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Habitat à Rennes Métropole : un logement durable pour toutes et tous

CONSEIL MÉTROPOLITAIN DU JEUDI 02 FÉVRIER 2023Intervention portée par Aurélie Quéméner sur la délibération n°2 : « Habitat – Élaboration du futur Programme Local de l’Habitat 2023-2028 – Orientations stratégiques »

Office Foncier Solidaire, relogement social prioritaire, loyer unique… : la Ville de Rennes et la métropole se sont toujours distinguées dans le paysage national par une politique de l’habitat pionnière et volontariste. Un volontarisme aujourd’hui indispensable, tant les enjeux liés au logement sont élevés, aussi bien d’un point de vue social qu’environnemental. 

Tout d’abord, il n’est jamais inutile de rappeler que le logement, c’est avant tout un droit, un droit pour toutes et tous. En tant que métropole dynamique d’un point de vue démographique, il nous faut garantir ce droit et donc construire des logements, pour répondre à une demande qui ne faiblit pas. Le rythme de construction de 5 000 logements par an apparaît nécessaire face à cette demande, mais à condition de construire vraiment des logements accessibles au plus grand nombre. 

Or le bilan du précédent Programme Local de l’Habitat est mitigé de ce point de vue. Ces dernières années, il s’est finalement beaucoup construit de logements privés à l’initiative d’investisseurs. Tandis que nos objectifs de logements sociaux n’ont pas été atteints. À tel point qu’aujourd’hui, il y a une attribution de logement social pour cinq demandes, et ce ratio ne fait qu’augmenter.

Pour les écologistes, notre priorité doit d’abord être la régulation du marché de l’immobilier. 

  • Nous nous réjouissons à ce titre que le nouveau PLH intègre des objectifs d’encadrement des loyers. C’est une mesure que nous, écologistes, portions de longue date. Nous avons bien conscience qu’il nous faudra inventer un modèle local, car la loi est actuellement inadaptée pour notre territoire. Nous verrons comment notre métropole peut se saisir de son nouveau statut d’Autorité Organisatrice de l’Habitat pour mettre en place un dispositif local ambitieux et efficace, qui sera complémentaire de l’extension du loyer unique et intégrera le plan « logement d’abord » à destination des plus fragiles.
  • Pour contrer la hausse spéculative de l’immobilier, garder la maîtrise foncière des terrains bâtis est un deuxième enjeu majeur. Les efforts financiers pour notre métropole sont conséquents pour tenir un tel objectif, mais nous sommes déterminés à amplifier une politique foncière ambitieuse. 

Ensuite, il nous faut prioriser le logement social dans la production des nouveaux logements. 

  • Dans le futur PLH, les objectifs de production de logements sociaux sont largement  rehaussés et nous soutenons fortement cette orientation.
  • Le bail réel solidaire va être plus massivement déployé dans les prochaines années, et sur un plus grand nombre de communes. Cela va contribuer à redonner la possibilité aux classes moyennes de pouvoir acquérir un logement de qualité sur le cœur de métropole et de faire un réel choix résidentiel moins contraint par leurs capacités d’investissements.
  • Dans le même temps, le loyer unique continue de s’installer sur tout le territoire métropolitain et est gage d’égalité et de mixité dans l’accès au logement.  

Évidemment notre PLH doit impulser une profonde dynamique de transformation écologique du secteur du bâtiment et de la construction. 

  • Si nous savons construire des logements qui produisent plus d’énergie qu’ils n’en consomment alors le PLH peut être un puissant outil pour une plus grande autonomie énergétique de notre territoire. Il nous faut imposer des objectifs d’efficacité énergétique et de production d’énergie renouvelable pour toutes nouvelles constructions.
  • Le mot sobriété doit aussi s’appliquer à la production de logements. Rappelons que le secteur du BTP produit plus de 70 % de l’ensemble de nos déchets. Il nous faut consommer moins de matériaux neufs, et structurer des filières locales de réemploi des matériaux. Et en parallèle, augmenter la part de matériaux biosourcés. À la clé, des logements mieux conçus, plus durables, moins énergivores, et qui font travailler une main-d’œuvre locale. 
  • L’effort ne concerne pas uniquement la construction neuve. Nous devons également tenir nos objectifs de réhabilitation thermique de 6 000 logements par an sur le parc existant. C’est une clé de la transition énergétique de notre territoire et un enjeu de justice sociale pour les habitantes et habitants qui peuvent ainsi voir leur charge d’énergie baisser.

Enfin, le nouveau PLH doit être celui de la participation citoyenne. En effet, les grandes orientations que nous adoptons ce soir visent à rendre notre nouveau PLH « ZAN-compatible », c’est-à-dire un PLH qui préserve les terres agricoles et naturelles. Concrètement, pour Rennes, pour le cœur de métropole, pour les communes pôles, et dans une moindre mesure pour les pôles de proximité, cela signifie construire plus, mais en utilisant moins d’espace, et donc densifier en priorité le long des axes de transports pour faciliter les mobilités décarbonées. Certaines communes ont pu déjà l’expérimenter : la densification de notre habitat suscite parfois des craintes, des réticences, voire des oppositions chez une partie de la population. Mais les réunions publiques qui se sont tenues à la fin de l’année dernière nous ont aussi montré que les habitantes et les habitants comprenaient dans leur majorité cet impératif de limiter l’étalement urbain. La vraie question est donc : comment rendre cette densification désirable ? 

  • Pour nous, cela passe avant tout par un travail sur les formes urbaines, avec tous les acteurs impliqués dans la fabrique de la ville. Varier les hauteurs, veiller à la continuité paysagère et architecturale, préserver des espaces verts de respiration et de balade, favoriser les mobilités actives. 
  • De même, la densification est d’autant mieux comprise et acceptée si elle est concertée avec les habitantes et habitants, si elle répond à leurs besoins de mobilité, de cadre de vie et de convivialité. À ce titre, l’habitat participatif est amené à passer un cap dans ce nouveau PLH, quitter le stade de l’expérimentation pour celui du déploiement. Il démontre qu’une autre fabrique de la ville est possible, en mobilisant directement le pouvoir d’arbitrage des habitantes et habitants sur leur lieu de vie.
  • Des initiatives communales de participation, comme par exemple la charte construction et citoyenneté portée à Rennes ou la charte d’urbanisme durable au Rheu, mériteraient aussi d’être agrégées pour constituer une boîte à outils de la participation à destination de toutes les communes de la Métropole. C’est une condition essentielle de la réussite du PLH. 

En conclusion, construire plus de logements sociaux, mieux réguler encore l’offre locative, maîtriser la spéculation foncière grâce au BRS (Bail réel solidaire), enclencher la bascule écologique du secteur de la construction et limiter fortement l’étalement urbain, fabriquer la ville pour et avec ses habitantes et habitants, sont autant de défis que les écologistes estiment nécessaire de relever pour garantir le droit au logement pour toutes et tous.

– Seul le prononcé fait foi –