Nous saluons la démarche de notre collectivité portée en particulier par Pierre Jannin pour une stratégie en faveur d’un numérique responsable. Stratégie partagée et mise en œuvre en cohérence avec les acteurs institutionnels, économiques et sociaux du territoire pour une bonne prise en compte des enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux.
Les rapports successifs du GIEC nous alertent depuis plusieurs années ; alors que l’empreinte environnementale du numérique mondial représente 4% des émissions de gaz à effet de serre (GES), les collectivités ont un rôle à jouer pour accélérer cette sobriété numérique et structurer les filières locales de recyclage, de réparation et de réemploi. L’impact du numérique sur l’environnement ne réside pas principalement dans les usages que l’on en fait, mais dans les équipements et les terminaux. Le numérique est friand en ressources non renouvelables et en énergie.
Au-delà de la consommation de matériaux et d’énergie, le numérique pose la question de son impact sur la santé, notamment avec les émissions d’ondes. Nous réaffirmons notre engagement de limiter à 0,6 V/m comme valeur maximale d’exposition aux ondes et seulement 0,2 V/m près des lieux recevant des publics sensibles comme les crèches, les écoles ou les maisons de retraite. Le refus des opérateurs mobiles de rentrer dans un travail commun autour d’une charte métropolitaine de la téléphonie mobile nous interroge. Cependant, il est pour nous essentiel qu’un travail collectif soit à nouveau enclenché pour garantir l’abaissement de ces seuils d’émissions d’ondes.
Le numérique responsable est aussi une question de gestion de la donnée et de protection de la vie privée. Afin d’éviter la vente de nos données à des entreprises privées, nous devons développer des zones de stockage de la donnée dans nos territoires. Nous défendons le modèle d’éco datacenter alimenté en énergie renouvelable et produisant de l’énergie.
Au-delà de ces enjeux, nous souhaitions vous interpeller sur la problématique de la fracture numérique. Le rapport 2021 de la Défenseure des droits sur la dématérialisation et les inégalités d’accès aux services publics a encore démontré que le problème restait entier et que des efforts accrus et urgents doivent être faits en faveur de l’inclusion numérique. Chacun devrait pouvoir contourner Internet s’il le souhaite. On demande dorénavant à l’usager de s’adapter au service public, alors que ce devrait être l’inverse comme le répète la Défenseure des Droits. Certains usagers sont particulièrement vulnérables : les personnes en situation de handicaps, alors que la loi nous y oblige, les personnes âgées, les détenus ou les étrangers, par exemple. Il y a toujours, dans le pays, treize millions de personnes qui peinent avec le numérique ; selon l’institution, 22 % des Français ne disposent chez eux ni d’un ordinateur ni d’une tablette. Et près d’un quart d’entre eux considèrent qu’ils vivent dans un territoire délaissé par les pouvoirs publics.
Cette fracture numérique, mise en lumière, voire accentuée par la crise sanitaire, entraîne un risque accru de non-recours, de rupture de droits ou d’exclusion sociale.
À Rennes, l’égalité face au numérique est au cœur de nos préoccupations, des permanences existent dans les six Espaces sociaux communs de la ville pour accomplir des démarches et plus largement des lieux ouverts à toutes et tous existent dans les douze quartiers rennais pour se former dès le plus jeune âge au numérique. Donner à chacun et chacune les moyens d’accéder au numérique, c’est aussi faciliter l’équipement matériel pour les plus fragiles, grâce à un partenariat entre le CCAS de la Ville de Rennes et l’association Envie 35 pour permettre aux Rennais et aux Rennaises les plus en difficulté de s’équiper à bas prix avec du matériel informatique rénové garanti.
Nous ne pouvons pas simplement optimiser le système en place ; il nous faut également impulser un changement fondamental de nos pratiques et « remettre le numérique à sa place », celle qui pourra nous apporter un mieux-être réel et davantage d’autonomie dans un monde plus sobre.
– Seul le prononcé fait foi –