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Sur le logement comme sur le climat, l’État doit assumer ses responsabilités !

Conseil municipal du 18 septembre 2023 · Prise de parole des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s portée par Laurent Hamon

Depuis la rentrée, je fais des allers-retours entre Brest et Rennes car je n’ai pas trouvé de logement. C’est vraiment déprimant, on veut se concentrer sur la rentrée pour étudier, mais c’est impossible !”

Voilà le genre de témoignages que l’on peut lire en nombre, dans la presse régionale, en cette rentrée universitaire. La crise du logement étudiant est gravissime, en particulier dans notre ville qui rappelons-le, compte plus de 70 000 étudiants. Et les effectifs sont en hausse de 5% chaque année, conduisant à une situation de plus en plus tendue au fil des ans.

Il est parfaitement inacceptable que l’État décide de laisser des étudiants sans logement et compromette leur année d’étude. Certains renoncent même à leur formation faute de logement. Le Crous Bretagne estime d’ailleurs à 1500 le manque de logements en résidence pour répondre à la demande. C’est à l’État qu’il revient d’investir dans la construction de logements pour sa jeunesse. À quand un plan national d’urgence pour le logement étudiant ? 

Cette crise du logement étudiant s’inscrit dans une crise plus globale du logement, à laquelle notre ville est confrontée. Crise alimentée par la croissance démographique, la spéculation immobilière et l’explosion des prix, le sous-investissement de l’Etat, ou encore le développement des locations courte durée. 

Notre Programme local de l’habitat doit contribuer à apporter des solutions, avec un budget doublé par rapport au précédent et un objectif de 5000 nouveaux logements annuels, dont 30% à vocation sociale.

Il nous faut également accélérer la rénovation globale des logements, pour améliorer le confort de vie des habitant.es et éviter leur sortie du parc de location, en étudiant notamment la faisabilité d’une société de tiers-financement permettant l’avance de frais pour les plus modestes.

Il nous faudra aussi travailler plusieurs sujets dont la sous-occupation des logements à travers la facilitation de parcours résidentiels et celui de la régulation des meublés touristiques. Selon la plate-forme AirDNA, la quantité de locations rennaises de courte durée a augmenté de 18 % ces trois dernières années.

Le récent décret qui classe Rennes en zone tendue fiscale nous permet aujourd’hui de surtaxer les résidences secondaires : cela constituera une ressource fiscale nouvelle, socialement juste. Cette majoration est d’autant plus nécessaire qu’elle permettra d’éviter les effets d’aubaine des propriétaires tentés de déclarer leur résidence secondaire à Rennes et leur résidence principale dans les communes littorales ayant majoré leur taxe.

Plus globalement, nous avons besoin d’une vraie fiscalité locale, qui serait adossée aux revenus des habitant.e.s. Cette fiscalité permettrait de capter les flux de richesse de la ville et métropole qui augmentent et masquent des inégalités qui se creusent. Ainsi nous pourrions davantage investir dans la transformation écologique et sociale de notre ville, et notamment dans une politique en faveur d’un logement abordable et durable pour toutes et tous.

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Cette grave crise du logement se double d’une hausse dramatique de la précarité, en raison notamment de l’inflation qui s’installe durablement. Les deux sujets étant liés, la population française consacre une part croissante aux dépenses de logement en hausse, aggravant le phénomène de précarité. 

Comment ne pas être sensible au signal d’alarme et à l’appel à l’aide lancé au niveau national par le Président des Restos du cœur ? 

A Rennes, comment ne pas être alarmés par la forte hausse des bénéficiaires des Restos du Coeur ? 

Si la Ville de Rennes est au rendez-vous en leur accordant un soutien supplémentaire, que nous soutenons et relayons leur appel aux dons, il s’agit néanmoins d’un indicateur à prendre très au sérieux.

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Des habitants qui ont davantage recours à l’aide alimentaire, qui éprouvent des difficultés à se loger et qui peuvent aussi souffrir du froid l’hiver ou des vagues de chaleur l’été dans leurs logements mal isolés. Des inégalités qui progressent et qui fragilisent aussi notre capacité à affronter le péril climatique. 

