Paix, liberté et justice : la France et l’Europe doivent agir pour mettre fin au conflit israélo-palestinien

Retranscription de la prise de parole des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s

Voilà plus de cent jours, le 7 octobre 2023, jour de Simhat Torah qui conclut les fêtes juives de Soukkot, le groupe terroriste du Hamas menait des attaques coordonnées contre Israël, d’une ampleur inégalée. L’opération Déluge d’Al Aqsa fera plus de 1200 morts, en grande majorité des civils, des femmes, des enfants, et les festivaliers de Tribe of Nova. Les femmes ont été spécifiquement touchées, avec des violences sexuelles de masse. Ces actes de barbarie qui ont saisi d’effroi les Israéliens et le monde entier. À l’heure où nous parlons, cent trente otages sont encore détenus par le Hamas, après plus de cent jours de captivité. Nos pensées continuent d’aller vers les familles des victimes et de toutes les vies détruites par ces assauts meurtriers.

Cent jours, c’est aussi désormais la durée de la riposte du gouvernement israélien. Une riposte d’une violence extrême, qui pilonne le territoire de Gaza, bafouant le droit international et le droit de la guerre sur la protection des civils. Les forces aériennes israéliennes ont ainsi largué 29 000 bombes sur Gaza pendant les six premières semaines de la guerre. C’est autant que ce que les Etats-Unis avaient déversé durant leur offensive en Irak, en 2003, sur un pays d’une superficie mille fois supérieure. Le bilan humain est terrifiant. Selon les derniers décomptes, plus de 25 000 Palestiniens ont déjà été tués sous les bombardements, 7000 disparus, 60 000 blessés et 1.9 millions de déplacés. Chaque jour des enfants, des femmes et des hommes innocents meurent des suites des représailles aveugles de cette intervention militaire. 

La situation humanitaire à Gaza est catastrophique. L’ensemble de la population – environ 2.2 millions de personnes, donc – est, depuis novembre déjà, en état d’insécurité alimentaire. Neuf Palestinien.nes sur dix mangent moins d’un repas par jour et ont du mal à trouver de l’eau potable, d’après le Programme Alimentaire Mondial. L’enclave, qui manquait déjà de tout depuis le blocus israélo-égyptien instauré en 2007, est désormais coupée du monde. L’aide humanitaire est distillée au compte-goutte. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), « entre le 1er et le 10 janvier, seuls près de 15% (3 sur 21) des livraisons prévues de nourriture, de médicaments, d’eau et d’autres fournitures vitales au nord de Gaza ont eu lieu ». La population gazaouie meurt de faim, ce qui la rend d’autant plus vulnérable aux maladies, alors même que les hôpitaux sont saturés, quand ils ne sont pas déjà détruits. La spirale infernale de la guerre plonge toute une population dans la misère.  Les conséquences matérielles de ces bombardements sont irrémédiables et laisseront, quoi qu’il arrive dans les prochaines semaines ou les prochains mois, un territoire en ruine et une société en lambeaux.

Au même moment, dans les territoires occupés de la Cisjordanie, les Palestiniens subissent des exactions perpétrées par des colons aidés de l’armée israélienne dans le silence le plus assourdissant de la communauté internationale. Les paysans sont empêchés d’aller cultiver leur terre, ramasser les olives, leurs raisins. Les territoires sont saturés de barrages militaires empêchant la circulation des populations et des marchandises. L’armée pénètre chaque jour dans des villages, des camps pour menacer, arrêter et voire tuer des hommes mais aussi des femmes et des enfants. Nous pensons particulièrement ce soir à celles et ceux avec qui Rennes est en lien depuis des années. Aux paysans de la Coopérative Al Sanabel située dans la région d’Hébron que la Ville de Rennes a soutenu  lors de sa création, voilà plus de 20 ans, à l’initiative de l’adjointe écologiste à la coopération internationale Nicole Kiil-Nielsen, puis poursuivi par Jocelyne Bougeard en partenariat avec l’AFPS afin de leur permettre de cultiver le raisin sur leurs terres menacées de confiscation. Au Maire et aux agents du service de l’eau de Beitunia, ville proche de Ramallah  avec qui la Collectivité Eau du Bassin Rennais coopère depuis 2015 afin de les accompagner dans la rénovation de leur réseau d’eau potable alors qu’Israël en charge de l’alimentation en eau ne leur donne qu’un accès limité.

Comme écologistes, nous sommes engagés auprès de tous les acteurs décidés à obtenir une paix durable. Mais nous  savons également qu’il n’y a pas de paix sans liberté ni justice.

C’est pourquoi nous devons mobiliser tous les leviers pacifistes pour obtenir la libération des otages qui restent encore à cette heure aux mains du Hamas.

C’est pourquoi aussi, aux côtés des ONG, nous exhortons la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, à exiger un cessez-le-siège et un cessez-le-feu immédiat, et à mettre en place des sanctions à l’encontre du gouvernement d’extrême-droite d’Israël. C’est pourquoi, le gouvernement français doit œuvrer au sein de l’Europe et de la communauté internationale pour l’arrêt de la colonisation, le respect par Israël des résolutions de l’ONU et la relance d’un processus de paix. Ce qui se déroule sous nos yeux aujourd’hui n’est pas une péripétie isolée, mais bien le fruit de l’Histoire et la conséquence funeste de soixante-dix ans de conflit en Palestine.  Une issue diplomatique et politique doit être trouvée à la quête légitime pour l’autodétermination du peuple palestinien. La fin des actions terroristes du Hamas et la fin de la politique coloniale menée par le gouvernement israélien font partie de la réponse. La position historique de la France a toujours été de promouvoir une solution politique permettant aux deux peuples de vivre en paix, position que nous défendons également en tant qu’écologistes.

Ne tombons pas dans le piège consistant à transformer les actes terroristes du Hamas en guerre de civilisations opposant monde occidental, Israël et monde arabe. Aidons les Israéliens et les Palestiniens à vivre en paix. Par nos interpellations, aidons à une solution politique à un conflit qui n’a que trop duré. Empêchons que le monde ne s’embrase sur les morts de Gaza et d’Israël.

Je vous remercie,

Seul le prononcé fait foi