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Qualité de l’air : il y a des solutions

[Conseil municipal du 5 octobre 2015]
Notre ville peut, par des politique volontaristes, améliorer la qualité de l’air. Abaissement de la vitesse automobile, développement des modes actifs de déplacement, TREM, valorisation d’une agriculture respectueuse de l’environnement, implication des habitants… sont autant de voies à conjuguer.
Intervention de Gaëlle ROUGIER au nom du groupe écologiste

Conseillère municipale
Co-présidente du groupe écologiste

 

citation La pollution de l’air tue. En France, ce sont 40 000 décès prématurés qui sont attribuables à la pollution atmosphérique. La pollution de l’air favorise les accidents vasculaires cérébraux, les cardiopathies, et surtout des affections respiratoires, chroniques ou aiguës. L’asthme coûte en France 1,5 milliards d’euros par an. Et les médecins annoncent qu’en 2020, 1 français sur 2 souffrira d’allergie. On estime le coût de sa prise en charge à 5,5 milliards d’euros par année.

À Rennes, la qualité de l’air n’est pas bonne, et nous sommes sous le coup d’un contentieux européen. Comme le note en préambule le Plan de Protection de l’Atmosphère de l’agglomération rennaise : « L’évaluation de la qualité de l’air pour 2020 montre également que l’essor démographique de l’agglomération engendrera une hausse des déplacements routiers trop importante pour que celle-ci soit compensée par l’amélioration des performances environnementales des véhicules, et donc que la qualité de l’air risque de continuer à se dégrader ». En 2008, dans la Métropole, 80 000 personnes étaient fortement impactées par la pollution de l’air.

Mais notre ville peut, par des politiques volontaristes, améliorer la qualité de l’air. Selon l’institut de veille sanitaire, à long terme, une baisse mineure des émissions de PM10, permettrait d’éviter, à Rennes, 65 décès annuels.

Il nous faut d’abord comprendre d’où vient cette pollution. Le trafic routier dans l’agglomération est bien la principale source de cette pollution. Selon Air Breizh, voitures et véhicules lourds sont responsables de 40% de la pollution par particules en suspension, de 70% des émissions d’oxydes d’azote, de 60% des émissions de monoxyde de carbone.

Le trafic et la vitesse de circulation contribuent à l’émission de ces polluants. Une voiture pollue moins à 70 qu’à 90.

Abaisser la vitesse sur la rocade, c’est donc avant tout protéger la santé des Rennaises et des Rennais mais également des habitants des communes proches de l’axe routier.

Cela permet aussi de réduire le bruit, qui est une nuisance sanitaire rappelons-le, et nous recevons des lettres de remerciements des voisins de la rocade, qui elles n’ont pas de pleines tribunes dans la presse.

Un enjeu de justice sociale

À la lecture de certains communiqués de presse récents, nous souhaitions rappeler également cette vérité : réduire la pollution atmosphérique à la source est un enjeu de justice environnementale. De nombreuses études désormais, dont celles du Dr Denis Zmirou, enseignant chercheur à l’EHESP de Rennes, montrent que la pollution atmosphérique touche d’abord les plus pauvres.

Même dans nos pays dits à hauts revenus, les inégalités face à la pollution sont désormais mesurées.

Les plus pauvres sont plus vulnérables aux pollutions du fait d’un état de santé plus précaire, d’un moindre recours aux soins, d’un habitat et de conditions de travail plus dégradés.

Les études montrent également que le sentiment d’impuissance face à l’exposition à la pollution atmosphérique diminue proportionnellement au niveau de vie. C’est à dire que les plus riches sont mieux armés pour moins subir et revendiquer un air de qualité.

La réduction de la vitesse sur la rocade n’est donc pas une punition à l’encontre des plus pauvres, comme j’ai pu le lire avec stupéfaction. C’est au contraire une vraie mesure de justice sociale.

À ceux qui expliquent qu’il est bien suffisant de ne réagir que lors des périodes de pics de pollution, j’aimerais enfin rappeler que les études les plus sérieuses montrent que ce n’est pas le « pic » qui est le plus problématique mais bien l’exposition à long terme. Comme le soulignait encore Denis Zmirou dans une étude de 2013 : « Pour lutter efficacement contre les particules en suspension dans l’air et garantir une meilleure qualité de l’air au long cours, […] la priorité doit être donnée à la réduction des expositions chroniques, significativement plus néfastes en termes de santé publique.».

Réinterroger nos politiques urbaines

Climat, santé, qualité de l’air sont des problématiques imbriquées qui nécessitent des actions conjointes.

Il nous faut tout d’abord réinterroger nos politiques urbaines afin qu’elles favorisent systématiquement les alternatives à la voiture. Rappelons que la grande majorité des déplacements en voiture à Rennes font moins de deux kilomètres ! Soit une dizaine de minutes à vélos. En matière de transport, la mise en place prochaine du schéma vélo dans notre ville et la politique menée aujourd’hui pour favoriser la marche et les mobilités actives vont dans le bon sens.

À Rennes, Le nombre de vies gagnées par la pratique de la marche à pied ou du vélo est estimée par l’OMS à 61 depuis 2007. À nous de tripler ce chiffre d’ici la fin du mandat !

Dans notre agglomération, si le métro a connu un réel succès, il n’a pas concurrencé la place de la voiture en ville et n’a pas réglé la question des déplacements périurbains des passagers et des marchandises dans la métropole. C’est pourquoi ils nous faut rapidement engager de nouveaux chantiers comme celui de l’utilisation des voies ferrés pour les déplacements au sein de la métropole.

La performance énergétique de notre habitat est également un enjeu majeur pour améliorer la qualité de l’air, nous avons eu l’occasion de dire en quoi les objectifs du Programme Local de l’Habitat en la matière n’étaient pas encore assez élevés.

Favoriser une agriculture saine

En matière de protection de la santé des Rennaises et des Rennais, le programme Eau en saveur porté par notre ville en lien avec la politique de l’eau de la CEBR est aussi une action forte. L’usage de pesticides participe en effet de la pollution dans nos assiettes mais également dans l’air. On estime que nous absorbons les pesticides à 60 % par l’alimentation, et entre 30 et 40 % par l’inhalation.

Préserver une agriculture saine sur les zones de captage d’eau du bassin rennais, c’est protéger la qualité de l’eau mais également de l’air. Un plan alimentaire territorial, qui permette la préservation d’une agriculture respectueuse de l’environnement est ainsi un levier efficace en matière de santé publique.

Impliquer les citoyen-ne-s

Parce que c’est l’affaire de tous, la transparence des informations reste l’un des enjeux fondamentaux en matière de droit à un environnement sain. C’est d’ailleurs l’un des axes de travail de notre PPA. Il est essentiel de rendre accessible au plus grand nombre les données fournies par Air Breizh.

Enfin et surtout, dans l’esprit de la « fabrique citoyenne », il est essentiel de rassembler les habitants sur cette question.

La réduction des émissions ne se fera que par un changement de comportement partagé et compris des citoyens.

Le dispositif de capteurs citoyens, projet lauréat de l’appel à projet ActAir de l’Ademe, en est un volet. Des citoyens pourront prendre la mesure de la qualité de l’air qu’ils respirent, et donc prendre conscience des moyens d’agir qu’ils ont. Voilà qui, dans le cadre d’une ville qui développe l’innovation numérique et sociale, prend tout son sens en matière de démocratie environnementale.

Des mesures simples, innovantes mais volontaristes, c’est de cela dont nous avons besoin pour combattre efficacement la pollution de l’air à Rennes, pour sauver des vies.