colonisent partout sans jamais parasiter puisqu’ils sont autonomes à partir de ce qu’ils ont capté du vent, de la pluie aussi, de l’extérieur… et ils renseignent le biologiste sur l’état du monde quand celui-ci curieux va y voir de plus près. Quand le monde a-t-il été glacé ? Est-il pollué, en bonne santé ou malade ? Quel est l’âge d’une forêt ? Tout cela est inscrit dans les lichens.
Les œuvres de Joana Escoval sont autant ces mousses que ces éponges, des filtres autant que des réserves.
Nous avons donc tout à gagner à devenir lichénologues.
Merci à Joana Escoval pour cette exposition, merci à la commissaire de l’exposition et Directrice de la Criée, Sophie Kaplan et à l’ensemble de l’équipe de La Criée.
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