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Urgence climatique : le temps est à l’action !

Comment ne pas être inquiets face à l’été caniculaire que nous vivons ? 40 jours sans pluie en Bretagne et une sécheresse sans précédent depuis au moins 60 ans ; des températures qui ont battu tous les records avec plus de 40 °C à Rennes et des semaines entières à plus de 30 °C ; des feux de forêt à Le Verger, Brocéliande, ou encore sur les Monts d’Arrée dans une région qui en était jusqu’à présent très préservée ; des restrictions d’eau tout l’été et sans aucun doute des coupures d’eau à venir cet automne pour certaines villes bretonnes. 

Non, le changement climatique n’est pas un lointain horizon qui incombera aux générations futures. Nous en vivons les effets depuis déjà plusieurs décennies et force est de constater que les processus s’accélèrent. Oui, le changement climatique est extrêmement intense et rapide à l’échelle de la vie sur Terre.  

Non, la Bretagne n’est pas épargnée par le changement climatique. La réalité c’est que personne ne l’est. La réalité c’est aussi que l’Europe de l’Ouest est bien identifiée depuis plusieurs années comme un « point chaud » du changement climatique par les scientifiques : l’Europe de l’Ouest se réchauffe quatre fois plus vite que le reste du monde. Nous sommes donc plus fortement impactés que certaines régions du monde. 

La mauvaise nouvelle c’est aussi que le dernier rapport du GIEC publié en 2021 a établi de nouveaux scénarios d’évolution climatique. Et les scénarios les plus pessimistes nous amènent à + 5° dans 30 ans (contre une augmentation de +1,1° en 100 ans aujourd’hui). La bonne nouvelle c’est que les scénarios optimistes du GIEC nous permettent bien de contenir le changement climatique autour de 1,5°. Et cela ne dépend que de nous et des choix que nous faisons aujourd’hui. 

Il n’y a donc plus de questions à se poser : il faut décarboner de toute urgence et de manière radicale nos sociétés. Et face à l’urgence, toutes les économies de gaz à effet de serre, petites ou grandes, sont à mener avec la même volonté. L’été 2022 est bien celui de la fin de l’insouciance. Mais surtout, il marque le temps de l’action !  

Il y a 40 ans, les premiers écologistes alertaient déjà sur les dangers que nous subissons désormais. Ils avaient raison et il nous faut encore une fois saluer leur action déterminée. Mais l’essentiel est, aujourd’hui, de porter et de mettre en œuvre des politiques publiques à la hauteur des enjeux.

Depuis 2014, à Rennes et Rennes Métropole, nous portons avec la majorité une action résolue en faveur de la transition énergétique, des mobilités décarbonées, de la végétalisation de notre ville, d’une alimentation biologique, d’une meilleure gestion de la ressource en eau avec sa reprise en gestion publique. 

Depuis 2020, nous agissons collectivement avec nos collègues élu·e·s pour accélérer encore la transformation de notre territoire. Des investissements massifs sont engagés pour créer des alternatives à la voiture individuelle responsable de plus du tiers des émissions de Gaz à Effet de Serre sur le territoire de Rennes Métropole. La végétalisation de notre ville et la stratégie de reconquête de la biodiversité avec plus de 5 000 arbres plantés chaque année sont aussi à l’œuvre. Le déploiement des énergies renouvelables à l’échelle de notre territoire s’organise aussi tout comme la réhabilitation énergétique de nos logements, sources de plus du tiers des émissions de carbone sur le territoire de Rennes Métropole. Notre volonté de sortir des pesticides et d’un modèle agricole breton climaticide responsable de 15 % des émissions métropolitaines est aussi affirmée. 

Rennes et Rennes Métropole sont résolument engagés pour construire la société de l’après-carbone. Pour autant, le rythme avec lequel nous menons ces actions aujourd’hui risque d’être insuffisant pour tenir les objectifs locaux que nous nous sommes fixés à l’horizon 2030. Et ce d’autant plus que le changement climatique est plus brutal que nous l’avions envisagé. Il nous faut donc pousser davantage les curseurs de nos politiques et des actions collectives. Nous avons aussi besoin d’un soutien fort et d’une pleine collaboration de l’État pour agir. Ces dernières années, il a été largement aux abonnés absents. Les annonces récentes de la Première Ministre de la création d’un Fonds Vert pour accompagner les collectivités dans la transition sont un premier pas, mais il demeure encore insuffisant. 

En matière de changement climatique, il nous faut agir, vite et avec intensité. Plus aucune politique ne doit oublier ce combat, car il en va de l’habitabilité de notre planète. L’heure est à la mobilisation générale de toutes et tous. Les solutions existent à nous de les réaliser collectivement.

