Je vous propose de valider aujourd’hui les nouvelles Orientations pour le Plan des Politiques Linguistiques. Ces orientations ont pour objectif de structurer une politique transversale qui mettra au cœur de notre politique municipale les langues parlées par les Rennais et les Rennaises.
La ville a une politique spécifique et affirmée pour la langue bretonne qui date des années 80. Pour rappel, un Plan pour cette langue a existé pendant la période 2015-2020. Le renouvellement de ce plan nous a encouragés à faire une réflexion plus large au vu des besoins actuels qui émergent autant de nos associations que de nos services de premier accueil.
En effet, d’une part, une politique en faveur du gallo se profile de plus en plus au niveau de la Région ; les associations pour la réappropriation du gallo sollicitent de la ville de Rennes qu’elle exerce aussi un rôle symbolique en tant que capitale de la Bretagne ancrée au cœur d’un territoire dont la mémoire linguistique des habitants existe aussi dans ce sens.
D’autre part, la ville a une politique d’égalité et de luttes contre les discriminations. Nous sommes aujourd’hui dans une ville qui parle beaucoup de langues, dans nos quartiers, certes, mais pas que. Les associations de sourds et malentendants qui utilisent la langue des signes ; nos universitaires, qui voyagent et apportent aussi de la couleur langagière à nos rues ; notre rayonnement international. Toutes ces politiques sont déjà en place, il s’agit d’en affirmer la pertinence et de propulser des actions coordonnées par secteurs ; je pense à la Jeunesse, à l’enfance et la petite enfance, aux politiques d’Éducation, à la Mission Égalité, à la Culture et au patrimoine immatériel, aux relations internationales…
Le Rapport au Parlement sur la langue française 2023, issu d’un travail de la Délégation générale à la langue française et aux langues de France, nous parle de la langue française comme un vecteur de lien social, comme un gage d’unité nationale ; j’aimerais que ce Conseil Municipal comprenne bien que cette mobilisation pour la langue française, facteur de cohésion sociale, n’est nulle opposée à la reconnaissance de la diversité linguistique ; vous l’entendez bien dans nos rues tous les jours, la société rennaise est plurilingue. Dans ces temps de repli, plus que jamais il y a un besoin avéré de créer des liens égalitaires : ce serait un pas de géant si nous étions capables de nous dire que celui qui s’exprime dans une autre langue ou qui a un français fragile ou encore juste un accent n’incarne pas la représentation d’AUTRUI, mais l’image d’un membre à part entière du corps social.
Je sais, c’est un souhait qui peut ne pas être partagé par tout le monde, pourtant le Sapiens que nous sommes a évolué et s’est imposé sur la planète grâce à sa capacité de langage. Cette capacité est une seule et unique, mais s’exprime dans une diversité de langues différentes tout le long de la planète. Les langues tendent à la diversification, l’humain s’embête à la diversité et ce n’est pas pour rien, c’est un des vecteurs naturels de sa survie. Nous n’avons pas décliné le langage en une seule langue commune à toute l’humanité et toute tentative de le faire a échoué et échouera, car elle est contraire à notre nature diverse et diversifiée.
Dans la mesure où nous sommes capables de traiter les langues comme un fait intrinsèque à notre humanité, de les extraire des rapports de pouvoir et des rapports de discrimination, nous sommes aussi en capacité de tisser du lien social. Et cela vaut pour les langues constitutives de notre territoire, comme le breton ou le gallo, et pour les langues autres parlées à Rennes, présentes souvent à cause de l’ancienne colonisation, par exemple.
Les Orientations que je vous présente se veulent transversales et feront l’objet d’un travail en concertation avec nos associations dès l’automne. Elles feront aussi l’objet d’un co-pilotage des multiples politiques municipales qui s’occuperont de les décliner en actions annuelles.