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À la une Conseil municipal Enfance – Éducation – Jeunesse Gaëlle Rougier

Réponse au vœu pour la constitution d’un Conseil Municipal des Enfants et des Jeunes à Rennes

Réponse de Gaëlle Rougier, adjointe à l’éducation de la Ville de Rennes, au vœu pour la constitution d’un Conseil Municipal des Enfants et des Jeunes proposé par le Groupe Révéler Rennes.

Madame la Maire,

Chers collègues,

Juste un complément à l’intervention de ma collègue Iris Bouchonnet concernant la question particulière de la participation des plus jeunes, puisque votre vœu nous interpelle aussi sur la participation des enfants.

Tout d’abord, je tiens à dire que sur cette question de la participation et de l’engagement des jeunes, personne n’a de baguette magique ni de solution miracle, il faut le dire avec beaucoup d’humilité, et ce, quelle que soit notre couleur politique. Car, dans le cadre de la Ville éducatrice, nous sommes des planteurs de graines, des semeurs, et nous devons créer les conditions de l’épanouissement de ces graines dans l’objectif de faire société.

Quant à faire un lien entre les outils que nous mettons en place localement et ce que produiront ces outils sur la participation à l’âge adulte, notamment en matière de vote, là encore le lien n’est pas évident et là encore il faut être prudents.

Je pense que notre responsabilité collective localement est de donner le goût aux enfants, dès leur plus jeune âge, à la chose commune, au faire ensemble. 

Dans une démarche d’éducation populaire, nous devons permettre aux enfants d’expérimenter la démocratie directe ou représentative d’ailleurs, autour de notion et d’objets concrets qui font sens pour elles et eux. C’est ce que nous avons fait avec le vote sur le nom de l’école Toni Morisson à Maurepas, expérience que nous allons reproduire avec Baud Chardonnet. C’est le coup de cœur des enfants sur les projets du budget participatif. C’est le travail mené avec X. Desmots sur un budget participatif des enfants. C’est ce que nous faisons quand nous concertons les enfants sur les plats qu’ils aiment ou non à la cantine.

L’apprentissage de la démocratie doit se faire tout petit, mais cela implique que nous soyons capables de reconnaître que l’avis ou l’envie d’un enfant a de la valeur. Nous parlons souvent des enfants comme des citoyen.nes en devenir, mais c’est là le piège. Les enfants sont des citoyen.ne.s à part entière qui, en fonction de leur âge, peuvent mettre en œuvre leur curiosité, leur esprit critique et leur envie de participer.

La Ville de Rennes est signataire de la Charte des droits de l’enfant portée par l’Unicef et parmi ces droits, le droit à être reconnu et écouté dans ses besoins et ses volontés, à participer à la vie démocratique. Et pour nous, vous l’aurez compris, nous parlons d’une citoyenneté active, qui n’est pas l’instruction civique ou la connaissance des institutions ou même la participation à des institutions d’enfants ou de jeunes qui reproduisent les biais sociaux et démocratiques de nos instances d’adultes.

L’ambition n’est pas de former de futurs élus rennais, voire de former de futurs électeurs/électrices (même si nous espérons que ce soit un effet induit positif dans le cadre d’une démocratie représentative), mais bien de former des citoyen.ne.s heureux, avertis, qui savent faire du commun avec les autres, quel que soit d’ailleurs le mode de participation qu’ils se choisiront à l’avenir.

C’est tout l’objet de la Ville à taille d’enfant que nous voulons formaliser à Rennes avec Lucile Koch. Une ville qui fait de la place aux enfants et aux jeunes et qui les impliquent dans les décisions municipales dans ce qui fait leur vie au quotidien, et non pas seulement dans des instances dédiées qui ne concernent que quelques individus et finalement ne permet pas, à cette échelle, d’une transformation d’ampleur de la société.

Cela demande un peu d’innovation, de changement de regard et d’habitudes sur la prise en compte de la parole des jeunes et des enfants et surtout, cela demande de donner les moyens à l’éducation populaire portée par nos animateurs du périscolaire, mais aussi par les associations. Et c’est pour cela que je plaide avec d’autres élu.e.s à l’éducation pour des moyens renforcés pour les communes et pour les associations pour mener ces politiques éducatives sur nos territoires.