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À la une Conseil métropolitain Économie – Insertion – Emploi Laurent Hamon

Mobilisons nous pour sauver Envie 35, une pépite du territoire en matière de réemploi et d’insertion

Conseil métropolitain du 15 mai 2025 : Intervention portée par Laurent Hamon au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s
sur le voeu de la Présidente sur Envie 35

Madame la Présidente, mes chers collègues,

Les élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s s’associent au vœu présenté par la Présidente, que nous remercions, et apportent un soutien sans faille à Envie 35/Ressource T. 

Cette pépite de notre territoire en matière de réemploi, d’économie circulaire, mais aussi d’insertion et d’emploi local est aujourd’hui menacée. Elle subit les logiques de prédation économique d’un éco-organisme, Ecosystem, qui, suite à un appel d’offre privé, l’a exclu de ses marchés de collecte. Elle a préféré choisir une entreprise sans volet d’insertion et moins disante sur la qualité des collectes. À l’inverse, Envie réalise des collectes dites “préservantes” qui prennent soin du matériel collecté pour garantir leur réemploi. Sans ces marchés, c’est toute l’activité du groupe Ressource T qui est en danger, avec une menace directe sur 85 emplois – dont 40 qui sont déjà en chômage partiel – et un risque de fermeture du site et de ses 230 emplois dont 170 en insertion. Derrière ces chiffres, il y a des femmes et des hommes dont nous saluons l’engagement et qui risquent de perdre un emploi de qualité, qui fait sens et leur permet de vivre. Un vrai gâchis. Cet énorme plan social serait catastrophique pour notre territoire.

Qui sont les responsables de cette crise ? Les éco-organismes, qui collectent l’éco-participation payée par les consommateurs et dont le manque de transparence interroge. Au départ, le système semblait pourtant vertueux : pensé sur la logique “pollueur-payeur”, les entreprises, via la Responsabilité Elargie du Producteur (REP), devaient prendre en charge la fin de vie des équipements électriques et électroniques qu’elles fabriquent ou distribuent, via l’obligation de financer et d’organiser des solutions de réparation, de collecte, de réemploi, de réutilisation, ou de recyclage. Malheureusement, on a glissé progressivement vers un système “pollueur-payeur-profiteur” où les entreprises adhérentes des éco-organismes et dans ce cas précis et pour les citer Darty ou la Fnac cherchent à tirer les prix au maximum vers le bas et ne priorisent ni l’insertion ni le réemploi, comme les incite pourtant à le faire la loi AGEC sur l’économie circulaire. 

En tant que Vice-président aux déchets et à l’économie circulaire, une fois n’est pas coutume, permettez-moi de pousser un vrai coup de gueule ! Cette situation est d’autant plus scandaleuse et inacceptable que la collecte avec le nouveau prestataire ne semble pas fonctionner. Hier soir, nous avons dû fermer 2 locaux dans nos déchetteries de Cesson et de Mordelles car ces locaux sont saturés et que la collecte n’a pas eu lieu. Ce soir, nous avons aussi dû fermer trois locaux : Betton, Pacé, St Armel. Deux sites sont partiellement saturés, Chantepie et Acigné et 6 sites sont bientôt pleins, ce qui fait au total 13 sites perturbés sur 18. De plus, je ne peux que constater que le nouveau prestataire doit désormais faire appel à des sous-traitants car n’y arrive pas seul et ne prend pas soin des appareils, conduisant à privilégier le recyclage au détriment du réemploi. Le modèle économique d’Envie a mis des décennies à se construire et il a fait ses preuves : il est bon pour la réduction des déchets, bon pour l’insertion, bon pour l’emploi local. Nous ne resterons pas les bras croisés à le voir disparaître du fait d’entreprises peu soucieuses de leur impact sur l’environnement et l’économie locale. 

C’est pourquoi, avec l’ensemble de notre exécutif, nous nous sommes mobilisés fortement et nous continuerons à le faire. Dans la continuité du soutien historique de notre Métropole à Envie, au sein de l’exécutif, nous n’avons eu de cesse d’apporter notre soutien, d’alerter Ecosystem, mais aussi la Ministre de la transition écologique et les parlementaires de notre territoire sur la gravité de la situation. Ce soir, nous voulons passer un message aux 70 entreprises d’Ille et Vilaine, adhérentes d’Ecosystem : si vous êtes sincèrement préoccupés par la préservation des ressources et la justice sociale, demandez des comptes à votre éco-organisme en l’invitant à revenir sur cette décision néfaste pour notre territoire. 

L’enjeu à préserver plus largement l’écosystème des structures économiques à vocation d’insertion, qui concourent pleinement aux objectifs de nos politiques publiques, est fort. Sa disparition progressive entraînerait des surcoûts sociaux qui retomberont in fine sur les collectivités locales. Nous pensons également aux ESAT, à Talendi sur notre territoire qui fait face à des difficultés dans un contexte de récession industrielle.

Suite à ces constats, mais également au rapport parlementaire sur les éco-organismes, nous appelons les députés et les sénateurs à faire évoluer la législation pour réaffirmer le rôle de contrôle de l’Etat sur les éco-organismes (particulièrement absent) et mettre en place une gouvernance plus transparente et plus ouverte, impliquant davantage les acteurs publics et associatifs. Nous devons rapidement changer les règles du jeu pour redonner son vrai sens au nom d’éco-organisme en priorisant le réemploi, l’insertion et l’emploi local.

– Seul le prononcé fait foi –