Le changement climatique est extrêmement intense et rapide à l’échelle de la vie sur Terre, mais il est encore souvent perçu comme lointain à l’échelle de nos vies humaines.
La réalité c’est que l’été 2021 a connu des températures qui sont bien restées dans la moyenne de la période 1981-2010. La réalité c’est que ce sont les années 2010-2020 qui sont anormales et qui ont battu tous les records de températures.
La réalité aussi, c’est que dans tout le reste du monde nous avons connu des phénomènes climatiques exceptionnels. Incendies immenses au Canada, en Turquie, en Grèce, en Tunisie et aussi dans le sud de la France ; vague de chaleur inégalée au Groenland avec des températures avoisinantes les 25°C. Inondations dramatiques en Allemagne et en Belgique. J’arrête là, la liste est bien trop longue.
Un autre fait marquant de cet été est le dernier rapport du GIEC. Disons-le tout de suite, ce rapport est une claque. Les scenarios les plus pessimistes nous amènent à +5° dans 30 ans. Ce qui signifie pour la France des températures estivales autour de 50° à un horizon qui n’est plus que celui de nos enfants, mais bien aussi le nôtre.
La bonne nouvelle c’est que les scenarios optimistes du GIEC nous permettent bien de contenir le changement climatique autour de 1,5 °. L’autre bonne nouvelle c’est qu’il n’y a aucune fatalité et que lorsque les décideurs prennent les bonnes décisions les résultats sont là. Il faut toujours rappeler qu’avec le protocole de Kyoto, l’Union européenne a réduit en 20 ans ces émissions de GES de 25%.
La question n’est donc pas de savoir s’il faut décarboner de toute urgence et de manière très radicale nos sociétés et nos économies. La question est bien de savoir comment mener cette transformation radicale de nos sociétés.
Et quand bien même la France ne représente que 2% des émissions de GES mondiales, un grand pays comme le nôtre a évidemment un effet d’entrainement sur le reste du monde. Et surtout, nous ne devons pas rater le train de la transition de notre économie, car les conséquences sur l’emploi seront désastreuses.
Ce qui est valable pour la France l’est aussi pour Rennes.
La transformation de notre territoire est engagée. Des investissements massifs pour créer des alternatives à la voiture individuelle responsable de plus du tiers des émissions de GES sur le territoire de Rennes Métropole sont engagés. La végétalisation de notre ville et la stratégie de reconquête de la biodiversité le sont tout autant.
Le déploiement des énergies renouvelables à l’échelle de notre territoire s’organise tout comme la réhabilitation énergétique de nos logements eux aussi responsables de plus du tiers des émissions de carbone sur le territoire de Rennes Métropole. Malheureusement sur ce dernier point nous ne pouvons que craindre que les moyens financiers disponibles, notamment du côté de l’État, et la complexité des dispositifs ne nous permettent pas d’atteindre les objectifs.
Notre volonté de sortir des pesticides et d’un modèle agricole breton climaticide responsable 40% des émissions bretonnes est aussi affirmée. Et nous étions évidemment heureux d’accueillir le congrès mondial de la Bio. Mais sur ce point aussi les décisions de l’État en matière de politique agricole ne nous permettent clairement pas d’accompagner le monde agricole dans sa nécessaire transformation puisque les dernières décisions du gouvernement vont réduire de deux tiers l’aide aux agriculteurs biologiques…
L’éco-conditionnalité de notre action tant sur nos marchés publics que sur les subventions aux associations est aussi engagée.
Il est plus que nécessaire que ces démarches s’étendent aussi à notre soutien au monde économique. Les entreprises sont prêtes au changement. Le fait que le futur patron de l’Union des Entreprises 35 soit le dirigeant d’une entreprise de l’économie sociale agissant dans le domaine de l’économie circulaire, tout comme le discours écologique des grands syndicats de salariés nous démontre que oui, les temps changent. Lyon a lancé ces derniers jours un manifeste pour la transformation écologique de ses industries, à nous d’engager les mêmes démarches.
Nous en avons plus que besoin, car la transformation écologique ne peut se mener qu’avec les acteurs économiques et les citoyen.ne.s. C’est pour cette raison notamment que nous œuvrons à la définition d’un acte 2 de la démocratie locale.
C’est pour cette raison aussi que nous faisons toujours rimer démarche environnementale avec justice sociale. Les tarifications solidaires, les politiques de logements sociales, le soutien au monde associatif, l’expérimentation prochaine d’un revenu minimum garanti sont autant d’action pour ne laisser personne au bord du chemin. Il est toujours plus difficile de s’investir pour changer une société quand l’on doit d’abord se préoccuper au quotidien de trouver à manger ou à se loger. Alors oui les problèmes de la fin du monde et ceux des fins de mois sont bien intimement liés.
D’autant que les catastrophes climatiques accentueront la misère et avec elles les migrations. Nous devons être disponibles pour accueillir les réfugiés de guerre venant d’Afghanistan. Nous devons être disponibles pour accueillir les réfugiés climatiques. Nous ne pouvons que souhaiter que l’État trouve rapidement des solutions pour les habitant.e.s du campement des Gayeulles. Cette situation n’est pas digne de notre devoir de solidarité. Certaines familles sont en France depuis des années, nous ne pouvons qu’appeler à leur régularisation pour qu’elles accèdent enfin aux mêmes droits au logement que les autres habitant.e.s de notre Métropole. Notre collectivité doit appeler à cette régularisation.
Vous l’avez compris, en matière de changement climatique il nous faut agir, vite et avec intensité. Plus aucune politique de notre collectivité ne doit oublier ce combat, car il en va de l’habitabilité de notre planète. Oui il y a parfois des choix collectifs et individuels difficiles à faire. Mais personne ne nous reprochera jamais dans l’avenir de ne pas avoir tout fait pour éviter le pire. Les solutions existent à nous de les porter.