Depuis un an et demi, à l’initiative de notre collègue Didier Chapellon, adjoint en charge de la biodiversité, tous les acteurs impliqués dans la vie et la sauvegarde de la Prévalaye (collectifs et organisations faisant vivre le site, associations environnementales, agricultrices et agriculteurs, usagères et usagers, habitant·e·s et représentant·e·s du Stade Rennais) se sont réunis régulièrement à l’occasion de comités de gestion pour débattre du futur du site, et concilier au mieux ses différents usages. Instance de dialogue entre des acteurs qui ne se parlaient pas ou peu jusque-là, le comité de gestion a eu parmi ses travaux à étudier le projet d’extension du centre d’entraînement de la Piverdière.
Au fil des discussions, ce projet a ainsi été amené à évoluer, et plusieurs scénarios ont été étudiés de façon collégiale. En fin d’année 2021, le Stade Rennais semblait stabiliser un projet concentré sur l’actuel site de la Piverdière, auquel venaient s’ajouter des terrains possibles sur le site de Moulin du Comte. Soit un centre d’entraînement de 11 terrains sur une douzaine d’hectares. Ce qui correspond à ce que l’on peut retrouver chez d’autres clubs professionnels qui jouent dans le haut de tableau en Ligue 1. Des propositions amenées par les associations environnementales avaient été intégrées par le Stade Rennais permettant de dégager un compromis acceptable.
Mais en mars 2022, le Stade Rennais a présenté un nouveau projet qui envisageait de nouvelles extensions au-delà du chemin de la Taupinais. Lors du conseil municipal du 14 mars 2022, nous avions alors signifié notre désaccord et appelé à la reprise du dialogue au sein du comité de gestion.
Aujourd’hui, le Stade Rennais confirme revenir sur le projet qui pouvait faire accord. C’est un projet compact, resserré autour des bâtiments existants sur le site de la Piverdière. Il sera délimité au Nord par la route de Sainte-Foix et par le chemin de la Taupinais à l’Ouest et au Sud. La vocation agricole des terres environnantes et notamment des prairies situées entre le chemin de la Taupinais et le chemin de Boron sera donc préservée. Cela permettra à la fois de maintenir une continuité agricole entre le Jardin des Mille Pas, La Basse Cour et la ferme Perma G’Rennes, et d’avancer sur les projets de la Ville de Rennes pour continuer l’installation d’agricultrices et agriculteurs sur la Prévalaye. Par ailleurs, les nouveaux bâtiments seront construits sur les emprises des bâtiments déjà existants et feront l’objet d’une très large utilisation de matériaux biosourcés.
Les écologistes ont toujours défendu l’idée que sport professionnel, environnement et agriculture pouvaient être pleinement conciliés. Les orientations actuelles témoignent d’une réelle prise en compte des contraintes liées au caractère naturel du site de la Prévalaye. En définissant un projet qui s’appuie sur les sites existants, le Stade Rennais fait preuve de sobriété foncière. Il peut ainsi devenir le 1er club de football professionnel à développer un centre d’entraînement qui intègre pleinement les enjeux environnementaux d’aujourd’hui et de demain. Nous tenons à saluer l’esprit responsable du club et de ses dirigeant·e·s.
En bâtissant collectivement une solution de compromis, les acteurs du comité de gestion démontrent qu’il est possible, sur le site de la Prévalaye, de faire cohabiter des usages sportifs, récréatifs et agricoles. L’action des associations et collectifs a été déterminante pour la prise en compte des enjeux environnementaux et agricoles sur ce projet. Nous tenons à remercier sincèrement l’ensemble des participant·e·s au comité de gestion pour leur engagement et leur esprit exigeant et constructif.
Nous sommes désormais dans l’attente d’une présentation du projet définitif du Stade Rennais, que nous pourrons étudier en vue de la rédaction du bail emphytéotique et de l’approbation du permis de construire, qui sera soumise au conseil municipal de la Ville de Rennes. Nous souhaitons que dans le même temps, le conseil municipal de Rennes puisse approuver l’installation de nouveaux agriculteurs sur la Prévalaye et classer en terres agricoles les prairies situées entre le chemin de la Taupinais et le chemin de Boron (entre Perma G’Rennes et les Millepas).
La Prévalaye sera alors un espace préservé, ouvert à toutes et tous, sportifs et supporters, agricultrices et agriculteurs, que les Rennaises et Rennais pourront parcourir pour y découvrir son extraordinaire biodiversité.
Valérie Faucheux et Matthieu Theurier
Co-président·e·s du groupe des élu·e·s écologistes et citoyen·ne·s à la Ville de Rennes