En ce mois de septembre 2022, nous faisons donc ici des propositions pour accentuer et accélérer les politiques à l’œuvre sur le territoire :

1— Réduire de 15 % les consommations énergétiques de la Ville de Rennes et Rennes Métropole

— Réduire les périodes de chauffe des bâtiments publics et la température à 18°. Dans un contexte de changement climatique, de guerre en Ukraine et de renchérissement fort des coûts de l’énergie, c’est la première mesure à mettre en œuvre. Nous sommes convaincus que  les usagers du service public soutiendront de telles mesures qui permettent de protéger le climat et d’économiser l’argent public. Nous proposons aussi de diminuer la température de chauffe des piscines et des gymnases.

— Éteindre dès à présent tous les systèmes d’affichage numérique sur la ville de Rennes et l’ensemble des bâtiments patrimoniaux.  

— Étendre les secteurs d’extinction de l’éclairage public et limiter les horaires d’éclairage. Le futur Schéma Directeur d’Aménagement Lumière qui doit être approuvé dans quelques semaines par Rennes Métropole est l’occasion d’engager ce processus. Le déploiement des décorations lors de fêtes de fin d’année devra aussi être revu.  

— Conforter la réhabilitation énergétique des bâtiments publics. Sur la période 2021-2027, la Ville de Rennes prévoit un budget total de réhabilitation de 205 millions d’euros pour 5 GWh d’économie d’énergie. C’est un effort important, mais l’essentiel des économies d’énergie (4,5 GWh) est réalisé exclusivement sur la réhabilitation de la piscine de Bréquigny. Nous proposons d’étudier d’autres pistes d’économies (patinoire, réhabilitation de l’EHPAD de Saint-Cyr…). L’annonce par la Première Ministre d’un Fonds vert à destination des collectivités, bien qu’insuffisant, constitue néanmoins une opportunité pour ouvrir de nouveaux chantiers de réhabilitation. 

— Rennes Métropole accompagne les communes pour la réalisation de leurs bâtiments publics à travers un fonds de concours. Nous proposons d’imposer dans ce cadre une performance énergétique renforcée, en conformité avec les objectifs du plan climat et dans l’intérêt des communes elles-mêmes sur la durée de vie des investissements. 

— Engager une contraction des horaires d’usage de la patinoire, une période de fermeture l’été et engager une étude sur sa transformation en un nouvel équipement qui ne sera plus dédié aux sports de glace.

— Accélérer la mise en œuvre des systèmes de pilotage de l’énergie dans les bâtiments publics. 

— Engager progressivement la facturation d’énergie pour les acteurs hébergés dans les bâtiments de la Ville de Rennes. Cette facturation a d’abord une vertu pédagogique et d’incitation aux économies d’énergie. Dans un contexte financier compliqué aussi pour les acteurs associatifs, ce dispositif n’aura pas d’impact financier négatif pour les acteurs. 

2 — Agir avec le monde économique

— Les acteurs économiques de notre territoire sont, pour nombre d’entre eux, engagés dans la lutte contre le changement climatique. Ils subissent eux aussi l’augmentation forte des charges d’énergie. Aussi, nous les appelons à anticiper le décret national d’interdiction de chauffer ou climatiser portes ouvertes et à appliquer dès à présent cette mesure. De la même façon, de nombreuses économies d’énergie (réduction du chauffage, respect de la législation sur l’extinction des enseignes en dehors des horaires d’ouverture, extinction des parkings en dehors des horaires d’ouvertures…) sont autant d’actions bénéfiques pour le climat et la réduction des charges des entreprises. 

— Accélérer l’éco-conditionnalité des aides métropolitaines en faveur des entreprises. Par exemple, dans ce cadre il nous semble nécessaire d’introduire une obligation de plan d’action mobilité et  énergie, accompagnée et évaluée par Rennes Métropole, pour les entreprises sollicitant une subvention. 

3 — Agir avec les citoyen·ne·s

Révolutionner les mobilités. L’arrivée de la seconde ligne de métro, le redéploiement du réseau de bus, la réalisation du Réseau Express Vélo, l’expérimentation du covoiturage rémunéré, la réalisation de nouvelles voies dédiées aux transports en commun, l’apaisement des espaces publics en faveur du piéton sont autant d’outils disponibles pour réduire l’utilisation de la voiture individuelle. 65 % des déplacements font moins de 3 km et pour nombre d’entre eux il existe une alternative à la voiture. Les déplacements représentent 35 % des émissions de Gaz à Effet de Serre à Rennes Métropole. Alors, dès que c’est possible, pensons métro, bus, vélo, marche, co-voiturage et auto-partage. 

— Constituer une convention citoyenne pour le Climat. Dans le prolongement du travail initié avec la création d’une convention citoyenne métropolitaine sur la démocratie locale, nous souhaitons l’organisation d’une convention citoyenne métropolitaine pour le climat et la création d’un budget participatif métropolitain dédié à la transition énergétique. 

