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Pour des écosystèmes industriels vertueux sur notre territoire

Conseil métropolitain du 14 Novembre 2024Intervention portée par Marion CHEVALIER au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur la délibération n°2 : Développement économique Délégation de service public relative à la gestion et à l’exploitation du Bâtiment 78 – Attribution

Depuis son acquisition en 2021 par la Métropole sur le secteur industriel stratégique de la Janais, le bâtiment 78 a été pensé comme le “bâtiment totem” du Pôle d’excellence industriel. Constitué de 25 000m2 de bâtiment et de 5 000m2 de locaux tertiaires, le bâtiment 78 doit jouer plusieurs rôles : incubateur, pépinière et hôtel d’entreprises, plateforme d’innovation, soutien au développement industriel avec des services sur mesure. Ceci au service d’une industrie décarbonée et économe en énergie, que notre Métropole souhaite voir se développer sur son territoire, avec deux priorités clairement affichées : les mobilités durables et l’écoconstruction.

Les élu.e.s écologistes et citoyens ont soutenu ces orientations ambitieuses et prometteuses, qui répondaient à notre projet en faveur d’une industrie écologique et sobre, répondant aux besoins du territoire et de ses habitants.

Aujourd’hui, l’arrivée imposée de Safran sur le secteur de la Janais, en contradiction avec les orientations initiales, ne doit pas orienter cette précieuse zone industrielle vers un développement exclusivement tourné vers les secteurs de l’aéronautique, de la défense et de ses sous-traitants. Nous sommes particulièrement préoccupés par l’avenir du bâtiment 78. L’hébergement, certes temporaire, de Safran dans les locaux de la pépinière, est en ce sens un mauvais signal. Prenons garde à ce que d’autres entreprises vertueuses ne quittent cet espace, par manque de soutien et de volontarisme politique.

A l’occasion ce soir de l’approbation du groupement CCI-Wacano-Eclozr qui sera chargé de la gestion et de l’exploitation du bâtiment 78, nous nous interrogeons : le groupement aura-t-il une mission de prospection des candidats? Si ce n’est pas le cas, qui est chargé de ce sujet au sein de notre collectivité, et quels sont les process de recherche de candidats ainsi que les critères de sélection des entreprises accueillies dans le bâtiment 78?

Avec l’expérience de Stellantis mais aussi les actualités récentes de l’industrie automobile qui connaît actuellement un coup de frein mondial, force est de constater la fragilité de ces modèles du passé, incompatibles avec les limites planétaires. Ils ne garantissent plus, ni la pérennité des activités, ni la durabilité des emplois.

Après avoir reçu des aides publiques massives des collectivités bretonnes, dont plus de 1,13 Millions de la Métropole rennaise pour la modernisation de son site sur la Janais en Mars 2023, Stellantis a décidé de délocaliser en Asie un atelier d’outillage en Juin de cette année. L’entreprise vient également d’annoncer la suppression de 250 emplois intérimaires début 2025.

Cela devrait interroger notre responsabilité en tant que collectivité et nous inviter à mieux prioriser et conditionner nos aides économiques, en particulier dans un contexte de raréfaction des financements publics.

Réagissant aux dernières annonces de plans sociaux en cours chez Michelin et Auchan, les syndicats ont à juste titre interrogé les aides publiques accordées à ces entreprises qui ne les empêchent pas de licencier et de délocaliser. Marc Ferracci, Ministre de l’industrie,  s’est même exprimé en ces termes : “si les aides ne sont pas efficaces de manière globale, eh bien il faut arrêter les aides”. Et si on le prenait au mot ? Arrêtons les aides économiques qui ne sont pas efficaces. Concentrons nous sur le soutien à la transition de notre économie, au renforcement de l’ESS ou encore au soutien à l’utilité sociale et environnementale de certaines entreprises.

La dernière étude de l’Audiar rappelle que notre métropole n’est historiquement pas un territoire fortement industriel, si ce n’est de par son histoire avec l’industrie de l’automobile. A l’heure des nécessaires relocalisations et des nécessaires investissements industriels pour la transition écologique, notre page de l’industrie reste donc à écrire.

Et comme dit le proverbe, qui va doucement va sûrement (Rome ne s’est pas faite en un jour). Il nous faut du temps, de la conviction et de la persévérance pour industrialiser notre territoire, pour faire les bons choix qui nous engagent pour les décennies à venir. Nous ne pouvons pas nous contenter de saisir au vol des opportunités, il nous faut mouiller la chemise pour faire prospérer sur notre territoire des écosystèmes industriels vertueux, comme les mobilités du quotidien à faible impact carbone, l’éco-construction ou bien encore les énergies renouvelables. Et pour celà, nous avons besoin de volonté politique, de posture proactive, de financement public et d’accompagnement pour soutenir la prise de risque inhérente au développement de ces nouvelles activités.

Seul le prononcé fait foi