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Crise du logement, crise agricole : nous disons au gouvernement, ça suffit !

Conseil municipal du 19 février 2024 · Intervention de politique générale portée par Laurent Hamon au nom des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s

Par delà les valses ministérielles au goût amer d’un changement seulement illusoire, les mandats d’Emmanuel Macron restent marqués par une continuité de décisions qui aggravent les inégalités et dégradent la santé de la population et des écosystèmes. Nous le disons clairement, ce gouvernement agit sciemment au profit de l’enrichissement de quelques-uns contre l’intérêt du plus grand nombre. Les derniers exemples en date concernent les politiques de l’agriculture et du logement.

Au lieu de répondre à la crise agricole, le gouvernement a préféré satisfaire les syndicats productivistes et les lobbies de l’agro-chimie, en annonçant une catastrophique mise à l’arrêt du plan Écophyto. Malgré les retards successifs dans sa mise en œuvre, ce plan visait tout de même à réduire de 50 % l’usage des pesticides d’ici à 2030 par rapport à la période 2015-2017. 

Une annonce criminelle, qui est intervenue de façon cynique, lors de la journée mondiale contre le cancer. 

Une annonce qui nie les résultats des études scientifiques attestant aujourd’hui d’une contamination massive de l’eau, des sols, de l’air et des humains par les pesticides et leurs métabolites. Leurs impacts néfastes sur la santé humaine et des écosystèmes sont de plus en plus avérés.

Une annonce également en contradiction avec le droit, notamment la réglementation européenne et un jugement du tribunal administratif de juin 2023, qui a donné un délai d’un an à l’exécutif pour prendre toutes les mesures utiles afin d’atteindre les objectifs du plan Ecophyto.

Une annonce suivie d’une volonté de changer l’outil de mesure de l’utilisation des pesticides afin d’aller vers un indicateur qualifié de trompeur par les associations environnementales car il induirait une baisse en trompe-l’œil.

En tant qu’élu·e·s écologistes locaux, nous apportons notre soutien à toutes les victimes des pesticides, qui sont bien souvent des agriculteurs, et aux associations qui agissent pour la sortie des produits phytosanitaires. 

Dans notre ville, nous devons continuer de tout mettre en œuvre pour tenir notre engagement de devenir un territoire zéro pesticide de synthèse d’ici 2025. Nous le savons, notre collègue Ludovic Brossard est à la manœuvre car il reste encore quelques agriculteurs à convertir sur notre commune et cher collègue, vous avez notre plein soutien.

Lorsque l’État perd la boussole du bien commun et de la santé, les territoires doivent être d’autant plus exemplaires afin de protéger leurs habitantes et habitants.

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Sans transition, sans jeu de mots, je souhaite désormais évoquer la question du logement.

Les annonces des dernières semaines, incohérentes et à rebours des besoins d’un secteur qui connaît une grave crise, n’ont provoqué que déception et consternation. Après l’apologie par le Premier Ministre de la maison individuelle, qui interroge fortement dans le contexte de la zéro artificialisation nette et de la nécessaire sobriété foncière, dans la foulée, le Ministre de l’économie a annoncé pas plus tard qu’hier une coupe drastique d’1 milliard d’euros sur le dispositif MaPrimeRénov’, alors que la rénovation énergétique des logements devrait être une des priorités de notre action climatique.

Au lieu de répondre à la crise sociale du logement, le gouvernement préfère remettre en question la loi SRU. Celle qui oblige, depuis 2000, les communes en zone urbaine à proposer au moins 20% à 25% de logements sociaux, afin de favoriser la mixité sociale. 

Le Premier ministre a annoncé vouloir prendre en compte dans ce quota, les logements dits « intermédiaires ». Remplacer des logements sociaux par une offre destinée aux classes supérieures ne résoudra pas la crise, dans un pays qui compte 330 000 sans-abri, 3 000 enfants à la rue et 2,6 millions de mal-logés. 

En réalité, cette mesure est un cadeau à des maires réticents, puisque sans faire d’efforts sur le logement social, ils amélioreront leurs chiffres. Nous ne sommes pas dupes.

Le Premier ministre porte ainsi un très mauvais coup à une loi vertueuse qu’il faudrait plutôt faire appliquer et défendre, comme l’avait fait l’abbé Pierre en 2006… lui qui nous disait « Gouverner, c’est d’abord loger son peuple ».

À Rennes, nous accélérons la construction de logements, notamment sociaux, sans nous étendre sur des terres agricoles ou naturelles. Nous mettons en œuvre un loyer unique pour le logement social quelle que soit sa localisation. Nous proposons de plus en plus de logements à l’achat en accession aidée. Je profite de cette intervention, pour dire qu’ici à Rennes, il nous faudra activer l’encadrement et le plafonnement des loyers

Mais alors que moins d’une demande de logement social sur dix est satisfaite chaque année, l’État ne traite pas les causes profondes de la crise. Il devrait pourtant massivement aider à la construction et à la rénovation des logements sociaux, tout comme il devrait encadrer et réguler les prix du foncier.

Énième provocation du gouvernement : 

Nommer un ministre du logement, qui en tant que député, a porté la très contestée « loi anti-squat », et qui est allé jusqu’à défendre une peine de six mois de prison pour les locataires ayant des impayés de loyer, ne partant pas d’eux-mêmes après un jugement d’expulsion. Disposition jugée si régressive qu’elle a été supprimée par les sénateurs. Bref, un ministre de droite qui préfère s’attaquer aux pauvres plutôt qu’à la pauvreté, et aux mal-logés plutôt qu’au mal-logement. Tout un symbole, au moment de l’anniversaire des 70 ans de l’appel de l’Abbé Pierre… 

Nous le disons clairement : ça suffit !

Seul le prononcé fait foi