4 — Réhabiliter massivement les logements

— Consolider les budgets métropolitains dédiés à la réhabilitation des logements privés. Pour tenir les objectifs de notre plan Climat Air Énergie Territorial, il nous faut réhabiliter 6 000 logements chaque année. Aujourd’hui, ce sont environ 1 200 logements qui sont réhabilités sur le territoire. Pour parvenir aux objectifs, il faudra une action forte de l’État qui maîtrise les dispositifs de réhabilitation énergétique. Nous avons néanmoins notre part à jouer et nous souhaitons que le dispositif Éco-travaux soit fortement renforcé financièrement. C’est un atout pour le climat et le budget des ménages. 

5 — Développer les énergies renouvelables

— Accélérer le déploiement des énergies renouvelables sur le territoire de Rennes Métropole. Concernant l’extension du réseau de chaleur et les installations du solaire photovoltaïque, les chantiers sont engagés. Il nous semble nécessaire d’accélérer le développement de la méthanisation non agricole (biodéchets et boues d’assainissement). Le potentiel photovoltaïque reste encore sous-exploité, aussi nous proposons de développer un outil local de tiers financement impliquant notamment les acteurs bancaires, pour servir de levier dans le déploiement d’ENR à grande échelle.

— Faire de la construction de logements un levier de transition énergétique. La filière de promotion immobilière est techniquement capable de réaliser des bâtiments à énergie positive. Les 4 500 logements à produire chaque année sur Rennes Métropole sont donc autant d’opportunités pour donner une plus grande autonomie énergétique à notre territoire. Nous souhaitons faire du Programme Local de l’Habitat (PLH) un outil de production énergétique. Le PLH n’étant pas opposable, nous proposons d’étendre fortement les secteurs de performance énergétique renforcée dans la révision du PLUi pour généraliser les bâtiments passifs et à énergie positive dans les constructions neuves.

6 — Une meilleure protection de la ressource en eau

— Revoir à la hausse la tranche de tarification pour les gros consommateurs. 

— Développer une politique foncière agricole à l’échelle de Rennes Métropole. Face à une Politique Agricole Commune qui continue de favoriser un modèle agricole destructeur pour l’emploi et l’environnement, nous voulons prendre la main sur la politique alimentaire de notre territoire. Acquérir du foncier c’est permettre l’installation de nouveaux agriculteurs, c’est favoriser le développement de la bio et de pratiques agricoles moins consommatrices d’eau, c’est engager la sortie des pesticides pour reconquérir la qualité de l’eau, c’est recréer les cours d’eau, bocage et et zones humides nécessaires pour un stockage de l’eau dans le milieu naturel.

— Développer les Paiements pour Services Environnementaux (en complément de Terres de Source) en les orientant sur les mesures de protection de la ressource en eau (recréation des zones humides, renaturation des cours d’eau, protection et reconstitution du bocage…) en complément de la politique foncière décrite précédemment.

— Consolider l’inventaire et classement des cours d’eau et zones humides au PLUi. De nombreux cours d’eau de Rennes Métropole ne sont pas considérés comme tels au PLUi souvent à la demande du principal syndicat agricole qui voit les cours d’eau et zones humides comme une contrainte à l’exploitation agricole. Il est essentiel aujourd’hui de mieux protéger ces éléments naturels et de les sanctuariser dans notre plan d’urbanisme.

— Désimperméabiliser les milieux urbains. Pour stocker l’eau dans les milieux naturels, il faut lui permettre de s’infiltrer dans les sols. Et pour cela il faut débitumer nos villes. Cela passe notamment par une forte réduction de la place de la voiture qui occupe encore la majorité de l’espace public. Cela passe aussi par un renforcement du coefficient de végétalisation qui oblige les promoteurs à préserver de la pleine terre pour les constructions neuves.     

— Les incivilités (Pêche illégale sur les étangs d’Apigné, dépôt de déchets…) participent à la dégradation des milieux aquatiques. Dans un contexte où il nous faut plus que jamais préserver la ressource en eau, nous proposons que la brigade antiincivilités qui sera créée prochainement à Rennes intègre une dimension de protection de l’environnement dans son action de prévention comme de répression. 

7 — S’engager en faveur d’un traité international de non-prolifération des énergies fossiles

— Au conseil municipal du 19/09, nous proposerons un vœu pour que la Ville de Rennes se joigne à d’autres en ville en France pour initier un Traité international de Non-Proliférations des Énergies Fossiles.  D’après les scénarios du GIEC visant à respecter l’objectif de 1,5 °C, nous ne pourrions émettre que 200 gigatonnes de CO2 dans l’atmosphère à l’échelle mondiale. Nous rejetons actuellement environ 40 Gt de CO2 par an (combustibles fossiles plus modification des usages des sols). Il est urgent de décider de laisser les énergies fossiles dans nos sols.