Ces derniers mois, nos yeux ont été tournés vers la crise sanitaire liée à la COVID-19 et plus récemment à la guerre d’invasion menée par Vladimir Poutine en Ukraine. Cette triste actualité ne saurait effacer une autre menace, tout aussi réelle, pour nos sociétés : celle du dérèglement climatique et ses effets. Dernière illustration en date : un record de chaleur pulvérisé ce dimanche en Antarctique, près de 30 degrés au-dessus des normales saisonnières !
Le dernier rapport du GIEC, paru le 28 février dernier, dresse un état des lieux alarmant des conséquences du dérèglement climatique sur les écosystèmes naturels et humains. Mais il se veut également optimiste : des solutions concrètes existent, notamment à l’échelle des villes. Végétalisation, urbanisme durable, modes de déplacement décarbonés et doux, production d’énergie renouvelable, rénovation thermique des logements, etc. La fenêtre d’opportunité est courte, mais elle existe encore. À condition de prendre rapidement des mesures de rupture, de décréter l’état d’urgence climatique.
À l’échelle de notre métropole, le PCAET (Plan Climat Air Energie Territorial) adopté en 2019 fixe plusieurs objectifs de réduction des émissions, en agissant notamment sur les mobilités, la performance énergétique des bâtiments et des logements, l’usage d’électricité renouvelable. Il vise aussi à adapter le territoire à une nouvelle donne climatique, sans négliger les enjeux sociaux d’une telle transformation. La mobilisation de tou·te·s les acteurs et actrices et l’acceptabilité sociale des mesures sont deux conditions nécessaires à la réussite de notre plan climat. 2022 est donc l’occasion de faire un point d’étape, à mi-parcours, sur ce qui a été accompli, et ce qu’il reste à faire. Alors, concrètement, où en sommes-nous ?
Ce rapport présente des avancées dans plusieurs domaines. Dans le secteur des mobilités, l’ouverture prochaine de la deuxième ligne de métro, le déploiement du Réseau Express Vélo, les actions en faveur du covoiturage offrent autant d’alternatives à la voiture solo pour diminuer le trafic routier. La rénovation des bâtiments publics situés sur la métropole améliore sensiblement leur performance énergétique et permet de diminuer les consommations. La hausse de la production d’énergie renouvelable sur le territoire et l’optimisation du réseau de chaleur urbain sont également des points à saluer.
Mais sur d’autres sujets, le compte n’y est pas. Nous sommes encore loin des 6000 logements rénovés par an jusqu’en 2025, particulièrement dans le parc privé. Ils sont pourtant essentiels, quand on sait que le résidentiel représente presque un quart de nos émissions de GES. Le rythme actuel est grandement insuffisant. Nous devons aller bien plus vite, et pour cela il faut des moyens supplémentaires. Outre l’enjeu écologique, c’est aussi un enjeu social majeur, a fortiori dans un contexte d’explosion du coût de l’énergie. Amplifier massivement la rénovation thermique des logements c’est lutter contre la précarité énergétique, diminuer la facture de chauffage et d’électricité en fin de mois, et donc réduire les inégalités entre ménages.
Autre sujet où nous devons appuyer sur l’accélérateur : la production d’énergie photovoltaïque, là encore principalement dans le parc privé. Systématiser la production d’énergie solaire en toiture dans le neuf, et expérimenter des dispositifs financiers innovants pour installer des panneaux solaires partout où c’est possible et pertinent, permettraient de résorber ce retard.
Troisième exemple, l’accompagnement des transitions agricoles est trop absent de notre PCAET. Ce secteur a pourtant un rôle important à jouer via la modification des productions et des pratiques culturales — avec en ligne de mire la réduction de l’élevage intensif et de la part carnée dans nos menus. Ce sont des leviers puissants sur les GES, que nous devons activer davantage par notre plan alimentaire de territoire, nos commandes publiques ou nos actions de sensibilisation.
Pour réussir le PCAET et même dépasser les objectifs, la mobilisation de tou·te·s est cruciale. Des événements comme la conférence locale du climat réunie hier au Couvent des Jacobins stimulent les coopérations entre institutions, expert·e·s et entreprises privées. Quid des citoyen·ne·s ? Bien souvent moteurs du changement, ils et elles s’engagent au quotidien pour rappeler l’urgence climatique et veulent être associé·e·s aux politiques publiques. Notre future Fabrique citoyenne du Climat, qui sera déployée dans les mois à venir, doit nous aider à les impliquer davantage et à co-construire ces politiques publiques. Il nous faudra notamment créer de nouveaux leviers en soutenant par le biais d’un budget participatif climat aux moyens conséquents, des projets citoyens et associatifs. Un tel plan est l’affaire de tou·te·s.
En conclusion, nous voterons pour l’adoption de ce rapport à mi-parcours et du nouveau plan d’action. Outre les points d’alerte et d’amélioration que nous venons d’évoquer, nous regrettons simplement de ne pouvoir disposer d’indicateurs plus précis et de données agrégées pour bien visualiser les écarts entre nos objectifs et notre trajectoire. C’est une demande que nous avions formulée il y a trois ans, lors de l’adoption du PCAET : c’est aujourd’hui une nécessité pour un pilotage plus efficace de ce plan.
– Seul le prononcé fait foi –