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Quartiers populaires : contre les inégalités, une feuille de route et 1,5 millions d’€ par an

Présentation de Priscilla Zamord, Vice-Présidente de Rennes Métropole, chargée de la Politique de la Ville, de l’Égalité et des Solidarités

Expression politique des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur le Contrat de ville 2024-2030 de Rennes Métropole, portée par Gaëlle Rougier

Réponse de Priscilla Zamord à l’opposition du conseil métropolitain de Rennes sur le Contrat de ville 2024-2030 de Rennes Métropole

Retranscription de l’expression politique des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s sur le Contrat de ville 2024-2030 de Rennes Métropole, portée par Gaëlle Rougier

À la suite de la présentation par ma collègue Priscilla Zamord de ce nouveau contrat de ville je souhaitais souligner combien le travail mené au sein de notre collectivité est le fruit non seulement d’une vision politique très claire au service des habitants des quartiers populaires, mais aussi d’une expertise de longue date des réalités vécues et des besoins sociaux exprimés par ces derniers.

Nous sommes loin, dans ce contrat de ville et dans la vision exprimée par ma collègue, des poncifs sur les « QPV » repris à l’envi par certains médias nationaux et entretenus par des discours au plus haut niveau de l’État ces dernières années.

Les propos condescendants vis-à-vis des habitants en QPV ne sont pas nouveaux, on se souvient de la racaille et du karcher. En 2021, les familles populaires étaient taxées par JM Blanquer d’utiliser l’allocation de rentrée scolaire pour acheter des écrans plats. 

Cette représentation des « pauvres » est problématique, car elle assigne les habitants des quartiers populaires à une imagerie purement négative. Les jeunes n’auraient d’autres choix que d’être des « dealers » ou « des délinquants » en puissance et le reste des habitants des victimes qui subissent. Quelle drôle de façon de donner des perspectives d’avenir et des projections positives pour celles et ceux qui grandissent en quartier populaire, contraints d’endosser en permanence ce genre de stigmates qui, évidemment, nourrissent les discriminations au travail, au logement, dans l’accès aux loisirs, aux droits, etc.

Les annonces qui s’égrènent depuis la mort du jeune Naël reposent sur une vision réactionnaire des quartiers populaires et pétris de préjugés. Comment justifier qu’on propose d’expérimenter le port de l’uniforme, le SNU, l’internat comme punition ou l’accueil au collège de 8 h à 18 h en priorité dans les quartiers populaires, si ce n’est pour dire que ces jeunes doivent avoir un traitement à part, peu importe qu’il soit injuste, stigmatisant et surtout totalement inefficace en matière de réussite scolaire ? Pourquoi penser que les parents en QPV seraient laxistes par nature, sans interroger les contraintes qui pèsent sur elles et eux au quotidien et les freins dans l’exercice de la parentalité ? 

Reprendre la grammaire du RN n’aide pas à résoudre les problèmes de pauvreté, de trafic, de logements qui sont des passoires énergétiques, de l’accès à l’alimentation, aux soins ou à l’école, de la qualité des espaces publics. Elle ne donne pas de moyens supplémentaires pour déployer le service public. Elle ne donne pas de réponse à l’adaptation à un monde à + 2 degrés, notamment pour les plus fragiles. NON. Par contre elle banalise et elle légitime les mots, les idées de l’extrême droite, le racisme systémique, elle concourt à nourrir la bête.

À rebours de cette réponse idéologique à portée électoraliste qui fracture et qui ne répare rien, notre territoire défend une tout autre approche. Que ce soit à travers le Pacte des solidarités porté par notre collègue Tristan Lahais, qui s’engage à renforcer les moyens et à déployer des mesures concrètes pour accompagner les jeunes les plus vulnérables et leurs familles ; ou encore le contrat de ville qui donne à voir toute l’étendue du partenariat avec le tissu associatif, avec les réseaux d’ESS, avec les habitant·e·s et qui sollicite leur pouvoir d’agir. 

Ce contrat de ville est un travail en bonne intelligence avec les services de l’État déconcentré, qui lui aussi, à l’expertise du terrain, loin là encore des discours ministériels ou présidentiels déconnectés et stigmatisants.

Aussi, une des nouveautés phares de ce Contrat de ville est le nouveau volet sur l’écologie populaire. 

L’écologie populaire se construit avec et pour les habitants : en partant de leurs pratiques, de lieux de convivialité, où se tissent les liens sociaux, où l’on apprend ensemble, en soutenant les initiatives et leur pouvoir d’agir afin d’améliorer concrètement leurs qualités de vie et pour agir sur leur environnement en proximité, mais aussi pour l’avenir tant du quartier que de la planète. 

Cette démarche s’appuie sur les énergies habitantes, mais également sur le tissu associatif et entrepreneurial des quartiers, les acteurs sociaux, éducatifs de proximité. Au-delà du saupoudrage et des appels à projets trop aléatoires, il faut des moyens et une continuité de l’engagement de la puissance publique auprès de ces acteurs. 

L’annonce de la suppression des emplois aidés, celle pour 2025 des fonds jeunesse et sport pour le dispositif LVJ (Loisirs Vacances Jeunes), les dispositifs qui apparaissent puis disparaissent au gré des coupes budgétaires, pèsent sur la cohérence d’action auprès des habitants et fragilise les acteurs de l’éducation populaire indispensables à la réussite de cette démarche.

Depuis que le président a balayé le plan Borloo d’un revers de main, sûrement peu en phase avec les conclusions de ce dernier, nous attendons encore le grand plan de l’État pour les quartiers populaires, pour l’école et pour l’éducation populaire, qui a été l’une des promesses de 2014.

En attendant, à rebours du discours sans moyen produit par le gouvernement, nous avançons dans le cadre de nos compétences, avec volontarisme et avec les habitants.