“L’effondrement climatique a commencé”. C’est par ses mots forts que le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a évoqué l’été 2023 qui s’achève. 

Un été terrible qui a battu tous les records, l’été le plus chaud jamais enregistré sur Terre d’après les scientifiques. 

Un été qui a connu un nouveau cycle mondial de catastrophes climatiques, engendrant des milliers de drames humains et des impacts terriblement destructeurs pour le vivant. Un été qui a vu le premier pays au monde à se mettre à l’arrêt du fait de chaleurs invivables, l’Iran sous 50°C. Canicules, sécheresses, incendies et inondations historiques se sont succédés implacablement dans de nombreux pays.

Au nom du groupe écologiste et citoyen, je tiens à adresser mes pensées les plus sincères aux milliers de victimes climatiques partout dans le monde de cet été funeste, ainsi qu’à leurs proches et à leurs familles. 

Que dire de notre Ministre de l’Agriculture qui estimait en Juin que les températures étaient plutôt normales pour un été, confondant par là météo et climat ? 

Que dire de notre Ministre de la transition écologique qui recommandait avant l’été de ne pas ouvrir les stores des salles de classe pour se protéger de la chaleur ?

Que dire de notre Président de la République qui n’inscrit pas le climat et l’écologie à l’ordre du jour de la réunion de rentrée avec les chefs des partis ? 

Cet été appelait à des annonces politiques à la hauteur de la gravité de la situation. Nous attendons toujours et dans le contexte actuel, cette procrastination est franchement criminelle.

En tant qu’écologistes, nous avons trop souvent été accusés d’être des oiseaux de malheur, annonciateurs de désastres, voire même de l’écologie punitive comme je l’entends parfois dans cette salle. Aujourd’hui, les catastrophes sont là, sous nos yeux. Le sentiment de peur est alors plus que légitime, il est même totalement normal. Il n’y a qu’un remède efficace à la peur, face à un danger avéré : c’est l’action. 

En tant qu’élus locaux de la ville de Rennes, nous sommes résolument engagés dans notre mandat avec la détermination d’activer tous les leviers à notre disposition pour empêcher le désastre.

La végétalisation et la désartificialisation de l’espace urbain font partie de nos priorités, en raison de ses multiples bénéfices : adaptation en cas de forte chaleur, infiltration des eaux de pluie ou encore préservation des habitats pour la biodiversité. Afin de couper court aux fausses informations, notre bilan depuis le début du mandat s’élève à un solde net de 11 000 arbres (11 353 en date de la semaine dernière), comme le rappelle très régulièrement notre collègue adjoint à la biodiversité, Didier Chapellon. 

Et notre objectif est bien de 30 000 d’ici 2026. 

Nous tenons à le dire à nos collègues, afin de leur éviter des erreurs ou des malentendus en ayant recours à des sources externes, nous sommes à leur disposition s’il leur manque un chiffre relatif à l’action municipale. 

Nous le savons, nous avons la responsabilité d’amplifier notre action.

D’autant que les habitantes et les habitants de notre territoire le demandent, comme en témoignent les premiers résultats de l’enquête TMO pour Rennes Métropole. Près de 70% des Rennaises et Rennais souhaitent que le changement climatique soit davantage pris en compte dans nos politiques, la moitié souhaite une action beaucoup plus ambitieuse.

Pourtant, notre fort volontarisme en matière d’écologie se heurte de plein front aux limites budgétaires imposées à nos collectivités locales. L’Etat ne peut pas avoir seulement en ligne de mire la baisse de l’endettement. En coopération, il doit travailler sur les bases d’une nouvelle fiscalité locale, donnant vraiment aux collectivités les moyens d’agir. Nous attendons des annonces présidentielles sur la planification écologique qu’elles soient non seulement ambitieuses mais qu’elles n’oublient pas le rôle central des collectivités pour faire face à ce défi commun. 

Seul le prononcé fait foi