La patela vulgata n’a rien de vulgaire, et il ne s’agirait pas davantage de nous laisser abuser par le nom de la crepidula fornicata.
Certes, nous reconnaîtrons à ces coquillages de nos bords de mer une vie plus que salée… mais ces gastéropodes n’ont que faire des sous-entendus de la nomenclature d’un naturaliste suédois comme Linné ou de la classification – pour raisonnée qu’elle soit – d’un français comme Lamarck.
Moins pompeuse est l’appellation que nous donnons, vous et moi, dans notre quotidien, à ces mollusques. Ce sont pour la grande majorité d’entre nous des « brennigs ».
Mais cette appellation n’est pas plus juste, qui n’appelle pas vraiment d’ailleurs, et qui catalogue un genre d’invertébrés plus ou moins cueillables pour être mangés, ou pour bricoler des décos, des colliers avec leurs coquilles.
En définitive, nos mots, nos discours sur la nature, n’en disent pas grand chose. Grâce à eux nous nous entendons, mais qu’entendons-nous de la nature ?
La communication est pourtant incessante sur l’estran, entre immersion, émersion sous les vents, les pluies.
Installés dans un vécu qui échappe à nos discours humains d’experts ou pas, les phénomènes naturels ne s’inscriraient-ils pas dans un langage autre ?
Ariane Michel ne se met pas à l’écoute de ce langage, elle n’écoute pas aux portes, elle veut le parler. Elle voudrait que nous partagions les discours qui obéissent à la rhétorique des marées ainsi que l’indique le titre de l’exposition que nous ouvrons aujourd’hui. En adoptant une perspective inédite sur le monde, les images du film qu’elle nous présente ce soir nous entraînent à ressentir la nature comme de l’intérieur.
Et quand des humains foulent l’estran, quand leur démarche est artistique, qu’en disent les éléments naturels ?
L’installation que nous découvrons ce soir présente le film produit par Ariane Michel à partir d’une exposition collective orchestrée par ses soins, l’été dernier sur le littoral du Cap Sizun, dans le Finistère.
Aux côtés de ce film sont présentées les œuvres exposées cet été et cet automne sur le littoral et dont le passage du temps, n’a, pour certaines, laissé que des fragments.
Merci à Ariane, à La Criée et je veux remercier les 21 artistes engagés :
Virginie Barré,Julien Bismuth, Michel Blazy ,Florence Doléac, Ellie Ga, Dominique Ghesquière, Jacques Julien, Martin Le Chevallier, Natalia Lopez, Dominique Mahut, Louise Hervé & Chloé Maillet, Bruno Peinado, Steven Pennaneac’h, Abraham Poincheval, Hugues Reip, Pascal Rivet, Benjamin Rivière, Éric Thomas, Gurvan Tymen, Jean-luc Verna.
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